Les Grecs, en raison du climat, se contentent d’une nourriture frugale
: ils doivent à leur sobriété, autant qu’à
l’habitude des exercices physiques, la santé et la force.
Les céréales sont la base de l’alimentation. La farine
de froment sert à fabriquer le pain : c’est à l’usage du
pain que les Grecs distinguent les peuples civilisés des peuples
sauvages. La farine d’orge est délayée dans de l’eau ou du
lait pour faire une bouillie, qui est la nourriture habituelle des pauvres
gens. On mange surtout des légumes (ail, oignon, poireau, laitue,
fève) et des fruits (olives, figues, amandes, raisins). LA viande
apparaît rarement sur la table : aux jours de fête, on rôtit
un agneau ou un chevreau ; on sert quelquefois du bœuf, assez souvent du
porc : les charcutiers préparent une sorte de saucisson ou de boudin.
Les Grecs, qui sont grands chasseurs, apprécient le gibier, en particulier
les lièvres, les perdrix, les cailles, les grives. De même,
la pêche fournit une partie des aliments, les pauvres gens achètent
aux marchands de poisson les sardines, les thons ; les anguilles du lac
Copaïs sont aussi célèbres que les poissons salés
du Pont. On boit d’ordinaire de l’eau ou du lait de chèvre ou de
brebis. Le vin est réservé pour les jours de fête et
surtout pour les banquets.
Le Grec fait en général trois repas par jour. A son lever,
il prend une légère collation de pain et de vin pur. Vers
midi, le déjeuner est sommaire. Le principal repas est le dîner
; dans les dîners d’apparat, on sert, outre les hors-d'œuvre, deux
services : l’un, composé de poisson, de légumes, de viandes
; l’autre, de fruits et de pâtisserie. Quelquefois, avant de dormir,
on prend un léger souper.
Aux jours de fête, le dîner se termine par
le banquet. Durant le dîner, les convives n’ont pas bu de vin : à
la fin seulement, ils ont pris une gorgée de vin pur et invoqué
le Bon Génie ou la Santé. Les esclaves enlèvent
alors les tables, apportent les cratères, les oenochoés et
les coupes, et le banquet commence pour durer souvent jsuqu’à l’aurore.
Les convives font une libation de vin coupé d’eau à ZeusSôter,
chantent le paean et se couronnent de fleurs. Les vins sont coupés
d’eau chaude ou d’eau froide, généralement avec deux tiers
ou trois quarts d’eau. Le mélange est fait d’avance dans les cratères.
Les échansons y puisent avec les oenochoés et le versent
dans les coupes. Le roi du banquet, désigné le plus souvent
par le sort, fixe le nombre des coupes que chacun doit vider sans reprendre
haleine ; ceux qui n’obéissent pas sont condamnés à
une pénitence. On est tenu aussi de boire à la santé
de tous les convives.
Le banquet s’accompagne de divertissements, musique, danse, chant ;
les convives entonnent à tour de rôle une chanson de table.
On se livre aux jeux d’esprit, énigmes et devinettes, aux jeux d’adresse,
comme le xotabos, divertissement un peu barabare qui consiste à
projeter vers un but désigné le vin laissé au fond
de la coupe. On fait venir des joueuses de flûte, des acrobates,
des acteurs qui donnent de véritables spectacles, pantomimes ou
tableaux vivants. Trop souvent le banquet se termine en orgie : il faut
une tête solide pour résister à l’ivresse, lorsque,
comme à Athènes, on commence par vider de petites coupes
et qu’on finit par les plus grandes.
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Les cités doriennes, comme Sparte, pratiquent les repas en commun.
C’est là une règle de discipline militaire : les compagnons
de table sont ceux qui, à la guerre, partageraient la même
tente et combattraient côte à côte. Tous les citoyens
doivent assister au repas qui a lieu le soir ; on n’est dispensé
que si on n’est pas rentré de la chasse ou si on est retenu à
la maison par une cérémonie du culte domestique. Les convives
sont groupés par table de quinze environ ; nul ne peut être
admis à une table sans le vote unanime des commensaux. Le repas
comprend des mets obligatoires fixés par la loi, par exemple le
fameux brouet noir, fait de sang et de graisse de porc, et un rôti
de porc ; chacun peut ensuite agrémenter le menu de plats apportés
de la maison : il est d’usage de faire profiter ses commensaux des produits
de sa chasse. Chaque citoyen doit fournir sa quote-part, par moi quatre-vingt
litres environ d’orge, du vin, du fromage, des figues, une petite somme
d’argent pour les autres denrées. Celui qui est trop pauvre pour
acquitter cette contribution est exclu des repas en commun et, par suite,
de la classe des Egaux. |
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