HUSTON John, (Nevada 1906  -  Los Angeles 1987) 

  La vie de Huston est d’une telle richesse qu’on a souvent reproché au cinéaste de lui avoir donné plus d’importance qu’à son œuvre. Il n’en est rien, sinon que l’auteur d’Asphalt Jungle (1950) a souvent choisi ses films à partir d’un coup de foudre littéraire ou pour satisfaire son désir d’aventure et d’expériences nouvelles. Militaire au Mexique, boxeur en Californie, acteur à Broadway, fils du célèbre comédien Walter Huston, il fait ses premières armes à Hollywood comme scénariste. A moins de vingt-cinq ans, il a déjà publié des nouvelles dans The American Mercury, où se côtoient les plus grands écrivains de l’époque. A la Warner, il signe le scénario de La Grande Evasion (1941), de Raoul Walsh ,dont Humphrey Bogart est la vedette. Grâce à la confiance de l’acteur, la compagnie l’autorise, la même année, à tourner son premier film, Le Faucon maltais, troisième adaptation de l’ouvrage célèbre de Dashiell Hammett. D’une fidélité absolue au roman, sa version s’impose par la sobriété de la mise en scène, la qualité des dialogues et une distribution étincelante. 
Très cultivé, Huston n’a jamais hésité à adapter de grands  auteurs pour le plaisir de les raconter en images : Stephen Crane (La Charge Victorieuse, 1951), Hermann Melville (Moby Dick, 1956), Tennessee Williams 
( La Nuit de l’iguane, 1964), Carson McCullers ( Reflets dans un œil d’or, 1967), Rudyard Kipling ( L’homme qui voulut être roi, 1975), James Joyce (Gens de Dublin, 1987). Le cinéaste reste fidèle à un certain type de personnages, des excentriques comme lui perdus dans un rêve ou une quête impossible, à la recherche d’un royaume, d’un trésor perdu, d’une baleine blanche, et toujours d’un sens à donner à leur vie. 
Sa défiance à l’égard d’Hollywood, dont il n’aime pas le conformisme et qui se méfie de lui à cause de son indépendance et de son humour décapant, le conduit à passer les trentes dernières années de sa vie en Irlande puis au Mexique, dont il aimait les paysages farouches.
Pour la même raison, il ne cesse de bourlinguer à travers le monde pour tourner ses films, de l’Afrique noire (African Queen,1952) à la France (Moulin-Rouge,1953), et du Japon (Le Barbare et la Geisha,1958) au Maroc (L’homme qui voulut être roi, 1975). Epris de recherches visuelles, il innove dans le traitement de la couleur, non seulement pour raconter la vie du peintre Toulouse- Lautrec (Moulin-Rouge) en s’inspirant des affiches de l’époque, mais aussi en mariant une cop noire et blanc et une copie couleur pour retrouver l’esprit des gravures du XIXe siècle dans Moby Dick. Amateur de fortes personnalités, il s’entoure des meilleurs acteurs de son temps, Robert Mitchum et Elizabeth Taylor, Marlon Brando et Ava Gardner, Richard Burton et Audrey Hepburn, qui tous l’adoraient, et à même réunis dans un film mythique, The Misfits (1961, sur un scénario d’Arthur Miller), Clark Gable, Montgomery Clift et Marylin Monroe. 
Huston fut aussi un libéral, combattant les idées conservatrices, luttant pour la liberté d’expression, s’opposant au maccarthysme au moment de  la liste noire. Témoin de son temps, il signe trois films documentaires dont l’un, Let There Be Light en 1946, sur les désordres psychiques causés par la guerre, fut longtemps interdit par les autorités militaires. N’hésitant jamais à se lancer dans une nouvelle équipée en terre lointaines ou en compagnie d’amis, le cinéaste signe une œuvre très inégale, mais parsemée de films originaux et profonds.