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“J’aime
Gala plus que ma mère, plus que mon père, plus que Picasso
et même plus que l’argent”.
Durant l’été
1929, Dali se sent flatté par la visite à Cadaqués
de Paul Eluard, maître à
penser du mouvement surréaliste
avec André Breton et Louis
Aragon, qu’il n’avait rencontré que très brièvement
l’hiver précédent à Paris. Mais l’apparition de Gala
est pour lui une révélation attendue. Elle figure la femme
de ses rêveries d’enfance, celle qu’il a baptisée mythiquement
Galutchka, et qu’ont personnifié de multiples petites filles et
adolescentes. Il l’a reconnue parce qu’elle possède le même
dos nu. La preuve en est que son anatomie est précisément
celle de la plupart des personnages féminins qu’il a représentés
dans ses peintures et ses dessins. Il en donne la description dans sa “Vie
secrète”.
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Galarina, 1945 |
Gala nue de dos,1960 | “Son
corps avait une complexion enfantine, ses omoplates et ses muscles lombaires
cette tension un peu brusque des adolescents. En revanche, le creux du
dos était extrêmement féminin et liait avec grâce
le torse énergique et fier aux fesses très fines que la taille
de guêpe rendait encore plus désirables.”
Hélas,
chaque fois qu’il veut lui parler, Dali est pris d’un fou rire. Chaque
fois qu’elle le quitte, à peine a-t-elle tourné le dos qu’il
se tord de rire à se rouler par terre. Gala décide d’en finir
avec ce doute et lui propose un rendez-vous. Lors de la promenade qui s’ensuit
dans les rochers, Dali réussit à maîtriser son fou-rire.
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“La beauté souffreteuse du visage n’était pas la seule élégance de ce corps. Je regardai sa taille cambrée par sa démarche de Victoire et me dis avec déjà une pointe d’humour esthétique: “Les victoires aussi ont le visage assombri par la mauvaise humeur. Il ne faut pas y toucher.” Pourtant j’allais la toucher, j’allais étreindre sa taille quand la main de Gala prit la mienne. C’était le moment de rire, et je ris avec une nervosité d’autant plus violente que cela en était plus vexant pour elle à ce moment précis. Mais Gala, au lieu de se sentir blessée par ce rire, s’en enorgueillit. D’un effort surhumain, elle pressa encore plus fort ma main, au lieu de la laisser tomber avec dédain comme n’importe quelle autre femme l’aurait fait. Son intuition médiumnique lui avait donné à comprendre le sens exacte de mon rire si inexplicable aux autres. Mon rire n’était pas “gai” comme celui de tout le monde. Il n’était pas scepticisme ou frivolité, mais fanatisme, cataclysme, abîme et terreur. Et le plus terrifiant, le plus catastrophique de tous les rires, je venais de le lui faire entendre, de le jeter par terre à ses pieds. “Mon petit”, dit-elle, “nous n’allons plus nous quitter.” “ |
Galatée aux sphères, 1952 |
La Madonne de Port-Lligat, 1950 |
Et Dali
donne la clef historique et freudienne de cet amour indissociable qui vient
de naître et que la mort seule saura rompre:
“Elle serait ma Gravida (“celle qui avance”), ma victoire, ma femme. Mais pour cela, il fallait qu’elle me guérisse. Et elle me guérit, grâce à la puissance indomptable et insondable de son amour dont la profondeur de pensée et l’adresse pratique dépassèrent les plus ambitieuses méthodes psychanalytiques”. Dali venait de lire “Gravida”, roman de Jensen interprété par Sigmund Freud, dans lequel l’héroïne, Gravida (délire et rêve) réussit la guérison psychologique du héros. “J’approchais de la grande épreuve de ma vie, l’épreuve de l’amour”. Coup de
foudre entre l’artiste et la jeune femme âgée de vingt-cinq
ans, la “muse surréaliste” ne le quittera plus et sera l’inspiratrice
de sa vie et de son oeuvre.
On ne compte plus les toiles signées
Dali-Gala ou Gala-Dali ou encore Gali, contraction de leurs deux noms.
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