Les fonctions des fêtes du point de vue psychosociologique

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Dates
Origines
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Références

 
 
 
 


 
 
 
 
 

Dates…


L’année zéro du nouvel âge

La décision de l’Eglise de Rome de fixer l’année zéro de l’ère dite chrétienne à la date présumée de la naissance de Jésus, qui fut adoptée en 532 seulement, d’après les computations aussi savantes que fautives d’un moine, est basée sur l’hypothèse que Jésus serait né un 25 décembre. Jusque-là, l’Eglise de Rome utilisait le calendrier en usage dans l’Empire, dont l’année zéro était celle de la fondation de Rome. Il fut donc décidé que l’an 754 deviendrait l’an 1 de la nouvelle ère. L’Eglise occidentale sentit la nécessité de se libérer de son histoire proprement latine pour se doter d’une histoire plus universelle. Il faut cependant noter que c’est avec la naissance de Jésus, et non avec sa crucifixion ou sa résurrection, qu’elle identifia le basculement de l’histoire.
 

Le 25 décembre
 
6 janvier, 25 mars, 10 avril, 29 mai, toutes ces dates ont, à un moment de notre histoire, été célébrées comme marquant la naissance du Christ, avant que ne s’impose le 25 décembre. La date du 25 décembre apparaît officiellement au IVe siècle, avec le chronographe romain de 354, qui fixe la naissance du Christ à Bethléem le 25 décembre. Jusque-là, la liturgie primitive se concentrait sur la mort et la résurrection du Christ. Quand les Eglises latines décidèrent d’instituer une fête spéciale pour célébrer la naissance de Jésus « dans la chair », ils la fixèrent donc, après quelques tâtonnements, au 25 décembre. Aucun document ne précisant le jour de la naissance de Jésus, les choix du jour et du mois  étaient libres.

 


 
 
 

Origine


Ainsi donc, le plus probable est que l’Eglise de Rome avait fixé la date de la naissance du Christ au 25 décembre pour ne pas heurter de front d’anciennes traditions. L’opinion commune des historiens est que l’on se décida pour le 25 décembre parce qu’il y avait déjà, ce jour-là à Rome, une grande fête dédiée à la naissance du Soleil triomphant (Sol invictus), en rapport avec le solstice d’hiver. Mais surtout, cette période était consacrée d’un côté à la naissance de Mithra, divinité solaire perse favorite de beaucoup de légionnaires, et de l’autre à la personne de l’empereur, considéré comme un dieu incarné.
 

Eglise d’Orient, Eglise d’Occident

C’est après la conversion de l’Empire romain au christianisme que le 25 décembre reçut une nouvelle fonction, celle de célébrer la naissance de celui qui était appelé la « Lumière du monde » et le « Soleil de justice ». De son côté, et pour les mêmes raisons, l’Eglise d’Orient avait choisi la date du 6 janvier, pour célébrer l’Epiphanie (en grec : apparition, manifestation). L’objet de cette célébration était multiple : le baptême du Sauveur, l’adoration des Mages et la manifestation de Jésus aux noces de Cana, puis l’adoration des bergers, et enfin le souvenir de la Nativité elle-même. Et lorsque Rome proposa ou imposa la date du 25 décembre, l’accueil des Eglises d’Orient fut réservé, qualifiant cette journée de « fête païenne et idolâtre », et refusèrent de la célébrer. Le 6 janvier est encore le jour où beaucoup d’Eglises grecques ou orthodoxes célèbrent leur Noël.
 

Etymologie

Noël, synonyme d’espoir, de fête, vient du latin natalis (dies), jour de naissance, et Christmas en anglais, signifie la messe du Christ. En effet, quand Saint-Augustin s’établit dans le Kent pour évangéliser les Saxons, il insista surtout sur la célébration de la fête de Noël, concrétisée par des messes. En Allemagne, c’est le mot Weihnachten qui désigne Noël. Le sens de ce mot serait « nuits saintes » ou « nuits consacrées ».

Tout comme la fête elle-même a opéré une fusion de coutumes préexistantes, le mot qui la désigne a repris à son compte d’autres dénominations. L’extension du mot ,au Moyen-Age en France, a été telle que « Noël » était devenu similaire à un grand cri d’enthousiasme et de joie populaire ; on y célébrait naissances, baptêmes, mariages des princes ou encore couronnements des rois.

De nos jours, Noël a repris son sens initial. Rarement un mot n’a eu un tel pouvoir : faire naître l’espoir, même pour ceux qui n’ont pas la foi, faire revenir les souvenirs enfouis, ramener à la lumière cette part cachée de nous qu’est l’enfance.
 


 
 
 

Les symboles


Le sapin

Le sapin est devenu le signe par excellence de Noël. Dès la mi-décembre, les boutiques en sont remplies… Objet de cultes anciens, le sapin se pare maintenant d’étoiles de Béthléem, tout comme de petits pères Noël, ou d’anges couronnés… Pourtant, cette tradition est relativement récente : trois à quatre siècles au plus. Certes, le culte de la verdure au cœur de l’hiver est très ancien : les Romains, pendant les Saturnales de décembre et les Calendes de janvier, décoraient leurs demeures de feuillages, de houx, de lierre, parfois même de sapins.

Les peuples païens célébraient les derniers jours de l’année par des réjouissances accompagnées de sacrifices, au pied d’arbres consacrés. Les fêtes du solstice d’hiver étaient importantes chez les peuples nordiques : le soleil qui renaissait alimentait l’espoir de la fin des glaciations hivernales, et l’on illuminait le sapin cosmique, symbole de la vie toujours renaissante.

La coutume du sapin serait essentiellement chrétienne, due à la combinaison de deux symboles religieux du Moyen-Age : la lumière de Noël, et l’Arbre du Paradis. Un des drame liturgiques les plus populaires, joué dans les églises à partir du XIe , était celui du « Paradis ». On y voyait la création de l’homme, le péché d’Adam et d’Eve, et leur expulsion du jardin. Le mystère se terminait sur l’annonce de la venue du Sauveur et de son incarnation. Or, le jardin d’Eden était représenté par un sapin où étaient accrochées des pommes. Plus tard, quand les mystères furent interdits, les fidèles, mirent l’Arbre du Paradis dans leur maison, une fois l’an, en l’honneur d’Adam et Eve. Si l’Eglise latine ne célèbre pas ces derniers comme des saints, les Eglises orientales les ont canonisés. Ainsi, le 24 décembre, on pouvait voir l’Arbre du Paradis dans les maisons des fidèles de plusieurs pays d’Europe : c’était un sapin avec des pommes rouges…

Le premier arbre de Noël fut dressé en France par la princesse de Mecklenbourg en 1837, apporté dans son trousseau de mariage avec le duc d’Orléans. Mais c’est seulement quelques années plus tard que la coutume s’implanta, encouragée par l’impératrice Eugénie. C’est à Boston, aux Etats-Unis, qu’en 1912 on installa pour la première fois des sapins illuminé sur les places publiques de la ville.
 

La crèche

Dès les premiers temps de la chrétienté, la grotte où naquit le Christ, puis la crèche, devint un objet de culte et de pèlerinage. A partir du VIe, des oratoires furent construits dans certaines églises, et on y priait devant une image de la Vierge portant l’Enfant. La reproduction du lieu de la Nativité prenait forme, mais avant de devenir, assez récemment, une pratique familiale, elle était une représentation publique des drames liturgiques ou mystères.

Deux événements eurent une grande importance : l’interdiction, par Louis XIV, des mystères, qui avaient pris une tournure profane, et la lutte de L’Eglise contre la Réforme, qui eut pour effet de créer de nouveaux ordres religieux et des dévotions nouvelles, dans lesquelles la Nativité tenait une grande place. Progressivement, toutes les églises voudront installer une crèche pour les fêtes de Noël, en respectant les personnages de l’évangile, ou au contraire, en associant des représentants de la population locale. Les crèches devinrent plus élaborées, plus réalistes.

De l’église, la crèche passa dans les lieux publics, au travers des crèches parlantes par exemple, chantées devant les églises. Puis, elle trouva sa place au sein de la famille : les crèches familiales furent d’abord des objets précieux, placés sous vitrines. Ensuite, la fabrication de figurines en mie de pain ou en argile, transforma la nature de la crèche familiale. Plus accessible, elle se répandit alors avec un essor particulier et fit le tour du monde chrétien.
 

Les cadeaux

Depuis l’Antiquité, dans les pays méridionaux comme dans les pays septentrionaux, le solstice d’hiver ou le changement de l’année était une époque de cadeaux. Pendant que les Romains se faisaient des cadeaux les uns aux autres, le dieu nordique Odin répandait les nuits d’hiver des cadeaux pour les enfants sages. En Norvège, des gnomes sortaient de leur caverne pour faire de même. Les premiers évangélisateurs se sont donc trouvés confrontés à ces traditions et, faute de les interdire, les ont annexées. C’était donc l’Enfant Jésus qui était honoré, qui répandait ses bontés sur le monde le 25 décembre, ou avant, ou après, et ce directement ou par un intermédiaire. Chaque pays lui a donné une physionomie particulière, un nom et des rites, avant l’uniformisation actuelle où le Père Noël triomphe.
 

La bûche, le réveillon
 
Dans la nuit du 24 au 25 décembre, les catholiques célèbrent une messe évoquant la naissance de Jésus. Elle est aujourd’hui souvent précédée d’une veillée. C’est le moment du réveillon où la dinde et la bûche tiennent encore une place importante. Bien sûr, la bûche traditionnelle glacée ou pâtissière a remplacé la véritable bûche de bois que l’on mettait dans l’âtre avant de se rendre à la messe de minuit. Bénie, elle devait se consumer toute la nuit, ou plusieurs jours. Sa combustion était prétexte à de nombreuses prédictions. Les cendres recueillies avaient la réputation  de préserver la maison du « feu du ciel » et de porter bonheur à tous ses hôtes.

Le père Noël

Lors des fêtes scandinaves du solstice d’hiver, le personnage central était Odin, représenté comme un vieillard bienveillant à la barbe abondante, vêtu d’une houppelande rouge. Il luttait contre les démons de la glace et de la neige. Les Scandinaves l’appelaient Yule. C’était un dieu de paix qui visitait son royaume à ski, ou sur un char traîné par des rennes ou des cygnes. Dans sa hotte, il transportait les cadeaux qu’il destinait à ceux qui le priaient. C’est donc lui, à l’évidence, l’ancêtre de notre «Père Noël».

Père Noël, Santaclaus, Weihnachstmann, il ne connaît pas de frontières, et pourtant il n’est pas bien vieux. En France, le Père Noël fait son apparition au début du XXe siècle. Jusqu’alors, les enfants attendaient, selon les régions, le petit Jésus, Saint Nicolas, le père Janvier… Son origine est anglo-saxonne, mais il n’a pas de fondement historique. Ce personnage traditionnel est donc l’héritage de nombreuses figures mythiques. D’un point de vue psychologique, il serait un repère structurant dans la vie des enfants.

Le Père Noël a aussi dérangé, et son effigie fut brûlée à Dijon en 1951 par exemple. Il fut donc considéré comme une invention dont on se sert pour enlever le caractère religieux à la fête de Noël. Ne serait-il pas simplement un trait d’union entre la joie humaine et le mystère de la naissance de Jésus-Christ ?
 


 
 
 

Références