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Green
Méthodologie de création de dipositifs d'enseignement éducatifs
Les étapes de l'élaboration d'un dispositif technologique :
2. Le concept du design
C'est une étape-clé; on y définit la mise en scène de nature à susciter l'envie d'apprendre chez l'apprenant-e.
Il faut imaginer une situation qui amène l'élève à acquérir les compétences et savoirs qui sont nos objectifs pédagogiques.
Il est à noter qu'on ne calque pas simplement les objectifs de l'enseignant sur l'élève, mais qu'on prend en compte la réalité du vécu de l'apprenant pour y insérer une activité de nature à lui faire progresser vers les objectifs.
"Qu'avez-vous l'intention que l'élève ait l'intention de faire ?" 1
On cherchera donc une activité qui :
- Motive l'élève, l'intéresse et le focalise .
- L'amène à atteindre les objectifs que nous poursuivons.
Il faut bien noter ici que l'accent est mis sur le vécu de l'usager, et toute l'élaboration du produit est construite à partir de l'apprenant. On se concentre donc sur l'apprentissage plutôt que sur l'enseignement.
Le topos donne un rôle à l'élève (Chevallard)
L'une des difficultés didactiques les plus ordinairees et les plus pressantes pour un professseur est celle qu'il rencontre pour "donner une place aux élèves" , c'est à dire pour créer à leur intention et à propos chacun des thèmes étudiés, un Topos approprié qui donne à l'élève le sentiment d'avoir "un vrai rôle à jouer".
(Chevallard, Y. (1999). L'analyse des pratiques enseignantes en théorie anthropologique du didactique. Recherches en didactique des mathématiques, 19(2).)
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Concrètement, on définira selon 3 axes décisifs :
- Le rôle de l'apprenant.
Il exprime la stratégie pédagogique.
Il doit permettre aux divers apprenants d'élaborer leurs compétences, de construire leurs savoir.
Il est essentiel de soigneusement penser le rôle de l'apprenant : c'est en grande partie en fonction de ce choix que l'on réussira le pari de motiver l'apprenant. Il faut faire un effort pour sortir des schémas classiques qui mettent l'apprenant en situation... d'élève (souvent la première idée qui vient au concepteur est une transposition de l'enseignement frontal dans le dispositif technologique).
(Cf. l'interactivité intentionnelle vs fonctionnelle.)
- Le temps de l'élève.
Il est souvent issu de la didactique de la discipline.
Il faut définir les différentes modalités que le temps peut prendre : passé-présent-futur ou intemporel ("il était une fois"); accéléré-ralenti-arrêté; revécu ou simulé à nouveau.
Limité ou illimité (La durée est-elle limitée ? Le temps passé à résoudre une question est-il pris en compte ?)
Définir le point de vue temporel : depuis le présent je regarde le passé / je suis dans le passé
Lorsque le temps peut être manipulé, une attention particulière doit être portée à la manière dont le temps illustré dans le dipositif d'enseignement est présenté à l'usager, ainsi qu'aux modalités de futur antérieur qui posent souvent problème : comment distinguer par exemple dans la simulation d'une planète évoluant selon différents paramètres.
- Le déroulement d'une évolution déjà enregistrée
de la planète xxx (revisualisée comme on rejoue une séquence
d'un film, donc exactement la même)
- une nouvelle simulation de l'évolution de cette planète
(différente de la première, puisque recalculée, revécue)
- Le lieu de l'élève.
Il est l'expression de la transposition didactique.
Ce lieu peut être multiple ou unique.
Il est le support spatial de la situation dans laquelle évolue l'apprenant.
Il faut définir le point de vue qu'a l'apprenant : est-il dans la scène, ou la regarde-t-il d'en dessus ?
Cette trilogie doit être cohérente. Les choix du rôle et du lieu/temps doivent exprimer la même réalité pédagogique. Par exemple on ne peut pas choisir comme rôle pour l'élève "il-elle est journaliste" si on lui présente des questions et qu'il-elle doit y répondre dans un temps limité. (qui risque fort d'être perçu par les apprenants ="je suis élève")
Il ne faut pas craindre de revenir à cette phase en cours de route pour redéfinir plus précisément les 3 axes de la situation pédagogique.
Kel Crossley, Les Green, (1985), Le design des didacticticiels, ed ACL. Postface de Eric Barchechath et S. Pouts-Lajus
Chevallard, Y. (1999). L'analyse des pratiques enseignantes en théorie anthropologique du didactique. Recherches en didactique des mathématiques, 19(2).)