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L’adhésivité télévisuelle : l’avenir des enfants de la télé

Depuis que la TV a fait son apparition, ses détracteurs, en réaction défensive à tout changement, lui ont fait porté la responsabilité de tous les désordres : manipulation, encouragement à la violence, programmes bêtifiants…

Nous partirons du principe que la TV est un formidable outil de communication, et en tant que tel, elle nécessite un mode d’emploi, et la conscience de son utilisation plutôt que de subir sa loi…qu’est-ce qui en effet pousse les téléphages à rester « scotchés devant leur TV » ? l’évocation des images subliminales vous dit quelque chose ? Nous nous contenterons de rester dans le domaine de la psychocociologie, et en particulier  la place qu’occupe la TV chez les jeunes enfants, consommateurs avertis et futurs citoyens.

L’impact commercial de la TV, via la vente de gadgets de leurs héros (lien marketting approche audiovisuelle), est très important et ciblé jeune public, mais ce qui est le plus problématique, outre la pression sociale que subissent les parents pour entrer dans le jeu des achats kleenex, au gré des lancements des séries, est que la plupart des enfants sont seuls devant la TV, que ce soit le matin avant d’aller à l’école, ou après. 

Et il a été démontré que les jeunes enfants décodent d’abord les sigles, marques ou logos avant de pouvoir lire…la publicité montrant un bébé seul dans sa chambre en train de se balancer pour voir le logo Mc Do et sourire, tandis qu’il pleure dès qu’il ne le voit plus, est une excellente représentation de l’état des choses…outre que cette publicité est conçue sur le mode humoristique, elle souligne l’importance du signe, et son codage comme MC DO = bon. Cet accès à la symbolisation sans passer par les figures parentales est le problème majeur que pose non seulement la TV, mais tout média non digéré (internet et autre..), car consommé seul.

Pierre Laforgue, dans le collectif « nés avec la TV » (1999) parle d’inclusion, les enfants gardent quelque part dans leur moi, toutes les images en attente de symbolisation, et qui constituent dans ce placard émotionnel « l’ensemble des sensations, des émotions, des impulsions d’actes, de pensées et des fantasmes mobilisés par un sujet par une situation qu’il ne parvient pas à introjecter, c’est-à-dire à assimiler psychiquement …l’inclusion est conservatrice, elle enferme une expérience sans rien y changer, dans l’attente d’une possible introjection. »

Dans le cas d’images violentes vues à la TV, les enfants pour qui ce genre d’images rencontrera un écho, sont ceux, toujours pour P.Laforgue, qui ont eu des expériences non symbolisées, la violence à la TV n’engendre l’acte violent que sur le terrain favorable de «spectateurs déjà porteurs de scénarios violents, enfermés dans leur psychisme sur le mode de l’inclusion, que ce soit comme acteur ou comme témoin. »

En général, l’environnement familial est absent, soit déprimé, en situation de précarité sociale, ou disfonctionne. Et le travail d’étayage mental, l’absence de représentation d’images identificatoires et protectrices dans l’entourage familial ainsi que la communication avec l’enfant ne se fait pas. Seule la séquence TV est la référence pour penser, l’enfant est alors réduit à un monde de références artificielles, J.Laforgue parle d’adhésivité télévisuelle, collage au 1er degré des images que l’enfant voit, sans possibilité d’abstraction, et d’ancrage affectif.

Le mode de pensée(lien avec les légendes urbaines) de l’enfant se fait par flashes TV, le film d’Oliver Stone « Tueurs nés » illustre très bien ce mode flash, et le décalage engendré, loin des normes et des sentiments pour les victimes que feront ses héros des temps modernes.

Les répercussions sont :

- disqualification ou méconnaissance des émotions nées de la communication humaine
- réponses quasi hallucinatoires de toute-puissance ou de violence face aux conflits
- références aux images de la sexualité adulte hard
- méconnaissance de l’autre comme porteur d’émotions partageables

Le traitement :

Permettre à l’enfant de reconstruire l’expérience TV, d’en faire un récit organisé et communicable, par des ateliers de contes, jeux de rôles, vidéo, atelier journal…pour qu’il accède à la symbolisation, dans un environnement attentif et contenant. Et pouvoir ainsi jouir des images et des informations que distille la TV, en faire un outil et non un modèle ou un compagnon, voire le contenant exclusif de la vérité (lien vérité).

Et les jeunes adultes seuls devant la TV, scotchés à une série culte ? Nous pourrions répondre qu’ils sont en quête de sens, de divertissement en toute connaissance de cause, ou qu’ils sont manipulés…
En fait, les images n’ont que le pouvoir qu’on leur donne, et si la violence des images pousse au passage à l’acte, c’est qu’elle aura rencontré des failles psychiques, un terrain porteur qui se serait exprimé tôt ou tard, dues à des expériences de vie insurmontées et mal ou pas du tout symbolisées. Et ce pouvoir dont nous parlions, consiste à douter des images, les démonter en mettant en avant la trame logique qui les sous-tend tout en travaillant à intégrer nos propres expériences psychiques restées en souffrance de symbolisation, sous peine de voir apparaître au détour d’une image un de nos recoins non encore explorés de nos peines ou phobies enfouies et se réveiller en hurlant !