Michaël, Jérôme et Luca, 2Ca présentent :

Devient-on ce que l'on mange

Est-il scientifiquement admis que de l'ADN étranger peut s'introduire dans notre génome par l'alimentation ?
Si on l'admet, le seuil de 1-2% (dont on discute en ce moment) d'OGM dans un produit a-t-il un véritable sens ?

par les

Young reporter for the environnement

Résumé de cet article


TABLES DES MATIÈRES

I. Introduction.

II. Méthode.

III. Résultats.

IV. Analyses.

V. Bibliographie.

VI. Remerciements.


I. INTRODUCTION

"Entre peur et fascination" , "l'espoir et la crainte", Le génie génétique inspire aux profanes mais aussi aux scientifiques des sentiments radicalement ambivalents. Dès que le débat OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) reprend, dès que Novartis ou l'OFEFP (re-)défrayent la chronique, on nous rabâche les oreilles avec les risques liés aux plantes transgéniques. Certes, ils existent - nous les récapitulerons. Mais quand le consommateur se met à craindre, quand il tente de trouver un repère parmi les rumeurs entendues et les (pseudo-)connaissances acquises, des peurs qui feraient rire les généticiens voient le jour ; et qui plus est, on imagine des risques qui n'ont pas un lien direct avec les génie génétique - ce qui prouve peut-être que les nouvelles connaissances ne reposent pas sur des bases solides (cf. fig. 1). Ainsi, on se demande par exemple si en mangeant des aliments issus d'OGM, les "gènes passeront [] dans notre corps " . En substance, la réponse est la suivante : qu'il s'agisse d'OGM ou non, les gènes de nos aliments ne s'intègrent pas à nos propres gènes (pour beaucoup, il faut aussi préciser que l'on mange quotidiennement des millions de gènes). Mais la "génoxénophobie" demeure (car on ne veut pas d'éléments étrangers chez nous), et c'est pourquoi nous nous sommes demandés, en observant les questions qui se posaient à propos du génie génétique : le transfert d'ADN étranger dans notre génome serait-il possible ? Cette interrogation nous est apparue d'autant plus importante que depuis un certain temps, on discute pour fixer un seuil de 1 à 2 % d'OGM dans un aliment, afin de pouvoir exempter l'étiquette de la mention "OGM" si le produit contient de ces éléments en dessous de ce seuil. Or si le transfert potentiel de gènes (notre première question) est vérifié, nous nous demandons s'il est judicieux de faire des raisonnements de proportionnalité en ce qui concerne de l'ADN. Voilà la matière ; voici les questions : est-il scientifiquement admis que de l'ADN étranger peut s'introduire dans notre génome par l'alimentation ? Si on l'admet, le seuil de 1-2% d'OGM dans un produit a-t-il un véritable sens ? Les interrogations seront abordées d'un point de vue scientifique dans un premier temps, puis l'on tentera de déterminer leur valeur véritable et leur impact sur le consommateur.

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II. MÉTHODE

Lors du premier rassemblement des Jeunes Reporters pour l'Environnement de Calvin, nous avons défini plusieurs sujets en rassemblent les interviews faits durant le deuxième trimestre. Ensuite, des groupes d'étudiants se sont formés. Nous avons choisi le sujet dont traitera le présent rapport. Puis, tout au long du mois de mai, notre professeur de biologie, "responsable" du projet J.R.E. a accueilli les groupes les uns après les autres pour faire un bilan de nos recherches et pour nous aider. Nous devions nous informer sur notre sujet. Nous nous avons travaillé à partir d'un "article de base ". L'e-mail a été un moyen de communication prépondérant tout au long de ce rapport, pour faire chercher l'information chez les spécialistes, mais aussi pour la partager entre reporters. Nous avons contacté Béatrice Pellegrini pour lui confronter notre doute quant à l'impossibilité de transfert d'un gène, ce qu'elle avait précisé dans un interview précédent. Estella Poloni, du Département d'Anthropologie et d'Écologie de l'université de Genève, a lu l'article de M. Doerfler (article de base) pour nous expliquer l'essentiel et pour voir si il y avait eu des suites. M. Strubin, de la Faculté de médecine de Genève, nous a fait aussi ses commentaires Nous avons contacté plusieurs fois le BATS (institut pour la biosécurité en CH) ; malheureusement, ceux-ci ne nous ont pas donné de réponses. Les livres sur le génie génétique ne parlent pas de cet éventuel risque ; pour ce qui est des différents journaux, on en parle très peu ; quant à Internet on n'y a rien trouvé ! D'une manière générale, l'information a été difficile à trouver, car comme c'est un risque rare, on en parlait pas, ou sans nuance dans des articles moins précis, vulgarisateurs ; il a fallu donc prendre du recul par rapport à l'information et prendre largement en compte les auteurs, et déterminer les destinataires des textes. En fait, c'est par la communication direct (via e-mail) que nous avons pu en savoir plus !

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III. RÉSULTATS

Voici la liste des informations trouvées :

a. Articles de journaux

b. Sites WEB

c. E-Mails

d. Interviews

e. Vidéo

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IV. ANALYSES

1. Risques liés aux OGM

En cette fin de siècle, la polémique sur le génie génétique semble faire rage Doit-on craindre l'arrivée d'aliments génétiquement modifiés dans nos assiette ? L'être humain doit-il craindre pour sa santé ? Voici en revue les risques éventuelles des OGM :

2. De l'ADN étranger dans notre génome ?

Nos réponses se basent sur un article de Walter Doerfler . Ce généticien allemand et son équipe ont en effet réalisé une expérience pour prouver que de l'ADN peut s'intégrer dans un autre organisme. Compte tenu de la difficulté de compréhension de cette recherche, nous allons tenter de l'expliquer. Ces chercheurs ont nourri des souris blanches avec des aliments contenant de l'ADN nu du virus M13 (bactériophage). Pour prélever des échantillons de tissu de la souris, ils ont apparemment dû mettre fin aux jours des petites bêtes. Ils ont ainsi observé que des fragments d'ADN ont échappé au processus de digestion ; normalement, les molécules d'ADN sont décomposées par les enzymes nucléases en molécules monomériques (nucléotides en bases azotées, en phosphate et en sucres, protéines en acides aminés). Dès l'entrée en bouche, puis dans le tube digestif, l'estomac et pour finir dans l'intestin, l'ADN est à plusieurs reprises livrés aux enzymes. Mais dans le cas de Doerfler, l'ADN (viral) n'a pas été complètement détruit en éléments simples : certains segments ont réussi à pénétrer la muqueuse intestinale, avant de continuer leur voyage dans le sang, puis la rate et le foie ; d'autres sont restés dans l'intestin (cf. fig. 2). A ce stade, les fragments d'ADN restants sont encore capables de s'insérer dans une cellule. Dans les vaisseaux sanguins, des cellules leucocytes intègrent ces segments jusque dans leur noyaux (en passant par le cytoplasme), pour stimuler la réaction immunitaire contre ces éléments étrangers. Dans des cellules de la rate et du foie, les chercheurs ont trouvé des segments composés jusqu'à 976 paires de bases. Ils ont trouvé par exemple dans la rate un gène qui correspond à 70 % à un fragment d'ADN de virus. Les soupçons des chercheurs existaient déjà depuis une vingtaine d'années, en ce qui concerne la transmission d'ADN provenant d'aliments ingérés. Mais selon ces expérimentateurs, c'est la première fois que l'on retrouve de tels bouts d'ADN sous forme de longues molécules en dehors de l'intestin. S'il est possible que de l'ADN passe dans le sang et dans les cellules, il faut encore que tous les paramètres soient réunis pour que cet ADN soit transcrit etc., ce qui relève presque de l'impossible. Or un gène présent dans une cellule n'aura aucune conséquence sur l'organisme s'il ne peut pas s'exprimer. L'équipe de Doerfler n'a en tout cas pas observé la synthèse d'une nouvelle protéine. Mais une autre expérience a prouvé que des souris avaient produit de nouvelles protéines pour lutter face au virus de la grippe, après qu'on leur a injecté des gènes étrangers. Dans tous les cas, l'assimilation d'ADN n'est pas définitive ; les fragments d'ADN "survivent" un jour tout au plus. Cela laisse supposer un mécanisme d'expulsion d'ADN étranger, notamment car ces fragments sont rapidement pris en charge par les leucocytes, cellules de défense de l'organisme qui visent justement à les éliminer.

3. Quelles conséquences ?

Quel impact chez le consommateur ? Nous l'avons vu, le transfert d'un gène dans le noyau d'une cellule est un événement déjà rare. Mais admettons simplement qu'un gène se soit intégré et soit maintenant combiné à l'ADN normal d'une cellule. Dès lors, comme s'il était dans une cellule de l'organisme d'origine, ce gène va peut-être s'exprimer , c'est-à-dire qu'il va synthétiser la protéine dont il détient le code. Le gène en lui-même ne représente aucun danger : c'est la substance qu'il produit qui peut, d'une manière ou d'une autre, être nocive à l'homme. Émettons maintenant des hypothèses. De deux l'une : si un nouveau gène s'insère dans une cellule hôte située sur la peau, alors potentiellement une nouvelle protéine serait produite à cet endroit ; puis la cellule mourra vite et même si la substance créée est nocive, elle n'aura pas eu le temps d'être produite en grande quantité. Mais supposons maintenant qu'un gène parvienne à s'exprimer dans une cellule du foie (ce qui est encore plus probable qu'une cellule de la peau, comme le montre l'expérience de Doerfler). La substance synthétisée par le nouveau gène pourrait être nocive pour l'être humain. A cet endroit du corps, la cellule se reproduit facilement. Un être humain produirait alors un poison contre lui-même. Hypothèses absurdes Si on examine ces suppositions à part entière, elles nous semblent aberrantes. Nous parlons en effet d'une manipulation génétique complète (c'est-à-dire qu'elle aboutit à la synthèse d'une protéine encore non produite par l'organisme) de l'homme au moyen.. d'un repas ! Il est facile de détruire cela en faisant remarquer que la thérapie génique, qui peine à se montrer efficace, tente justement d'insérer par la biotechnologie moderne (et non pas en mangeant des légumes) chez l'homme des gènes qui lui seraient utiles. En outre, autre point révélateur du caractère infondé ce cette " transgénèse par ingestion ", il faut se rendre compte que cela fait des millions d'années que l'être humain ingurgite des gènes essentiellement étrangers (les cannibales faisant exception), sans pour autant acquérir des caractères génétiques visibles provenant de ses aliments ! Toutefois, le présent travail n'aurait pas lieu d'être si le risque était "zéro" (on parle commodément de risque de transmission, mais il s'agit a priori de possibilité, si l'on a pas encore apprécié le danger) - la sécurité absolue, en science du moins, n'existe pas. En effet, notre génome est "jonché" de séquences d'ADN étranger, auxquelles on attribue l'origine de certains cancers. Nous sommes les victimes de virus et rétrovirus qui nous injectent en plus de l'ADN viral, des segments d'ADN glanés ci et là. La question a donc, là, un sens concret. Et mentionnons l'objectif de l'article de Doerfler, dont on soupçonnait paradoxalement depuis longtemps ce qu'il semble révéler : " Nous avons publié cet article afin de montrer une possibilité qu'on se refusait à envisager jusqu'ici. " Comment alors estimer la valeur du risque par rapport aux autres risques liés à l'alimentation ? (cf. IV, 1) Les moyens de répondre à cette question se trouvent dans les articles vulgarisateurs qui cataloguent les risques liés aux aliments transgéniques. Précisons déjà que l'on trouve mentionné à peu d'endroits ce risque potentiel. Dans le dossier du Temps (époque de la votation fédéral), un paragraphe est consacré à ce risque. ce transfert dans le génome humain " n'est pas réaliste ". Plus révélateur, un texte de Laurent Roux (Faculté de médecine de l'université de Genève) détracte une à une les " craintes infondées ", aussi bien relatives aux allergies et à la toxicité qu'à la transmission d'un gène (en l'occurrence d'un transgène) étranger chez l'homme. Pour lui, " nous ne mangeons pas de l'information. Affirmer le contraire reviendrait à soutenir, par analogie, que dans le potage aux petites lettres, la valeur nutritive change en fonction du message que peuvent former les pâtes au fond de l'assiette, et que certains messages peuvent rendre le potage indigeste ", Apparemment, toujours " par analogie ", le risque que le mot formé dans le bouillon demeure ainsi composé dans le corps humain n'est pas soupçonné. Mais cet article montre par ailleurs et surtout que la possibilité de transmission, aussi détruite qu'elle soit, est mis presque sur le même pied que le risque concernant toxicité et allergie. Est-ce simplement par égard à un néophyte de la biologie moléculaire, comme bon nombre de consommateurs, ou est-ce pour faire disparaître la crainte de ceux qui s'intéressent déjà plus au sujet ? La réponse se situe sûrement à mi- chemin entre les deux. Conséquences avec un transgène Le chimiste cantonal de Genève prétend lui-même dans une récente interview que " les OGM ne sont pas dangereux pour la santé ". Cela, à notre avis, reste à prouver. Pour ce qui est du risque de transfert d'un gène, la provenance de l'ADN étranger n'est pas déterminante. Comme le dit Madame Poloni, " des gènes de salade bio sont aussi étrangers à notre patrimoine génétique que des gènes de soja transgénique ". Car ce qu'il faut savoir, c'est que l'homme n'a pas encore "inventé" de nouveaux gènes. Par le génie génétique, il insère un gène dont on dira qu'il est nouveau uniquement vis-à-vis de l'organisme modifié. Par exemple, le gène qui procure au maïs Bt la résistance à la pyrale est un gène qui existe dans un autre organisme. Le débat " risque des OGM " ne se situe pas au niveau de cette question. Et pourtant, les informations traitant de ce sujet ont été trouvées là où on parlait de génie génétique ; ce qui prouve que le consommateur se pose parfois des questions presque infondées à propos des OGM. De ce fait, les scientifiques ont dû s'efforcer d'expliquer la vérité d'une part, mais cela a peut-être d'autre part suscité une réflexion plus poussée au niveau de cette transmission d'ADN étranger. A notre avis, rien n'indique a priori que la consommation de plantes transgéniques ne favoriserait plus l'implantation d'un nouveau gène, ou si l'intégration se confirme, que le "degré" de modification soit plus important avec un transgène qu'avec un gène provenant d'un organisme traditionnel. Toutefois, l'homme a depuis toujours soigneusement évité les plantes qui pouvaient lui être nocives : Si un gène dangereux est rajouté dans une plante couramment consommée, ce gène s'insérant, des problèmes pourraient voir le jour. Mais cela reste bien hypothétique ; un légume ou un fruit transgénique ne se distingue de son homologue normal par la présence de seulement un ou deux gènes supplémentaires sur une totalité de plusieurs milliers de gènes ! Il faudrait encore que le transgène et pas un autre se combine. Ne nous leurrons donc pas : face à l'impressionnante polémique suscitée par l'arrivée d'aliments transgéniques dans nos assiettes, il ne faut pas extrapoler et inclure dans la méfiance face aux OGM un risque qui est en rapport avec l'alimentation en général.

4. Le seuil de 1% d'OGM dans les aliments a-t-il un sens ?

En ce moment en Suisse et dans le reste de l'Europe, on parlemente afin de fixer un seuil de pourcentage d'OGM dans les aliments ; de cette manière, les revendeurs pourraient exempter l'étiquette des produits contenant des OGM, si la quantité est inférieure à ce seuil. Mais ce seuil a-t-il un véritable sens si l'on prend en considération le risque de transfert dont a traité jusqu'ici ? Objectifs de ce seuil Cette décision a été prise pour faciliter le commerce aux entreprises. Cela leur évite en effet d'être trop strict avec les fournisseurs (fermiers, transporteurs, etc.). L'origine des produits certifie sa qualité (sans OGM), mais on ne peut pas toujours garantir que des OGM ne se soient pas liés en très faible quantité à la marchandise normale. Ainsi, les commerçants évitent d'effrayer l'acheteur avec la mention OGM. Cette décision n'est donc que purement politique. C'est en outre l'avis de la Migros et du chimiste cantonal de Genève . Ce dernier a par ailleurs fait remarquer que l'objectif de fixer un seuil " n'est pas lié à la santé ". Certes, mais a-t-on pris en compte le danger pour la santé ? Pour le consommateur qui se fiche des OGM, le problème ne se pose pas. Mais pour celui qui tente d'éviter les aliments transgéniques, il se confrontera à des dilemmes :

5. Conclusion

Le risque d'insertion d'un gène est donc un risque très infime, mais que l'on doit malgré tout prendre en compte. Notamment vis-à-vis d'une nouvelle loi sur le pourcentage d'OGM, ce danger devrait ébranler quelque peu les législateurs. Mais le débat des risques concernant les OGM ne situe pas vraiment ici. Un gène ou un transgène aura de toute façon été créé par la nature, et bien des gènes sont responsables de substances beaucoup plus nocives que les malheureux transgènes. Le problème réside en cela que si le consommateur est atteint d'une manière ou d'une autre par un OGM, il saura à qui se plaindre ; la responsabilité de l'homme peut causer de sévères répressions. Mais si un accident se produisait avec un aliments normal, même s'il eût été bien plus grave, personne ne se plaindrait : contrairement à un groupe d'humain, mère Nature est intouchable ; elle nous a tous créés.

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V. BIBLIOGRAPHIE

Se référer au chapitre Résultats pour obtenir les références des sources d'informations.

VI. REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier vivement les scientifiques qui ont répondu à nos questions (cf. point III. Résultats), à savoir Estella Poloni, Béatrice Pellegrini et Michel Strubin. Nous sommes aussi reconnaissants à Antonin Reymond, qui par le biais de l'avocat Benoît Chappuis nous a fourni les textes de la loi suisse en rapport avec les OGM.

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juin 99