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1.2.1.1.1 Le clavier
Bien que l'avenir proche accordera certainement un rôle central aux
systèmes à commande vocale, le clavier reste actuellement
le principal canal de communication entre l'utilisateur et le système.
Lorsqu'une touche est pressée, le clavier transmet un signal au
système, généralement un nombre (code ASCII) correspondant
au caractère pressé. Le nombre de signaux qui peuvent être
émis est supérieur au nombre de touches du clavier car plusieurs
touches peuvent être enfoncées simultanément, par exemple
la touche 'majuscule' et une touche caractère. Un clavier comporte cinq
types de touches:
- Les touches 'caractère' correspondent au clavier d'une machine
à écrire. Le clavier en comporte généralement moins
de cinquante, ce qui couvre une utilisation standard, dans une langue
donnée. Les caractères inhabituels dans une langue (par exemple
le ü ou le ç dans un clavier américain) et autres symboles
rares (par exemple, certains signes mathématiques), sont
généralement disponibles en pressant simultanément une
touche 'caractère' et une touche 'spéciale'.
- Les touches 'spéciales' telles 'majuscule' (ou 'shift'), 'option' ,
'contrôle', 'pomme' ou 'meta' (selon les claviers) modifient le signal
associé à une touche particulière, soit afin de lui
associer un autre caractère, soit afin de communiquer une commande.
L'adjonction de telles touches permet de réduire le nombre de touches
dans un clavier. En réduisant le nombre de touches (jusqu'à une
certaine limite), on réduit la distance que doivent parcourir les
doigts. Par contre, on augmente les exigences quant à la coordination
des mouvements de doigts et la difficulté d'apprentissage du clavier.
Ainsi, Hammond et Barnard (1984) ont testé un langage de commandes
comprenant de nombreux caractères qui nécessitent l'utilisation
de la touche 'shift'. Ils rapportent que dans la moitié des erreurs le
sujet avait pressé la bonne touche du clavier, mais avait omis de
presser 'shift' ou, inversement, qu'il l'avait pressé alors qu'ils
n'aurait pas dû.
- Les touches 'fonction' transmettent au logiciel des commandes telles que
'imprimer', 'justifier', 'faire passer l'objet en arrière plan'. Sur
certaines touches figure le nom de la commande (par exemple 'print screen'). Un
ensemble de touches, généralement séparées du
clavier principal, portent un nom neutre (F1,F2,...). Leur effet varie de
programme en programme. Certains systèmes permettent à
l'utilisateur d'associer une nouvelle fonction ou séquence de fonctions
(macro) à une touche. Un cache en papier peut être placé
près de ces touches afin d'en indiquer les effets. Ces touches
étant en nombre limité, elles sont généralement
réservées aux fonctions le plus fréquemment
utilisées. Dans de nombreuses applications, d'autres commandes peuvent
être transmises en combinant d'une touche 'spéciale' avec une
touche 'caractère' (par exemple sur Mac, option + C signifie "coller").
Lorsque cette combinaison active une commande par ailleurs disponible dans un
menu, elle porte le nom de 'raccourci-clavier'.
- Le pavé numérique comprend les touches d'une calculette: les
chiffres, la virgule ou le point, et les opérations arithmétiques
fondamentales. Il s'avère plus efficace que les touches du clavier
normal lorsque l'utilisateur doit introduire une longue série de
nombres. On peut ajouter un pavé numérique indépendant du
clavier principal.
- Les touches 'curseur' qui permettent le déplacement du curseur.
Nous en parlons dans la section suivante.
- Afin de faciliter la frappe, certains ergonomes ont imaginé des
claviers arrondis ou des supports permettant de poser la base de la paume de la
main. L'inclinaison de certains claviers est réglable par l'utilisateur.
Les études empiriques n'ont cependant pas pu mettre en évidence
que l'inclinaison (Emmons & Hirsch, 1982) ou la hauteur du clavier (Suther
& McTyre, 1982) aient un effet significatif sur l'entrée de texte.
Tout ce qu'on a pu montrer est que les préférences des
utilisateurs varient, notamment selon leur taille et la longueur de leur main
(Potosnak, 1988). Pour permettre ces variations, l'angle du clavier doit
pouvoir varier de 15% (ibidem.).
Lorsque les touches n'offrent pas un
feed-back tactile (touches à effleurement), il est utile de
prévoir un feed-back sonore ou visuel. Les téléphones
actuels combinent même souvent le feed-back tactile, auditif et visuel.
Le son de la touche peut être soit mécanique (comme dans un
clavier normal), soit généré par le système. Dans
ce cas, il est intéressant que l'utilisateur puisse régler le
volume du feed-back sonore, en particulier si d'autres personnes travaillent
autour de lui. L'efficacité de ce feed-back sonore est réduite si
le délai entre la pression du touche et la perception de feed-back
(sonore ou visuel) est trop longue, et elle est moindre pour les utilisateurs
disposant de bonnes compétences dactylographiques (Potosnak, 1988). Dans
l'exemple du téléphone, la présence du feed-back sonore
immédiat modifie le rôle du feed-back visuel, lequel devient
surtout utile pour vérifier le numéro a posteriori.
Une différence importante entre les claviers réside dans la
disposition des lettres. Ces différentes dispositions, décrites
par les 6 premières touches du clavier (en haut à gauche) ont
donné lieu à beaucoup de controverses. La disposition actuelle du
clavier QWERTY (ou QWERTZ en Suisse) ne se justifie pas par des facteurs
ergonomiques. Le choix de cette disposition remonte à 1878, au temps des
premières machines à écrire mécaniques: les lettres
fréquemment juxtaposées dans un texte avaient alors
été éloignées sur le clavier afin d'éviter
que les bras portant les caractères ne se coincent mutuellement.
D'autres distributions des lettres ont été
étudiées. La disposition des lettres en ordre alphabétique
semble ne pas donner de résultats supérieurs au clavier QWERTY
(Potosnak, 1988). La disposition Dvorak (du nom de son auteur) place au centre
de chaque main les lettres les plus fréquentes de telle sorte qu'il y
ait alternance des mains. Les études comparant ce clavier et le clavier
QWERTY indiquent un gain de vitesse qui varie de 2,3 à ... 50%!
(Potosnak, 1988). Néanmoins, le fait que des millions de personnes
connaissent le clavier QWERTY constitue une force d'inertie plus puissante que
les facteurs purement ergonomiques. Cette anecdote est intéressante car
elle montre que les problèmes ergonomiques peuvent sortir du cadre
technologique et psychologique qui est le nôtre et se heurter à
des obstacles de nature sociologique. En ce qui concerne la disposition des
touches du pavé numérique, il semble que la disposition de type
'téléphone' (la ligne '1 2 3' en haut) soit
légèrement supérieure à la disposition de type
'calculette' (la ligne '7 8 9' en haut) (Potosnak, 1988), probablement parce
que la plupart des sujets sont plus familiers avec un téléphone
qu'avec une calculette.