J'introduirai brièvement le model de traitement de
texte dans ce paragraphe. Reexaminons d'abord quelques
principes du traitement de récit:
Une présupposition spéfique au récit veut qu'il présente
quelquechose d'inattendu, mais qu'il suit certaines normes.
Comme nous avons vu, nous avons des
attentes sur ce qui est "normal", "rare"
"impossible", ou "invraisemblable".
Ainsi un récit à des chances
d'être intéressant s'il va à l'encontre des attentes
d'intérêt et de normalité comme on le verra en détail
plus loin.
La discussion des schemas générateurs de récits et des recherches
sur le traitement des récits va montrer qu'un récepteur ne travaille
pas seulement avec des principes relativement abstraits, mais aussi avec
tout son savoir sur le monde.
Ce dernier est d'abord utilisé
dans des procédures de référence et de coréférence.
Il intervient ensuite au niveau de la compréhension et de l'évaluation
d'un texte.
Ces constatations peuvent être formulés d'une manière
plus technique dans un modèle cognitive de traitement de texte:
Un enoncé n'est pas seulement traduit dans un concept
interprétatif (il n'y a pas de transmission d'information
au sens classique du terme entre le producteur et le
récepteur), mais il provoque la construction de concepts.
En bref lorsqu'une phrase particulière est racontée
elle est mise en relation avec le savoir qui a été activé dans la
mémoire par les phrases précedentes.
Le savoir
déjà activé forme donc le contexte du traitement des phrases qui
suivent.
Pendant le processus de traitement de texte une
structure de savoir se forme et s'adapte au fur et à mesure que
de nouvelles informations sont livrées.
Cette structure très complexe
est composé de plusieurs strates ou parties
ayant chacune leur propre fonction.
Kintsch (80:91) utilise le terme de masse apperceptive pour
désigner la structure de savoir néceesaire pour
générer de l'intérêt.
Cette masse n'est rien d'autre que le savoir
affecté par le traitement du texte.
Cette notion permet l'élargissement de la
notion traditionnelle de transfert d'information qui est
trop statique.
Le contenu de la conscience de l'écouteur subit une
transformation dans la mesure où sa
masse apperceptive se transforme en fonction de son propre
conditionnement.
Ainsi il y a toujours un processus d'apprentissage
(au sens technique du terme) lorsqu'on traite un récit.
Notre tâche serait donc de définir cette masse en termes plus
opérationnels avec des concepts comme "schéma" et "cadre" ("frame") qui
permettront de définir en retour "savoir", "intérêt", "effet",
"surprise", etc.
en termes plus cognitivistes.