" Si, par un miracle d'ingénuité mécanique, on pouvait concevoir un livre dont la page 2 ne serait présentée que lorsque ce qui doit être fait à la page 1 a été fait, l'essentiel de ce qu'exige un apprentissage individualisé pourrait être réalisé grâce à l'écrit. " [1] Les didacticiels sont effectivement des logiciels interactifs ou non destinés à l'enseignement ou à l'apprentissage, et pouvant inclure un contrôle de connaissances. Dans les didacticiels, la difficulté est minimisée en décomposant un apprentissage en petits pats. Donc suite à la réussite d'une étape, le jeune est renforcé positivement et continue dans sa progression.
 
 

Nous avons imaginé un programme de lecture, destiné aux jeunes de la Fondation, âgés de 12 à 18 ans.

Il est utile de préciser que leur niveau en matière de lecture et d'écriture varie selon chacun. En effet, leur parcours scolaire est souvent irrégulier, voire inexistant. Compte tenu de l'hétérogénéité du public-cible, ce didacticiel de lecture se doit d'être individualisé, et adapté au niveau de chacun. Pour faciliter la tâche aux débutants (certains sachant à peine lire), il faut une option " vocal " qui dicte les consignes et guide le jeune dans l'apprentissage, et ceci tout au long de son cheminement. De ce fait, il y aura dissociation du contenu et de la méthode : 2 méthodes seront prises en compte ; la première pour les débutants, et la seconde pour les jeunes plus à l'aise dans la lecture. Dans les premiers niveaux, le texte, court et facile changera de couleurs au même rythme qu'une voix le lira. C'est un peu le principe du karaoké qui sera utilisé. L'environnement comportera également des photos représentant les mots clés avec ceux-ci écrit juste en-dessous. Donc à l'aide de ce support visuel et auditif, le jeune pourra associer ce qu'il voit à ce qu'il entend et reconnaître petit à petit des mots, des lettres. Quelques questions seront ensuite posées sur le texte. Dans les premiers niveaux, l'instruction sera donnée vocalement et il devra uniquement cliquer sur les mots que lui dicte la voix. Lorsqu'il fait faux, le feed-back vocal lui demandera de recommencer, mais il peut à tout moment cliquer sur une icône afin que le texte soit à nouveau lu " vocalement " comme au début afin qu'il puisse à nouveau repérer les mots. Le nombre d'essai est indéterminé, et s'il fait une réponse fausse, plus il rate plus on lui donne d'indices. Par exemple il doit chercher le mot souris, alors le premier indice serait " le mot commence par un s " et la lettre s apparaîtrait dessinée sur son écran. Mais l'ordinateur ne lui donne pas de réponses, seulement des encouragements, c'est l'apprenant qui doit trouver la solution coûte que coûte. Il apprendra donc au fur et à mesure selon le principe de " learning by doing ".

Il y aura une progressivité normale : à chaque fois les textes deviendront un petit peu plus difficiles et plus longs, tout en utilisant davantage de vocabulaire. Progressivement les images apparaîtront de moins en moins et la lecture sonore de même. Pourtant il est important que ces options restent à choix si l'élève le désire. Elles sont donc au début sous contrôle du programme, mais ensuite le jeune aura plus de contrôle. Dans les plus hauts niveaux le jeune lira lui-même le texte et le contrôle se fera par des questions de compréhension sur le texte. Ces niveaux seront davantage adaptés aux jeunes ayant une bonne fluidité de lecture.

De plus, il est important que le didacticiel soit adapté à ces jeunes et à leur situation au quotidien pour que cela les intéresse. Le contenu des textes devra donc être en rapport avec leur vie de tous les jours. Cela peut aller de la prévention dans les domaines de la drogue, maternité précoce, violence mais aussi leurs droits, ou encore sur la musique. Il est également important que les textes ne soient pas trop longs.
 
 

La lecture n'est pas un apprentissage évident pour des jeunes de 12 à 18 ans, surtout lorsqu'ils ont honte de ne pas savoir lire, et qu'ils voient leurs amis plus jeunes nettement plus à l'aise dans cette tâche. Ils se découragent donc rapidement et il leur faut une stimulation constante. Les feed-backs présents tout au long de la progression dans le didacticiel leur seront ainsi bien utiles. Les jeunes seront stimulés et auront envie de continuer pour arriver à un meilleur niveau. Pour des questions d'organisation ce didacticiel est pratique dans le sens où les jeunes ne peuvent pas assurer une présence régulière à la Fondation étant donné les facteurs familiaux importants qui entrent en jeu (garder petits frères et sœurs, manque financier donc aide aux parents pour leur travail) ou encore leur instabilité personnelle. De ce fait, le didacticiel est bénéfique pour les jeunes qui ne peuvent pas suivre les cours d'appui scolaire proposés à la Fondation.

En revanche, la Fondation ne possède pas beaucoup de moyens financiers pour investir dans du matériel coûteux ; or l'acquisition des données peut valoir cher étant donné le coût d'un enregistrement vocal professionnel ainsi que la réalisation des diverses interactivités. Ainsi la réalisation du didacticiel telle que nous l'avons imaginé ne serait pas la plus adaptée aux moyens financiers de la Fondation. Le didacticiel de lecture n'est dans ce cas pas un moyen optimal pour apprendre à lire. Il est certes utile et intéressant, mais seulement lorsqu'il est employé en complément de cours où une interaction avec un professeur ou d'autres de ses camarades est mise en place. De ce fait il ne remplace en aucun cas l'enseignement apporté par un professeur.
 
 

Le didacticiel dans ce cadre pourrait être bien utile pour stimuler les jeunes, mais la difficulté réside plutôt dans la réalisation. En effet il faut mettre en évidence que ce sont des adolescents en difficultés, et qu'il n'est pas facile pour eux de faire une même activité pendant un long lapse de temps. Les animations et feedback sont donc très utiles pour les stimuler, par contre il faut faire attention de ne pas les infantiliser, de ne pas trop simplifier le système.