Des voix s'élèvent.....

La chasse aux sorcières se calme autours de 1520 jusqu' à 1560 environ. Ceci est du en partie à  Molitor qui commenca à mettre en doute les accusateurs de sorcières.
Erasme y contribua aussi par la suite par son Eloge de la folie en 1511 où il dénonce les superstitions:

"Les amateurs de miracle mensongers et de prédictions, que ce soit ceux qui écoutent ou ceux qui répandent, sont insatiables, quand quelque part on rapporte des histoires horribles d'apparitions d'esprits, de morts, de fantômes de défunts et mille miracles de ce genre. Plus ces histoires sont invraisemblables, plus on est prêts à les croire et cela chatouille les oreilles d'autant plus agréablement. Ce n'est pas seulement un passe-temps, mais cela est même utile au profit, spécialement des ecclésiastiques et des prédicateurs"

Pendant une quarantaine d'années, les défenseurs du bon sens se calment et dès 1560, les bûchers se rallument de plus belle.

En 1557, en Allemagne où la torture se pratique allégrement, Johann Boye (juriste allemand) proteste. Il rappelle un des commandement divin: tu ne tueras point et tu ne feras pas couler le sang innocent.
Il souligne également qu'il n'y a jamais eu de preuve sans l'usage de la contrainte, aveux souvent rétractés par la suite.


 
 
 

Le plus humaniste de tous fût certainement le médecin Jean Wier ( Joannes Wierus en latin). Il fut le premier à écrire un ouvrage attaquant de front le massacre des sorcières sans pour autant mettre en doute l'existence du Diable. Dès 1563 ce qui est assez tôt ( les grands bûchers ne sont pas encore allumés), son attaque massive dans un ouvrages de 500 pages aboutit à la destruction systématique du prétendu satanisme des sorcières.  Son ouvrage De praestigiis daemonum est répandu très vite en latin par plus de sept éditions successives. Il tenta de prouver que le Diable avait des pouvoirs très limités:

"Encore qu'il machine, qu'il forge, qu'il bâtisse, qu'il entreprenne qu'il compose, qu'il refasse, qu'il contrefasse (...), toutefois je ne laisserai de proposer des choses qui lui sont inimitables et impossibles: lui niant très expressément que lui ou ses anges puissent créer le moindre corps ou faire quelque chose d'un rien, ou véritablement selon son vouloir transformer, ou bailler quelque nouvelle forme, vertu ou propriété...Il ne peut vértitablement transmuer les verges en dragon, ni l'eau en sang, ni engendrer des grenouilles, ni transmuer le poudre de la terre en poux, ni disjoindre le mer pour passer en travers des ondes, ni rendre douce l'eau qui est salée"

Toujours virulent concernant le pacte qui n'est "qu'une imposture, une folie, et de nulle puissance".
Bien qu'il persiste chez lui un certain antiféminisme continuant à désigner la femme plus enclain à Satan  que l'homme, il ne se fit point d'ami avec cette ouvrage dont Jean Bodin qui publia sa Démonomanie des sorciers en 1580 pour contrer le scepticisme du médecin rhénan.(Retour profil mental de la sorcière)
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Il l'attaqua donc dûrement mais la naïveté de ses arguments est étonnante.
Pourquoi Jean Wier ne croyait-il pas au vol dans les airs, demandait Bodin, alors que tous les jours on voyait des corps, des planètes, des astres se transporter dans l'espace? Pourquoi Wier ricanait-il à propos des ébats érotiques des sorcières? Elles apportaient pourtant des témoignage de première main irréfutables: par exemple, comment savaient-elles que le sperme du Diable était glacial, si ce n'était pour l'avoir expérimenté elles-mêmes?

Jean Bodin
Bodin accusa même Wier d'être sorcier lui-même. Il défendait les sorcières car il y avait intérêt, cette accusation fût portée en 1583:

"Oui, je le dis franchement: je crois qu'il est initié à toutes les situations des sorcières, dont il est le compagnon et complice. Lui qui est lui-même un magicien et un empoisonneur. Oh! si un tel homme n'était jamais né ou n'avait pas écrit! Au lieu de cela, avec ses livres, il a donné à beaucoup de gens l'occasion de pécher et d'augmenter l'empire de Satan"

Enfin sur le terrain juridique, Johann Georg Gödelmann en poste à Rostock, à qui on avait demandé une  expertise de sorcellerie en 1587, déclare que les condamnation de sorcières sont illégales, contraires aux articles de loi (Carolina, articles 6 et 218) stipulant l'interdiction d'arrestation sans motif valable. Il s'opppose à leur mise à la torture et conclue à la nécessité d'arrêter au plus tôt tous ces procès. 


Anecdotes


Citons comme anecdote, la faible protestation française de Michel de Montaigne à Bordeaux. Comme d'habitude dans ses Essais, il se montre plein d'humanité mais aussi de prudence et cite Saint Augustin:
dans les affaires difficiles, il vaut toujours:

"mieux pencher vers le doute que vers l'assurance"


 


Et de toutes manières, on ne saurait tenir compte de la vie d'un être humain à de simples questions d'opinions:
"Après tout, c'est mettre ses conjectures à bien haut prix que d'en faire cuire un homme tout vif" 
 
 
 

La femme fautive: un acharnement de toujours
Premières explications médicales et psychologiques