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« La paranoïa est une psychose
chronique, sans hallucinations, caractérisée par un délire
à thème unique cohérent selon
la logique propre du patient. Dans cette affectation, le délire
ne part pas dans tous les sens et ne compromet pas une vie sociale normale.
Le sujet délire dans un secteur particulier, élabore, à
partir de signes anodins qui pour lui constituent
des preuves, un raisonnement faux et s’y enferme (mécanisme interprétatif)
»
Les patients paranoïaques ont toujours constitué pour les psychiatres un lot de passionnants mais redoutables malades; passionnants car ils cherchent à attirer l’attention et la conviction avec de puissants moyens affectifs; redoutables car ils refusent fougueusement de se plier à la volonté curatrice du thérapeute, plus ou moins clairement imprégnée d’un désir de toute-puissance. L’étymologie de la paranoïa, « para nous », énonce qu’il s’agit de celui qui a « l’esprit tourné contre ». Effectivement ce sont des individus peu faciles à supporter. S. Freud a décrit en 3 étapes successives la façon dont le mécanisme fondamentalement paranoïaque traite de la pulsion libidinale pour en arriver au sentiment de persécution : 1) la 1ère étape transforme
par une négation de l’affect et un retournement de la pulsion le
« c’est lui que j’aime » en « non, je ne l’aime pas,
je le hais »,
2) c’est alors que joue la projection, conjointement à un retournement d’objet, et cette deuxième étape transforme le « je le hais » en « c’est lui qui me hait» 3) Le sentiment ainsi aménagé
devient conscient et traité comme une perception externe motivant
la perception affective définitive « puisqu’il me hait, je
le hais »
La structure paranoïaque refuse le
hasard et l’imprévu, c’est une structure rigide qui repose avant
tout sur la logique et la loi. Un raisonnement qui se veut actif et résolu,
lucide et rationnel a besoin d’opérer des interprétations
ou des systématisations qui bien souvent sidère l’objet
ou emporte sa conviction. Le doute vient quand ce dernier s’aperçoit
que tout le système proposé, fort logique, repose en fait
sur une base aberrante, comme une pyramide qui serait construite à
partir du sommet reposant sur le sol et la base tournée vers le
ciel.
La paranoïa ainsi décrite, nous renvoie à une partie de nous mêmes, petits despotes de nos envies de maîtriser le monde et de le comprendre selon notre prisme, et la frange entre le normal et le pathologique se situerait donc entre la plasticité de nos émotions et la conscience que d’autres possibles peuvent coexister sans conflits, moteur de la socialisation, et à l’échelle de l’humanité, de la cohabitation pacifique. Nous voyons bien, que ces mécanismes pulsionnels sont loin de faire partie de la normalité politique et individuelle de notre monde, et le candide serait l’anormal dans un monde basé sur le soupçon, pourtant bien fondé, et la manipulation( lien avec sociologie)… La structure même de notre monde, qui tend vers une mondialisation d’une idéologie paranoïaque basée sur le monopole économique et une vision limitée et aliénante d’une conception de l’humain comme homo consommatus et telephagus( lien avec analyse à venir sur la consommation TV) peut rendre le président Schreber ( cas célèbre de paranoïaque traîté par Freud) sympathique car isolé dans son monde… Courage, peut-être n’est-ce qu’une
vision propre de la rédactrice et donc il serait nécessaire
de consulter…(lien avec site psy)
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