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Tradition orale
Le Valais
Les composantes 
du conte :

La nature

Le religieux

Les personnages fantastiques

La magie
Quelques contes
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Tradition orale


Introduction Les conteurs et les histoires Les veillées Les sources

 
 

Introduction

" Et du pommier sont tombées trois pommes…
- La première, elle est pour le conteur, parce que c’est toujours lui le premier servi. Tiens !
La deuxième, elle est pour toi, qui a entendu l’histoire…
- Et la troisième, on va la partager ?
- Oui, mais pas comme tu crois !

Le conteur a ouvert la pomme, 
et la première moitié, il l’a lancée haut et loin derrière lui, à l’horizon !
- Cette moitié, elle est pour celui qui a raconté l’histoire, 
il y a bien longtemps, bien avant moi…
Et l’autre moitié, il l’a lancée haut et loin, devant lui, à l’autre bout de l’horizon…
- L’autre moitié, elle est pour celui qui racontera l’histoire bien plus tard, 
quand ni toi, ni moi ne seront plus là, ni pour l’entendre, ni pour la raconter."
 


 

Les contes et légendes participent tous deux d’une littérature mouvante héritée de la tradition transmise de bouche à oreille. Mais les contes désignent des récits merveilleux mettant en scène des personnages fantastiques, alors que les légendes puisent leurs racines dans l’histoire. Cependant, en Valais, la plupart des conteurs se refusaient à employer ce genre de vocabulaire : selon eux, les récits qu’ils rapportaient étaient des histoires vraies, relatant des faits réels ou des expériences vécues. Ainsi, comme on terminait jadis ces récits en disant en patois « ça s’est passé vrai » on les commence aujourd’hui par « il était une fois ». 

L’œuvre populaire passe d’interprète à interprète. 
Tout au long de cette chaîne de transmission, l’histoire se forme et se transforme au gré du conteur, qui devient ainsi aussi auteur le temps du récit. Ce sont toutes ces interventions successives qui font la richesse de l’œuvre.
 

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Les conteurs et leurs histoires

Autrefois les histoires étaient innombrables. 
Qui donc les racontait ?
En fait, il semble bien qu’il n’y ait pas eu de conteurs spécialisés. Les femmes comme les hommes les racontaient, car chacun connaissait les histoires. Mais durant les veillées, une période de la journée qui leur était souvent presque exclusivement dédié et qui réunissaient parfois plusieurs familles autour de l’âtre, les vieux étaient d’abord sollicités, car c’était eux qui connaissaient le plus d’histoires. On s’adressait tout particulièrement à ceux que la nature avait fait bon conteur, ceux qui « savaient raconter vrai ». Ils impressionnaient leur auditoire par leur voie et leurs gestes, et surtout par leur mémoire intarissable, véritable bibliothèque vivante.


Toutes sortes d’histoires étaient racontées pendant ses longues soirées : 
des histoires à rire, des histoires à pleurer aussi, des histoires fantastiques où surgit, souvent sur des bases moralisatrices, le merveilleux, avec ses fées, ses petits diables, ses dragons ailés, les vouivres et bien d’autres personnages fantastiques.
Il y a aussi un grand nombre d’histoires liées au mal comme celles mettant en scène des catastrophes naturelles, le diable, des sorciers et des sorcières qui sont capables de jeter le mauvais sort sur le bétails ou sur les gens.
A l’opposé, certains récits parlent de bons sorciers qui, porteur de contre-pouvoir, peuvent combattre le mal.

Au delà de l’aspect purement récréatif, on peut également considérer le conte comme l’un des principaux véhicules de la transmission de la connaissance. En effet, ces récits ont été largement utilisé à des fins pédagogiques et éducatives. Les mères et les grands-mères surtout les racontaient afin d’inculquer aux enfants un comportement social de manière imagée, pour faciliter la compréhension et la mémorisation des règles régissant la vie sociale de l’époque. 
 

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Les veillées

Les histoires baignaient la vie quotidienne. On les racontaient à la maison, sur la route qui menait aux champ ou aux pâturages, pendant le travail. Mais c’est principalement le soir qu’elles jaillissaient, lorsque la nuit tombait et que montait le froid, que les gens se réfugiaient autour de l’âtre. Dans ce climat de pénombre et de mystère, on commençait d’abord par parler du quotidien, de la terre, des récoltes, du bétail. On jouait parfois aux cartes, parfois également on dansait et on chantait. En fait, les veillées étaient surtout et avant tout un lieu de rencontre et de parole. D’une manière générale, elles privilégiaient les relations sociales au sein de la communauté.
 


 

Mêlées à ce flots de paroles, il y avait les histoires. 
Elles se racontaient et se transmettaient ainsi, comme toutes les autres informations liées à la vie de tous les jours. Alors, à mesure que la soirée avançait, on quittait le terrain stable de la réalité pour s’ouvrir sur le monde du fantastique, des légendes, des morts et des âmes en peine
qui viennent troubler la vie des vivants, 
les avertir contre le danger ou les remettre dans le droit chemin.

Jean Follonier, un auteur valaisan, relate que
« dans mon village d’enfance, après la mi-novembre, il s’agissait de meubler les longues soirées. Pour cela, on n’avait pas besoin de l’électricité dont on ignorait encore les bienfaits et les servitudes, et encore moins de la radio ou de la télévision. On s’organisait entre voisins et, ainsi, toute une vie sociale surgissait vers cette date et disparaissait à la fin février, quand les hommes descendaient travailler les vignes. Trois mois d’hiver, avec des veillées magnifiques, il n’est pas possible d’oublier cela. »
L’auteur raconte ensuite que sa famille, ainsi que d’autres, 
se retrouvait à la veillées chez Fabien, un homme qui savait « conter des contes ».

« Une fois…

Les récits se succédaient qui parlaient de légendes locales plus ou moins assaisonnées selon l’humeur du conteur, de revenants, de cris mystérieux de la montagne, de saints et du diable, de géants maléfiques, et de bien d’autres figures du bien et du mal.
 

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Les sources

Le cadre et la source directe des contes et légendes du Valais est le quotidien. 
A la lecture des contes, on retrouve les trois espaces décrits dans toute littérature, soit le lieu, le temps et l’action. 
Le lieu, c’est bien entendu le Valais, terre de paysans, de travail et de la nature.
L’espace du temps est celui du passé, les récits témoignant d’une vie authentique, 
souvent idéalisée. 
L’action englobe quant à elle le temps 
et le lieu et s’ancre profondément dans le domaine du quotidien. 
Ainsi, avant d’être un divertissement, 
les histoires sont surtout le reflet de la vie telle qu’elle se déroule journalièrement.
Cette composante représente donc la partie « réaliste » du conte, 
qui se traduit notamment dans les récits par l’importance des bêtes, du travail et de la religion. D’après Maurice Zermatten, un autre écrivain valaisan,
« les contes populaires sont révélateurs de la qualité des mœurs anciennes, d’une philosophie pragmatique et concrète, d’une foi souvent voisine de la superstition ».
Cependant, le réalisme glisse très rapidement vers le surnaturel dans les contes ;
au quotidien se mêlent le fantastique et ces personnages étranges
Ainsi, en plus de la réalité de la vie du valaisan, les contes puisent-ils leurs racines dans une certaine forme de mythologie.
 
 

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