La notion générale du contexte du récit est très complexe. D'abord le récit est imbriqué dans de nombreux contextes externes qu'on ne peut pas discuter ici. Ensuite il existe la notion de contexte textuel cognitive, et finalement on peut dire que le texte constitue un certain nombre de contextes thématiques qu'on va discuter ici. Sous un premier angle un contexte est un horizon d'expectation (All: "Erwartungshorizont"). Dans ce sens le récit en question est une des possibles aggrégations des possibles probabilités contextuelles. Le contexte thématique, lui, est en termes linguistiques souvent une description, et il a plutôt une fonction auxiliarie pour le récit. Il assure partiellement la constitution de l'intrigue et des acteurs. La discussion des grammaires de récit a révelé que le contexte est souvent donné par le "setting" (introduction) au début du récit. Les éléments du "setting" ont souvent plusieurs fonctions. Elles doivent éveilleur les associations et les attentes du récepteur qui lui permettront de faire du sens du déroulement du récit. Ils permettent de constituer le monde narratif, et ils permettent souvent de donner des explications causales des actions d'une facon directe (comme c'était le cas pour les actions initiales dans notre récit I). Souvent la situation est plus indirecte: c'est par le fait, que le récit initie un monde narratif que le récepteur connait, qui lui permet de faire des déductions. S'il s'agit du monde réel, le "setting" nous donne l'angle sous la-quelle il faut le voir.
Le "setting", comme la description des traits, connait des formes multiples. Il peut être "minimaliste" comme celui du récit Ia et juste donner l'information nécessaire pour la constitution de l'intrigue. Il existent des descriptions dans l'introduction ou dans le texte qui constituent presque en elles-mêmes des actions, qui font que le récepteur réflechisse. C'est par exemple le cas dans le recit Ic qui commence par la morale du récit. Il existent aussi des parties descriptives dans le récit qui sont purement "gratuites" pour l'intrigue ou qui n'ont qu'une fonction très indirecte (comme la manipulation de l'état mental du récepteur, ou encore de montrer la qualitité artistique du langage du producteur). En somme, dans la plupart des cas, l'analyse isolée du contexte interne du récit n'est pas très intéressante. L'analyse de la fonction de certains éléments contextuels pour l'intrigue par contre est d'un grand intérêt pour le politologue. Ceci se fera toutefois au niveau de l'analyse de l'intrigue comme on l'a fait par exemple avec le langage de DeBeaugrande. Il est clair que la cause d'une intrigue est une fonction de l'intrigue elle-même (décisions des acteurs et du hasard), du contexte, et de la personalité des acteurs. L'analyste qui s'intéresse à ce problème doit donc d'intégrer les descriptions du contexte et des acteurs, dans la représentation formelle du contenu. Ceci peut déjà être partiellement achevé par le biais des descriptions des états du monde narrative, leur relations entre eux et les actions.