chapitre 4 La modélisation des processus cognitifs
POLITICS
Le précurseur le plus important *2 pour la modélisation de l'interprétation subjective d'événements politiques est sans doute le système POLITICS de Carbonell (71, 81, 81a, 81b). Examinons une trace qui montre une session d'interaction avec ce système "questions/réponses" tiré de Carbonell (81:30):
(INTERPRET U.S.-CONSERVATIVE) INPUT TEXT: Russia massed troops on the Czech border. INTERPRETATION COMPLETED, READY TO ACCEPT QUESTIONS. Q1: Why did Russia do this? A1: BECAUSE RUSSIA THOUGHT THAT IT COULD TAKE POLITICAL CONTROL OF CZECHOSLOVAKIA BY SENDING TROOPS. Q2: What will Russia do next? A2: RUSSIA MAY TELL ITS TROOPS TO START THE INVASION Q3: What else can Russia do? A3: RUSSIA MAY WAIT FOR CZECHOSLOVAKIA TO GIVE IN TO RUS- SIAN DEMANDS. Q4: What happens if Czechoslovakia does not give in? A4: RUSSIA MAY DECIDE TO START THE INVASION. Q5: What should the United States do? A5: THE UNITED STATES SHOULD INTERVENE MILITARILY. Q6: What else can the United States do? A6: THE UNITED STATES CAN DO NOTHING, OR IT CAN INTERVENE DIPLOMATICALLY BY CONFERRING WITH RUSSIA ABOUT CZECHO- SLOVAKIA. THESE ALTERNATIVES ARE BAD FOR THE UNITED STATES.Carbonell appelle ce modèle un "integrated understander". Dans une première phase
Dans une deuxième phase, le système met à disposition une sorte de "Turing Test" pour permettre la validation de ses inférences. Le mécanisme.
est illustré dans la figure 4-7. Le fonctionnement du système de Carbonell est assez compliqué à comprendre. Il n'était pas destiné au modéliseur en science politique, mais à ceux qui explorent les mécanismes de la compréhension du langage naturel. Toutefois, ce système a fortement inspiré un certain nombre de modélisation en sciences politiques, dont PIE que nous allons brièvement présenter ci-dessous.
Pour représenter les connaissances politiques, les auteurs utilisent une grammaire de cas de type "conceptual dependency" (cf. Schank 75) utilisée aussi dans le système POLITICS et dans un modèle antérieur nommé "JFK/CBA" (cf. Thorson et Sylvan 82). Les expressions élémentaires sont appelées "knowledge kernels" (Thorson 82: 288-292). Ces "noyaux" sont ensuite interprétés par un moteur d'inférence spécialisé en fonction d'un certain contexte. Plus précisément, PIE prend comme entrée une affirmation (un "kernel"), demande à l'utilisateur un contexte d'interprétation, cherche une règle d'inférence et essaye de l'appliquer au "kernel" pour en déduire un nouveau "kernel". Il fonctionne donc comme un système expert à chaînage avant. Il existe toutefois certaines différences, comme la contextualisation des règles et une certaine souplesse en ce qui concerne les variables non-instantiées dans le "kernel" qui doit correspondre au côté gauche de la règle.
PIE a été utilisé pour modéliser la crise des missiles cubaines. Grâce au mécanisme de contexte, il permet de modéliser les différentes perceptions des acteurs impliqués dans cette crise. Chaque acteur (le président, l'analyste d'un service secret, etc.) travaille dans un contexte qui lui est propre. PIE est donc un outil qui montre comment s'attaquer aux problèmes de différences de perception qui peut exister au sein d'une organisation. En réutilisant les "kernel" produits par un "context" dans un autre, on peut modéliser d'une certaine façon des chaînes d'interprétation dans l'organisation.
PIE
PIE (Thorson: 82,84) modélise les inférences intentionnelles en relations internationales. Ce système tente de modéliser l'interprétation d'événements politiques par un acteur individuel ou collectif. Fréquemment, un décideur politique attribue des intentions à une entité comme un Etat. Voici la définition de l'intentionnalité par Thorson (82:280): "[...] a system can be considered intentional if that system's behavior can frequently be understood by predicating a collection of beliefs, desires, hopes, goals, policies, and so on to that system". PIE effectue des inférences intentionnelles en utilisant ses connaissances politiques pour inférer des connaissances sur les intentions d'un système. Comme les connaissances politiques prennent souvent la forme de croyances et comme elles sont très contextualisées les auteurs de PIE partent de l'idée que l'inférence politique est très différente de celle utilisée en logique. Elle dépend beaucoup plus des connaissances (associations) que d'un raisonnement de déduction logique.
THESE présentée par Daniel Schneider - 19 OCT 94
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