Noël |
Carnaval |
Pâques |
Halloween |
Autres fêtes |
|
|
|
|
|
|
Etymologie : le mot « fête
» vient du latin, festi. A Rome, le calendrier était divisé
en jours festi, les jours de repos consacrés aux dieux, et jours
fasti, pendant lesquels il était permis de vaquer aux affaires publiques.
Depuis toujours, l’humanité est consciente de la régularité des cycles qui rythment la vie. Les fêtes, par leur retour ponctuel, représentent une manière de marquer ces cycles. D’une manière générale, les fêtes sont liées au cycle de la naissance, de la mort, du renouveau, au niveau de la nature ou de la communauté. Les rituels amènent à une division du temps aboutissant à un calendrier. En effet, une caractéristique essentielle des fêtes est le fait qu’elles ont lieu à des moments précis de l’année. Tout comme le calendrier, elles servent à rythmer le temps. Cette fonction , universelle, se traduit par le fait que toutes les sociétés semblent avoir institué des fêtes en lien avec la course des planètes, principalement aux moment des solstices et des équinoxes. Le calendrier grégorien, qui est le calendrier que nous utilisons, comporte des fêtes fixes, liées à la course du soleil, et des fêtes mobiles, liées à celle de la lune la lune. C’est en particulier le cas de Pâques.
Outre les cérémonies cycliques,
liées aux saisons et à la course des planètes, il
y a des cérémonies calendaires, qui ont lieu un jour fixe
par an et ont pour fonction la commémoration d’événements
importants dans l’histoire de la communauté. Enfin, il y a des cérémonies
agraires, en lien avec les travaux ruraux.
Les fonctions de la fête
La fête relève à la fois de la spontanéité et de l’institution. En tant que phénomène social, elle possède des règles et une logique propre qu’on peut retrouver dans nombre de sociétés au cours de l’histoire, de l’Antiquité à l’ère industrielle. Les traces les plus anciennes que nous possédons sur les fêtes proviennent de Mésopotamie, berceau de plusieurs civilisations. Cependant, il est nul doute que les fêtes ait existé depuis l’aube de l’humanité. En effet, la fête remplit des fonctions essentielles pour la communauté.
Une première fonction est celle de favoriser la cohésion et l’homogénéité du corps social. La fête renforce symboliquement le sentiment d’appartenance à un groupe. Elle a aussi une fonction de conservation, en transmettant de génération en génération un ordre qui peut remonter aux origines. En effet, elle renouvelle périodiquement les croyances et les mythes fondateurs du groupe, permettant ainsi de relier le présent au passé et d’inscrire les membres de la communauté dans une histoire qui les dépassent en tant qu’individus. Il arrive aussi que l’on choisisse au cours d’une fête un bouc émissaire, que l’on charge de tous les maux de la communauté. Par cette coutume, la communauté se trouve purifiée.
Une autre fonction est celle de consécration
: par le culte des dieux et les cérémonies, elles doivent
permettre le progrès moral des individus.
La rupture avec la vie quotidienne
On pourrait définir la fête comme un événement sacré vécu par la communauté comme un moment de vie intense en rupture complète avec la vie quotidienne. Ainsi, la fête interrompt le cours de la vie quotidienne, qui s’oppose à l’effervescence de la fête au cours de laquelle l’individu se sent soutenu et transformé par des forces qui le dépassent. L’existence des fêtes vient justifier la banalité d’une vie tissée d’obligations.
La spécificité de la fête
n’apparaît que si on l’analyse par opposition avec la vie quotidienne.
Les ruptures avec la vie quotidienne s’effectuent
sur différents plans :
Rupture du temps : la fête marque un retour au temps originel, mythique et, par là, la reprise du passé dans le présent. Le moment de la fête est vécu comme sacré et hors du temps. Les jours de fêtes n’en sont pas moins placés à certains moments précis de l’année : changement de saisons, rythme des travaux agricoles, commémoration d’événements. La fête est à la fois l’abolition et la commémoration du temps.
Rupture de l’espace : la fête permet
une ouverture entre des espaces habituellement séparés :
- entre l’intérieur et l’extérieur
de la communauté. La fête atteste périodiquement de
l’unité de la communauté, qui peut alors admettre de nouveaux
membres.
- entre monde réel et imaginaire : la
fête sert aussi à créer un monde nouveau, par ses costumes,
ses personnages, ses légendes qui violent les lois de la vie réelle,
comme dans le cas du Carnaval.
- entre monde divin et monde humain. La fête
favorise l’immersion de l’âme humaine dans une réalité
qui la transcende.
- parfois même entre le monde des vivants
et des morts, comme dans l’exemple d’Halloween.
La fête permet donc de réconcilier
des forces contraires. Ainsi, elle traduit une recherche par la communauté
d’un équilibre entre ses membres.
Rupture des normes du groupe : il y aurait deux types de fêtes. Les premières sont les fêtes de l’ordre, qui suivent un double conformisme : répétition dans le temps et rigidité du déroulement de la fête. Les secondes sont les fêtes du désordre. Dans ce cas, la fête est un véritable renversement des mœurs et des règles en vigueur dans la communauté. Elle a une dimension transgressive, souvent soulignée par les analyses anthropologiques. Au moment de la fête, l’ordre premier de la communauté est remplacé par un ordre inverse et temporaire qui, loin de remettre en question la stabilité de l’organisation sociale antérieure, tend à la consolider. Ainsi, le chaos apparent est en réalité très strictement réglementé. De même, le retour à l’ordre antérieur est prévu et préparé. Le groupe mobilise ses forces pour assurer son avenir. Selon ce point de vue, la fête a fonction purificatrice et sert à régénérer périodiquement la société. Freud développe la même thèse dans son ouvrage «Totem et tabou»: la fête est un excès permis, une violation solennelle d’une prohibition. Elle permet à l’individu et, plus largement, à la communauté de libérer les pulsions que la société contrôle fortement en temps ordinaire. L’exemple le plus connu des fêtes du désordre est le Carnaval. En effet, le Carnaval est une période de licence, pendant laquelle les règles de la vie normale sont temporairement inversées.
Les fêtes racontent aussi l’histoire, la mime, la critique. Par exemple, le Carnaval de Rio peut être vu comme une revanche symbolique des communautés africaines occupant historiquement le bas de l’échelle sociale.
Les cérémonies sont crées
à partir d’autres rites préexistants, eux-mêmes issues
de mythes. On retrouve donc des éléments universels dans
les rituels des diverses sociétés. Les différents
points que nous venons d’évoquer semblent présents dans la
plupart des fêtes à travers le monde. Mais il serait faux
de s’arrêter là. En effet, pour comprendre le sens d’une fête,
il faut impérativement tenir compte du contexte social dans lequel
elle a lieu.
Les fêtes peuvent aussi cacher une dimension
politique. A ce propos, nous verrons que les fêtes chrétiennes
se sont substituées à des fêtes païennes ou religieuses
antérieures, sans en renier le mythe de base, mais en chargeant
celui-ci de significations nouvelles. En effet, les traditions païennes
se sont révélées très tenaces, en particulier
dans les campagnes. Ne parvenant par à arracher les racines du paganisme,
l’Eglise chrétienne résolut donc de fixer ses fêtes
aux dates des célébrations païennes en espérant
ainsi faire accepter plus facilement la nouvelle religion. Mais, derrière
les fêtes chrétiennes, se profilent encore aujourd’hui les
traces des anciennes croyances, comme par exemple pour la Toussaint
ou encore Noël.
Dans les sociétés traditionnelles, les fêtes publiques étaient très nombreuses, comme dans les sociétés athénienne et romaine. Les fêtes publiques étaient complétées par des fêtes privées liées aux naissances, mariages, etc. Dans ces sociétés, les fêtes ouvraient ou clôturaient une période, par exemple les moissons, ou étaient toute entière un moment de cérémonie. Au sein de ce moment prenaient place diverses célébrations et rituels qui se complétaient.
Dans la société actuelle, on assiste à une relativisation des fêtes collectives et cycliques, comprises comme des cultes. Au contraire, il y a une prise d’importance des fêtes plus autonomes, individuelles et aléatoires. Pour la plupart, elle ne durent que quelques heures, comme arrachées au temps, par exemple en lien avec une manifestation culturelle. Dans ces deux types de fêtes s’opposent deux conceptions de la temporalité, l’une lente et cyclique et l’autre rapide, où on se préoccupe de jouir de l’intensité du présent. De même, les fêtes se désacralisent : la coupure est moins nette entre la fête et le quotidien. Elles s’intègrent plutôt à la vie journalière. Ce phénomène traduirait un goût pour la ritualisation festive de la vie quotidienne. Son rôle serait devenu celui d’une occasion privilégiée, pour les individus, de se sentir exister.
Ainsi, la fête traditionnelle est progressivement
remplacée par les loisirs et spectacles qui correspondent mieux
au style de notre culture, éclatée en secteurs multiples
qui sont reliés entre eux par la communication de masse. Il
y aurait deux interprétations de ce phénomène:
soit il s’agit d’une transformation de la signification des fêtes
dans la société moderne, contribuant à réintégrer
la fête dans la vie quotidienne, soit il s’agit d’une fuite de la
vie quotidienne par l’évasion et le repli sur l’espace privé.
Dans ce cas, la transformation des fêtes est problématique
car celles-ci ne permettent plus de relier les différents secteurs
de la société.