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Une série américaine

La série X.Files a beau être conçue comme un produit exportable, elle n’en porte pas moins les traits dominants de la culture dont elle est issue : les clin d’œil cinématographiques au séries et films de science fiction US, les rappels des grands moments de l’histoire américaine, et les problèmes actuels traités de façon paranormale, témoigne à travers ce traitement d’une volonté de faire passer une certaine vision d’une société, voire d’un idéal de société.

Chris Carter, le réalisateur et producteur de la série, peut être rangé dans la série des grands enfants, tel que Georges Lucas ou Steven Spielberg, qui ont su capter l’air du temps tout en l’accommodant à leur vision du monde. L’originalité de Chris Carter, est d’avoir joué sur la corde sensible de la paranoïa et d’avoir défini l’ennemi à la fois à l’intérieur du pays et à l’extérieur. Un scénario alambiqué, et une série déjà promulguée culte, traite de la manipulation du gouvernement, et en même temps, par l’engouement de la série, Chris Carter se joue de la tendance de l’être humain à adhérer à tout propos bien présenté. 

Cette série, par l’engouement qu’elle suscite, et le nombre de sites qu’elle engendre, est une démonstration efficace de l’aliénation que peut engendrer notre envie de maîtriser la  vérité , et notre dépendance via à vis d’un maître, d’un gourou qui en propose une version séduisante, et qui en tout cas rencontre notre adhésion ; plus on vous cache de choses, sous l’apparence de la vérité, et plus vous vous laissez faire. 

Une expérience sur l’abîme de la soumission humaine a bien démontré que l’homme a besoin de croire et de légitimer ses actions par une autorité transcendante, que ce soit une hiérarchie établie, civile, militaire ou religieuse, et que sous couvert d’obéissance aux ordres, toute conduite devient aveugle, sans conscience car légitime aux yeux de celui qui agit.
Ce comportement est la base de toute vie sociale, car si chacun ne reconnaissait que ses propres besoins au détriment de ceux de la société, l’humanité ne pourrait se survivre, et les luttes continuelles aboutiraient à son anéantissement, mais poussé à l’extrême, cette disposition grégaire, mène à la même issue, les comportements paroxystiques en temps de guerre ont sont un triste exemple…et en temps de paix, les luttes religieuses, et l’augmentation du nombre de sectes laissent sceptique quant à l’évolution de l’humanité…

Chris Carter s’attaque dans sa série aux fondements démocratiques de la constitution américaine, et la notion forte de liberté individuelle. 
Le pays de la frontière, thème fort et illustrant la lutte des pionniers sur des terres inhospitalières, le protectionnisme à tout crin et l’ethnocentrisme, ont fait que ce pays tourne à vide dans une machine à fabriquer du rêve américain dont la plus part en est exclu. 
Cette suprématie américaine, économique, technologique font de ce géant le gendarme très actif de la planète, et l’ONU fait office de figurant sur la scène mondiale.

Ce pays de la consommation, de la propriété individuelle, de la TV et du fast food, life & standardisation, n’a plus d’ennemi déclaré depuis la chute de l’empire soviétique, et le grand épouvantail communiste, qui a fait les beaux jours de toutes les machinations, se trouve relégué à une destination exotique, ainsi Cuba, n’est plus synonyme de bastion idéologique, mais de destination pour les nostalgiques des belles voitures américaines, et Moscou un lieu mythique d ‘où on peut ramener du caviar…

La chasse aux sorcières, le Mc cartisme des années 50, puis la guerre froide, période dorée de tout paranoïaque, et la beat génération qui n’a pas digéré la guerre du Vietnam, a laissé la place au mythe de la race du golden boy, espèce de drogué du travail et de l’argent facile. Le culte de l’argent et de la réussite sociale a remplacé les valeurs morales et religieuses des premiers émigrés, qui fuyaient les inégalités sociales et les persécutions religieuses.

Ce système tourne ainsi à vide, et la seule loi du profit, aux détriments des valeurs patriotiques et humaines, a engendré ses avatars : un nombre effarant d’exclus : les travailleurs clandestins, les minorités ethniques et religieuses, des cas pathologiques qui font la joie de toute une cohorte de psy, et surtout une population de serial killers qui profite du fédéralisme pour se déplacer d’état en état sans grand problème, et faire ainsi du tourisme criminel…
Derrière cette crise institutionnelle, se trouve Big Brother, nous sommes tous fichés et les écoutes sont légion, thème récurrent de la série, le pouvoir suprême de l’information, aux mains de lobby puissants représente la face sombre du rêve de pouvoir américain, où seule la marginalité semble être une issue pour beaucoup de sortir du moule de l’américain moyen blanc et habitant une petite maison dans un petit quartier. Les ghettos noirs et portoricains engendrent une grande criminalité résultat direct de la ségrégation et de la pression du modèle blanc d’intégration. Le climat de haine raciale, bien que gommé dans les discours est partout prègnant, et même Chris Carter, en ne le soulignant pas, par l’allégorie de l’Alien, de l’étranger cristallisé par la représentation du petit homme vert ou gris, se cache le petit noir ou porto…celui que l’on s’évertue à gommer dans le désir d’uniformité sociale.