Approche psychiatrique traditionnelle
Par psychiatrie traditionnelle on entend la psychiatrie telle qu' elle
s'est imposée au 19ème siècle, selon le modèle
médical, en tant que science neurologique des maladies mentales.
On pourrait distinguer historiquement 4 périodes qui ont préparé
l'avènement de la médecine psychiatrique.
Les 4 périodes peuvent être qualifiées ainsi:
-
1) La folie parmi les hommes (les 4 conceptions de la maladie mentale
dans l'Antiquité et les cultures dites primitives);
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2) L'embarquement de la folie ou la folie à la frontière
de la cité (Renaissance). La folie se substitue à la
lèpre en régression et surgit comme l'ombre de la morte
au coeur de l'existence humaine;
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3) Le grand renfermement (Âge classique). Création
de l'Hôpital Général en 1656;
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4) Naissance de la clinique asilaire (fin du 18e siècle).
Le savoir classificatoire s'élabore progressivement. Le traitement
morale (non scientifique) trahit les limites du savoir en atténuant
ses visées objectivantes et déshumanisantes (PINEL
et ESQUIROL);
PINEL,
PHILIPPE (l745-l826)
Ces divers mouvements d'idées et de pratiques conduisent
à la reconnaissance de la psychiatrie comme science médicale
au milieu du 19ème siècle. C' est l'apogée du mouvement
rationaliste et positiviste. Grâce au développement des recherches
néuroanatomiques et neurophysiologiques, la maladie mentale est
définie comme maladie cérébrale.
Cette approche envisage l'utilisation d' un modèle scientifique
positiviste pour la compréhension des troubles psychopathologiques
.Ce modèle biomédical implique:
-
L'observation et l'explication des troubles selon la méthode expérimentale
où la subjectivité n'intervient pas;
-
L'être humain souffrant psychiquement est réduit à
la dimension du corps biologique;
A la fin du 19ème siècle, la psychiatrie traditionnelle s'entend
pour différencier, à la suite de MOEBIUS,
les psychoses exogènes (dues à des facteurs somatiques extérieurs
à la psyché) et des psychoses endogènes ( dues à
des facteurs internes ou à des facteurs supposés somatiques
encore inconnus).
Parmi ces derniers on distingue la folie circulaire et la démence
précoce (KRAEPELIN) qui vont devenir
respectivement la psychose maniaco-dépressive et la schizophrénie.
KRAEPELIN,
EMIL (1856-1926)
Les méthodes thérapeutiques spécifiques à
la psychiatrie traditionnelle sont essentiellement les thérapies
biologiques et l'hôpital psychiatrique.
Parmi les thérapies biologiques, ont peut distinguer celles
reposantes sur des agents physiques
(convulsivothérapie, insulinothérapie, psychochirurgie,etc.)
et celles opérant par des agents chimiques (psychotropes).
Les psychotropes
sont des substances chimiques qui sont susceptibles de modifier l'activité
mentale. Parmi eux, on distingue surtout entre les psycholeptiques qui
tendent à restreindre l'activité psychique (en particulier
les neuroleptiques = antipsychotiques et les anxiolytiques = tranquillisantes)
et les psychoanaleptiques qui stimulent l'activité psychique (parmi
eux, essentiellement les thymoleptiques= antidépresseurs).
L'hospitalisation psychiatrique est une des mesures de soin utilisées
dans le cas de graves compensations psychopatholgiques.
En général, des dispositions légales préviennent
l'abus de décisions arbitraires d'hospitalisation et exigent que
certaines conditions soient remplies dans le cas d'admission d'office ou
imposées par une autorité publique, c'est à dire les
cas où l'admission n'est pas volontaire.
De l'intérieur même du mouvement de la psychiatrie traditionnelle,
plusieurs psychiatres ont surgi pour contester une approche biomédical
qui tendait à se réduire à une psychiatrie strictement
organiciste. Parmi eux on peut relever:
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l'approche psychodynamique-psychanalytique
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la psychiatrie sociale communautaire
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l'ethnopsychiatrie
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l'antipsychiatrie
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l'approche communicationnelle-systémique
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l'approche éthologique
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l'approche de la biologie comportementale
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