Dans le cadre du projet Européen Young Reporters for the Environnement, une vingtaines d'élèves (17-19ans) et 4 maîtres du Collège Calvin ont formé un projet intitulé :
"you become what you eat" goes the saying...
are we becoming genetically modified ?
Ce projet s'est concrétisé dans l'enseignement de la biologie (fondements scientifiques, du français (écriture journalistique), de l'anglais (traduction en anglais, la langue commune du projet européen).
Les grandes lignes du projet :
1.Etudes scientifiques approfondies. Les élèves ont étudié le génie génétique et ont effectué une recherche bibliographique de type review. Ces travaux s'inscrivent dans une démarche continue et structurante sur la rédaction de rapports scientifiques. Les recherches ont porté sur le maïs, le blé transgénique, la tomate "Flavr Savr" ou d'autres sujets plus liés à la médecine.
Durant cette phase les élèves ont tenté une collaboration européenne, à travers un Forum d'échanges avec les autres écoles des pays engagés dans des projets comparables : (Portugal , Grande-Bretagne, Danemark.)
2. Armés de ces fondements scientifiques les élèves ont abordé les médias locaux.
Cela a donné lieu à un travail sur l'écriture journalistique en collaboration avec le professeur de Français et à l'aide des informations du site YRE. Il en est résulté 3 articles pour les journaux locaux, dont un article en cours de publication à la Tribune de Genève Rive-lac. Les élèves ont abordé des journalistes à la télévision et ont obtenu des conseils très précieux, pour savoir gérer une interview, rédiger des questions (par exemple). Le nom du projet, sa nature européenne, et le titre de jeunes reporters pour l'environnement ont ouvert bien des portes.
3. Forts de ce savoir, les élèves ont interviewé des personnalités représentant diverses opinions
La télévision romande à réalisé une émission (Disponible en QuickTime : qualité mini, midi, maxi) sur le travail des jeunes reporters:
4.Confrontation des interview, débat. Un débat entre les différents groupes a aidé à prendre conscience du travail des autres groupes et de sa pertinence à la réflexion de chacun. Formation des groupes et choix des sujets d'étude:
Un groupe a étudié l'attitude des grands distributeurs et leur rôle dans la question des tests et de l'étiquetage en particulier
Un autre groupe a travaillé sur un cas précis d'interdiction de culture en champ d'OGM et sa justification par les autorités ainsi que les réactions des scientifiques concernés.
Un groupe a tenté de répondre à la question de la proportionalité : une quantité infime représente-t-elle un risque infime?
Un groupe tenté de découvrir si les OGMmodifient nos rapports avec le tiers-monde ?
5. Production finale par les élèves :
Ce projet s'est avéré très motivant pour les élèves,...et pour les profs. Il a été perçu comme plus en prise directe sur la réalité que l'enseignement traditionnel. Par la forcce des choses, avec ce type de projet,les limites traditionnelles des disciplines explosent. Il a un peu bousculé le fonctionnement traditionnel d'une école.
Il est à noter que les élèves ont pris eux-même les contacts et trouvé du temps tant pour acquérir les compétences que l'école ne pouvait pas leur offrir (journalisme) que pour réaliser les interviews, que cela leur a paru tout naturel.
De dispensiateur du savoir, l'enseignant devient metteur en scène de situations pédagogiques où l'interaction de l'élève avec le monde du savoir et le monde des adultes leur permet de créer leur propre savoir. Il leur fournit un cadre conceptuel et des outils de structuration leur permettant de construire leur projet.
Les élèves, emportés par leur enthousiasme, risquaient souvent de se noyer de se disperser. Il a fallu les aider à se focaliser sur une question, les pousser à laisser tomber d'autres aspects également intéressants.Les élèves ont eu, de manière variée selon les personnalités, de la difficulté à gérer le temps sur de grandes durées. Leur enthousiasme les a amené à sous-estimer tant les autres charges de leur travail scolaire, comme l'ampleur de ce qu'ils voulaient entreprendre. La capacité à gérer un projet dans le temps, à avancer d'autres aspect de leur projet en attendant une réponse pour un interview par exemple avait besoin d'être soutenue.
Les TIC ont joué un rôle essentiel dans ce projet : motivateurs par leur nouveauté, mais aussi un rôle de soutien logistique, ils suppléent en partie la discontinuité du temps qu'un enseignant partage avec ses élèves. Le temps devient moins morcelé, une continuité relative peut s'installer. Pourtant la nature non-invasive du courrier électronique permet de dépasser un peu la timidité des élèves, tout en préservant l'enseignant. Cela demande toutefois un accès très familier et très aisé aux moyens techniques du WEB, du courrier électronique.
Le rôle du site WEB a évolué : de simple vitrine du projet, destiné à motiver les élèves pour les pousser à soigner leurs travaux, il est devenu le lieu virtuel de la mise en commun, le lieu du consensus, un lieu assez familier, tout en étant public. Comme une terrasse de bistrot peut être un bon endroit pour se retrouver en vue de discuter un projet, tout en étant un lieu accessible à tous. Théoriquement tout un chacun pourrait entendre nos propos, mais le "bruit ambiant" l'abondance d'informations sur Internet, et le rythme de vie pressé rend simplement improbable que quiconque prenne la peine de nous écouter. En fait l'audience (compteurs à l'appui) de nos pages reste essentiellement confidentielle. Et des mesures de contrôle de l'accès risquent surtout de décourager les enthousiasmes fragiles, alors qu'il n'y a pas vraiment de problème à ce qu'on regarde nos pages.
Qui lit nos pages ? Dans la mesure où la recherche réalisée par les élèves est approfondie, construite et poussée, on arrive forcément à des pages qui nécessitent d'être lues. Evidemment on est loin des canons esthétiques du WEB qui privilégie le survol et les apparences plaisantes à une plongée dans un sujet ! En conséquence les élèves ont découvert que peu de gens hors du groupe ont lu l'ensemble de leur travail. C'est un coup dur pour la fierté justifiée face à leur travail, c'est aussi un palier dans la vie que de réaliser que la plupart des adultes jugent sans lire en entier.
La technique au second plan. On aurait pu imaginer que la fascination technique du projet (Informatique, pages WEB, Internet,...) l'emporte sur le contenu. Finalement non. Un élève s'est d'abord passionné pour son site WEB, puis a passé à autre chose, et je me suis retrouvé en train de convertir pour le WEB les pages par dizaines. J'ai choisi de ne pas accorder trop d'importance à la forme et à la mise au point du site pour avoir le temps d'être réellement présent avec les élèves.
Il ressort clairement que, pour un projet de ce type, l'intensité du suivi avec les élèves est encore plus important que la poursuite d'une perfection graphique sur le WEB.
La collaboration a fonctionné à des degrés divers :
Inter-élèves : En local, elle a lentement démarré, mais grâce à la stimulation de l'évaluation, elle s'est bien développée. (Il a fallu inventer des mécanismes de motivation des élèves à travailler en commun, à partager leurs informations. Une pression par l'évaluation et les notes y a contribué)
Avec les autres élèves européens, elle n'a jamais vraiment démarré. La trop grande rareté des messages sur le forum, sans doute causée par les difficultés techniques, ont rapidement épuisé la patience et l'enthousiasme des élèves. Il semble que les jeunes d'autres pays impliqués aient eu au moins autant de difficultés à collaborer sur ce plan international.Inter-collègues : bien qu'associés au projet dès le départ, l'implication des enseignants a été très variable. On peut citer la présence restreinte dans l'établissement scolaire du responsable du projet comme facteur défavorable, la difficulté technique d'internet, la disponibilité en période de bouleversement des programmes, etc.
Les élèves ont été surpris de réaliser
que sur un point précis, leur connaissances
scientifiques étaient souvent égales ou supérieures à
celles de leurs interlocuteurs. Sentiment flatteur et un peu déstabilisant
pour certains.
Ils ont été souvent sous-estimés par leurs interlocuteurs, ce qui leur a parfois permis de prendre au dépourvu leur interlocuteur et d'obtenir certaines révélations.Au passage, ils ont aussi découvert la force que donne le savoir de celui qui a pris la peine de connaître son sujet !
Les élèves ont été surpris de certaines pratiques qu'ils ont trouvées éthiquement discutables :
Par exemple le responsable des tests d'un grand distributeur qui ne déclare pas les OGM à moins de 1% alors que la loi n'a actuellement pas cette tolérance.
Ou le représentant d'une grande firme alimentaire qui fait réviser son interview et édulcore toutes les affirmations chiffrées (quelques centaines devient plusieurs)."Mais c'est pas ça qu'il a dit on a la cassette !"
Ou un chimiste cantonal qui refuse que son interview soit publiée.
Ou la porte-parole d'un grand distributeur qui leur répond très aimablement, puis les élèves découvrent dans les coupures de presse qu'elles ont rassemblé une interview d'une autre personne de la même firme où elles retrouvent quasiment les mêmes mots. Mais alors on s'est fait blouser ?
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