Les propos du pararaphe précédent concernaient principalement les récits ordinaires. Bien que je crois que la majorité des récits politiques n'ait pas une nature tres` complexe, il me semble utile de discuter littérature et si ce ne serait-ce que pour l'importance de ses multiples liens avec le politique. La nature très ouverte du texte littéraire menace implicitement la plupart des théories de récit que nous discuterons dans les chapitres suivantes. En effet elles travaillent toutes sur des textes qui sont constitués selon de fortes principes normatives. Le texte littéraire moderne ouvert - qui n'a cépendent pas une grande audience - contrédit le principe de compréhension de texte qui consiste primairement à le traiter à l'aide de structures de savoir proto-typique, ou même à l'intégrer dans une telle structure.
Ditton (80:164) oppose trois grandes objections
aux théories cognitivistes courantes de
traitement de texte:
(1) Les conditions dans lesquelles ces théories ont
été établies - des expériences (souvent avec des étudiants de
psychologie) - déterminent la manière dont le texte est traité.
Par exemple souvent le sujet expérimenté sait qu'il s'agit d'un test de
mémorisation.
(2) Le texte littéraire ne permet pas seulement une interprétation plus
ouverte, il exige aussi plus de travail de la part du producteur et du
lecteur: Il active également des intérêts plus "nobles".
Ainsi il
faut réfléchir sur le message du texte, il faut analyser, etc., tandis
que le récit ordinaire s'expliquent souvent lui-même et il est
traité d'une facon directe.
(3) L'auteur et son produit mettent en mouvement des
processus de compréhension beaucoup plus complexes.
Il peut par exemple
fabriquer un "setting" qui met intentionnellement le lecteur sur une
fausse piste.
Souvent les narrations littéraires sont à
la première personne, et forcent le
lecteur à mettre en
rapport la personalité induite du raconteur avec ce qu'il raconte.
Ceci est d'ailleurs aussi le cas pour les entretiens en profondeur en
sciences sociales qui contiennent souvent beaucoup de
matériel narratif.
En somme la notion de "bottom-up processing", travaillant sur un texte en tout en le synthésiant à partir des phrases doit être vu dans une lumière différente. Elle n'a pas seulement la fonction auxiliaire de mettre en rapport certains éléments "difficiles" du texte avec une structure globale, mais elle conserne aussi des processus qui ne sont pas en relation directe avec la compréhension de l'intrigue à l'aide d'un schéma.