INTRODUCTION
 

    De 1945 à 1960 le cinéma américain est secoué par une suite d’événements tant artistiques qu’économiques. La guerre et ses conséquences immédiates vont modifier la physionomie du cinéma américain, influencé par deux mouvements particuliers ; la première influence est due à l’apparition de metteurs en scène formés à l’école théâtrale de Broadway qui adaptent des œuvres écrites au cinéma, ouvrant ainsi l’ère des « dialoguistes », et la seconde à … Freud. 
Alors que l’Europe a presque oublié Freud, les Etats-Unis découvrent la psychanalyse qu’ils ressortent, enthousiastes, dans un bon nombre de films en la servant à toutes les sauces. Les jeunes délinquants, les tueurs, les truands et la belle garce ont toujours une bonne excuse refoulée dans un coin de leur inconscient pour justifier les comportements que la morale réprouve…désormais le cinéma américain rêve, parle et est psychologie. 

Luis Bunuel a d’ailleurs fait un rapprochement entre le plaisir cinématographique et le processus onirique : « Le mécanisme producteur d’images cinématographiques, par la manière même dont il fonctionne est, entre tous les moyens d’expressions humaines, celui qui s’approche le plus de l’esprit de l’homme, et même, celui qui imite le mieux le fonctionnement  de l’esprit en état de rêve. Le film est comme une simulation involontaire du rêve - la nuit qui envahit la salle de cinéma équivaut à l’acte de fermer les yeux ; alors sur l’écran, et à l’intérieur même de l’homme, commence l’incursion dans la nuit de l’inconscient 
Le temps et l’espace deviennent flexibles, l’ordre chronologique et les valeurs relatives de la durée ne correspondent plus à la réalité… » 
Ce puissant pouvoir de fascination, le cinéma l’a fréquemment utilisé comme un moyen très efficace de propagande idéologique, directe ou indirecte, sur les masses. Le cinéma américain rentre, par les influences citées, dans ses cinquante années d’instrument de conditionnement idéologique et psychologique. L’immense succès du cinéma de cette période, et donc son influence sociale, est fondé sur la profonde illusion de réalité dont sont pétris les faits et les personnages à l’écran. Avec cette nouvelle approche, on « casse » les moules du cinéma classique pour une approche plus moderne fondée sur le mélange des genres ; les drames lyriques et brutaux de Elia Kazan se lient aux quêtes impossibles de John Huston et aux zones obscures du cerveau de Milos Forman.
Alors que la tradition classique exigeait que les dialogues servent à traduire la fonction narrative du personnage, ce dernier n’intéresse désormais que dans la mesure où il vit les passions les plus violentes. La folie, individuelle ou collective, devient un  thème fondamental dans les films dont l’intrigue, par force, perd son évidence mais y gagne paradoxalement en influence.