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2.2 Perception visuelle

La perception des messages visuels dépend de l'acuité visuelle du sujet, c'est-à-dire sa capacité à percevoir des objets selon le rapport entre la grandeur de l'objet et la distance entre l'oeil et l'écran. Pour décrire les dimensions d'un objet indépendamment de la distance oeil-écran, on précise l'amplitude de l'angle visuel. Le concepteur peut tenir compte de problèmes d'acuité visuelle en jouant sur la taille des objets présentés. D'autres facteurs influencent la perception: la couleur, la brillance et le contraste.

La perception de la couleur repose sur la longueur d'onde, allant du bleu pour les ondes les plus courtes au rouge pour les plus longues. Notre oeil perçoit les ondes entre 400 et 700 nanomètres (nm). En dessous de 400 nm, on parle d'ultraviolet et au-dessus de 700 nm on parle d'infrarouges. Entre 400 et 700 nm, notre oeil discrimine environ 128 longueurs d'onde différentes. La perception des couleurs est plus fine pour les zones 'jaune' et 'bleu-vert' (Thomson P, 1984). Pourtant, l'oeil est capable de discriminer environ 7 millions de couleurs (Dix. et al, 1993), car sa perception est également influencée par deux autres facteurs, la saturation et la brillance.

La saturation est la quantité de blanc ajoutée à une couleur, le rose étant par exemple un rouge non-saturé. La brillance est un concept psychologique, c'est une réponse subjective à la lumière. La luminosité est une mesure objective de la lumière reflétée par une surface. La brillance devrait être proportionnelle à la luminosité mais elle est influencée notamment par des effets de contraste (voir figure 2.1). Le contraste est définit par la formule suivante (Thomson P, 1984):

Contraste = (Lmax + Lmin) / (Lmax - Lin)

où Lmax et Lmin représentent les luminosités maximale et minimale.

Figure 2.1 : Effet du contraste sur la perception de la brillance (les deux carrés centraux ont la même brillance) (selon Thomson, 1984).

Il ne faut pas confondre la capacité de l'oeil à percevoir une différence de couleur entre 2 pixels (afin de détacher par exemple un objet du fond de l'image) et la capacité cognitive à nommer une couleur. La première capacité permet de différencier plusieurs millions de couleurs, la seconde une dizaine (Thomson, 1984).

Environ 8% des hommes et 1% des femmes ne peuvent discriminer le rouge et le vert (Dix et al., 1993). Cela ne signifie pas qu'il faille éliminer ces couleurs d'un logiciel. Cependant, dans le cas où la discrimination de ces couleurs jouent un rôle important dans le logiciel, il n'est pas inutile d'associer une autre code a chaque couleur. Cette information sera redondante pour la plupart des utilisateurs, sauf pour les daltoniens. C'est le cas de feux rouges: confondre le rouge et le vert serait dramatique si ces couleurs n'étaient pas placées à des positions bien différentes.

La luminosité augmente l'acuité visuelle, la profondeur de champ (par réduction du diamètre de la pupille) et diminue les problèmes de reflet. Elle augmente par contre la perception du scintillement de l'écran (Thomson P., 1984). Lorsqu'une lumière apparaît et disparaît très vite, l'homme la perçoit comme constante sauf si la fréquence d'affichage est inférieure à 50 Hz (voir fonctionnement des écrans dans le module précédent). Il arrive que le sujet perçoive le scintillement d'un écran dont la fréquence dépasse 50 Hz lorsque la luminescence est très forte. En outre, la sensibilité au scintillement est plus forte dans la vision périphérique, ce qui explique que l'on perçoive plus de scintillement dans les grands écrans.

L'information perçue est stockée pendant une très brève durée dans la mémoire sensorielle, un registre propre à chaque modalité sensorielle (vue, ouïe ou toucher). L'information visuelle y reste environ 0,5 seconde. Par conséquent, un objet présenté à deux endroits différents de l'écran en moins de 0,5 seconde sera perçu comme présent simultanément à deux endroits (Dix et al., 1993). A la différence du buffer dont disposent certains périphériques d'entrée, les stimuli stockés en mémoire sensorielle ne sont pas nécessairement traités dans l'ordre de leur entrée. On observe par exemple un effet de 'backward making': un son est plus difficile à identifier lorsqu'il est suivi par une son semblable que lorsqu'il est suivi d'un silence (Thomson N., 1984). La capacité de stockage de la mémoire sensorielle ne serait pas déterminée par une quantité maximale d'information, mais par le temps nécessaire pour traiter cette information (Thomson, 1984). Par exemple, un sujet parlant vite arrive à retenir de plus longues séquences de chiffres. Il semble que la mémoire sensorielle serve tant de 'buffer' d'entrée que de 'buffer' de sortie, notamment au niveau de la parole et du mouvement des doigts (dactylographie). La mémoire sensorielle ne doit pas être confondue avec la mémoire à court terme au sein de laquelle l'information peut être conservée de façon volontaire.