LES HALLUCINATIONS PSYCHIQUES



Elles sont généralement prises pour des transmissions de pensée : le malade a l’impression que sa pensée non exprimée est connue des autres ; son langage intérieur est répété « en écho de la pensée ». J. Dejerine a écrit : « Lorsque nous faisons acte de penser, nous pouvons le faire de deux manières différentes. Ou bien nous pensons avec des images d’objets, ou bien nous pensons avec des images de mots, et dans ce dernier cas nous causons avec nous-mêmes, c’est-à-dire nous pensons avec notre langage intérieur. »

Les hallucinations psychiques sont verbales ou graphiques. Dans le premier cas, il y a ou réception ou émission.

1. Réception : des paroles venues d’ailleurs s’imposent au sujet. On observe alors trois conduites : soit une attitude d’écoute : lors d’une conversation, l’halluciné s’interrompt, prête attention, s’en excuse et se plaint qu’ils ne le laissent pas tranquille. Soit il se met à parler avec un interlocuteur absent, se tait comme pour recevoir une réponse et reprend la conversation. Soit encore il se bouche les oreilles avec du coton. Il s’agit le plus souvent de mots et non de sons, d’une personne connue par l’halluciné ou d’un homme public…, parfois d’une langue étrangère.

2. Emission : l’halluciné articule avec ses lèvres, sa langue et tout son appareil locomoteur des mots, des propos qu’il ne prend pas à son compte. Il prétend qu’on se sert de sa langue avec une voix qui n’est pas la sienne. Parfois il établit un dialogue. Il accomplit un geste commandé par les voix soit passivement soit après discussion. Le discours lui est dicté avec immédiate obligation de le répéter à haute voix ; il le connaît seulement au fur et à mesure qu’il le prononce. Dans tous les cas, le langage est mécanique ; le malade se sent agent conscient mais passif et asservi. D’extraordinaires observations d’hallucination verbale et verbo-motirce sont retrouvées dans les cas historiques de prophétie, de sorcellerie et de démonopathie.

Dans l’hallucination psychomotrice graphique, le malade est amené a écrire des mots ou des phrases malgré lui ; il s’agit ou non d’un texte dicté. Ces hallucinations trahissent un trouble profond de la personnalité ; elles peuvent s’accompagner de désagrégation psychique.

Toute hallucination peut conduire à la construction d’un délire. Les hallucinés en particulier verbaux ont souvent un psychisme perturbé par des sentiments de jalousie, de haine, de méfiance, d’angoisse. Les hallucinations du langage apparaissent chez les sujets dont la personnalité est plus ou moins sévèrement atteinte.

Dans la genèse des hallucinations parlées, intervient l’abaissement du niveau de conscience, ce qui explique leur apparition fréquente et plus nette dans la période qui précède le sommeil, période d’endormissement.

Les hallucinations de divers modes s’associent, ce qui renforce la croyance du sujet en leur réalité. Au cours des intoxications alcooliques, par exemple, les hallucinations visuelles et tactiles sont combinées ; dans les délires démonopathiques, les hallucinations auditives et tactiles sont couvent associées.