Figure de style qui rapproche un comparé et un comparant, sans comparatif
(contrairement à une comparaison) Parfois, le comparé est
lui aussi absent. On parle de métaphore filée lorsque
la métaphore se prolonge et se développe en s'appuyant le
plus souvent sur des mots qui relèvent d'un même réseau
lexical.Un réseau lexical regroupe tous les mots qui désignent
des réalités ou des idées appartenant au même
thème (=le champ lexical) auxquels s'ajoutent tous les mots qui
à cause du contexte, et de leurs connotations, évoquent aussi
ce thème. Ici, le champ lexical sera celui du voyage d'aventure
et d'exploration, de la quête. "A metaphor is an invisible
web of terms and associations that underlies the way we
speak and think about a concept." (Baecker
et. al 147)
Lakoff & Johnson (1981) ont mis en évidence que la métaphore, loin de n'être qu'un effet décoratif de prose poétique ou de langage imagé, est constitutive de notre culture et a un effet structurant sur la pensée elle-même. Ils ont montré, en pointant particulièrement l'exemple des métaphores guerrières en usage pour parler de la discussion (combattre les arguments de..., attaquer les positions de ..., prendre pour cible... etc.)à quel point la métaphore fluidifie et colore la pensée en lui donnant une assise expérientielle, physique (sensorielle, kinesthésique) qui permet la compréhension et l'assimilation de certains nouveaux concepts abstraits. Lakoff parle de cognitive topology, "a mechanism by which we impose structure on space, in a way to give rise to spatial inferences" (Lakoff, 1988) Dans ce même ordre d'idées, Monique Linard (1994) estime que "L'incarnation de la connaissance dans un corps bio-psycho-physique et dans un environnement symbolique et social pré-existants n'est un facteur ni négligeable, ni séparable, mais constitutif de l'activité de connaissance." Tout en tenant compte du fait que le présent système d'aide est destiné à des adultes, il y sera néanmoins aussi souvent que possible fait référence à des aspects sensoriels et émotionnels liés aux différentes étapes et péripéties d'un voyage d'exploration (la démarche du chercheur, faire avancer le travail, suivre une idée, trouver une idée, se libérer des préjugés, etc.). Dans ce même ordre d'idées, nous nous proposos de choisir les images correspondant à ce que voit un marcheur au cours de son voyage : la texture du sol à certains moments, (marcher en regardant par terre), l'horizon à d'autres (voir loin), le paysage environnant (observer, questionner, chercher)... D'autres expériences - en particulier dirigées vers le développement du travail collaboratif et interdisciplinaire - ont montré l'importance de la métaphore : One of the most significant processes observed during the development of the micro-simulation model was the evolution of a commonb vocabulary. Propelled by the use of simile, analogy, and metaphor, this shared language set was, in fact, an intergrated version of the individual vocabularies used by each group. Interestingly, the meanging of certain termes and phrases were subtly altered as they moved across from discipline specific into a common vocabulary, creating a small collection of terms which had an interpretation unique to the cross-disciplinary activity itself. Paul Jeffrey (2000). |
A la métaphore du voyage, nous proposons, de combiner le mode du
récit, postulant - à la suite de Monique Linard (1994) - que
la forme narrative pourrait bien être "la structure cognitive
sous-jacente à tout discours et toute action humaine". Pour
développer son modèle d'apprentissage, Monique Linard se
fonde sur la théorie sémio-narrative de Greimas, qui permet
d'interpréter l'acte d'apprendre comme "la quête individuelle
d'objets particuliers, les objets de connaissance, par des acteurs-sujets
en situation évolutive d'interaction sociale polémico-contractuelle".
Linard estime que "En tant qu'expression langagière d'une activité
motivée par la quête, la forme narrative est au coeur de la
signification humaine." L'expédition ou le voyage d'aventure
représente à ce titre une métaphore de quête
particulièrement appropriée, du fait que dans le cas d'un
système d'aide à l'apprentissage destiné à
être utilisé à distance, elle peut établir "les
liens décisifs entre intention, action et signification propres
à l'activité humaine et si totalement étrangers à
l'opération des machines".
Pour assurer le plaisir, il sera veillé à ce que les unités d'information soient légères à feuilleter, et agréables à regarder, combinant texte courts et images de type simili (photos d'art, textures de qualité) éventuellement combinées à du graphisme appuyant la métaphore (p.ex. type "Corto Maltese", "Loane Sloane", ou autres voyageurs découvreurs explorateurs), provoquant des réactions sensorielles et physiques (détente par le [sou]rire, renforcement émotionnel par les couleurs chaudes ou froides, etc...). Les activités proposées seront variées et interactives, et renverront souvent le chercheur à des activités de groupe dont il lui reviendra de rendre compte, ce qui constituera pour lui l'expérience du "terrain", qui dans le cas présent est bien celui de l'écriture. Les activités narratives seront de nature orale et écrite, en groupe et solitaires. sachant que "le travail s'accomplit dans et par le récit, le narrateur disant souvent des choses qu'il ne sait pas qu'il sait, qu'il découvre en même temps qu'il les fait découvrir."(Bloch et Clouzot, p.47) Ce système d'aide à l'écriture ne pourra ainsi être réellement efficace que s'il est complété par un dispositif de tutorat personnalisé et de regroupements présentiels prévoyant des temps de travail en groupe. |
Le travail collaboratif sera donc encouragé et proposé sous
différentes formes dans le sens de - selon la jolie et très
pertinente formule de Burton, Brna and Treasure-Jones - collaborating
to learn rather than learning to collaborate. Dillenbourg &
Schneider ont confirmé l'efficacité spectaculaire des dispositifs
d'enseignement réciproque prévoyant l'échange des
rôles de tuteur/tutoré
Communication a-synchrone :
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