La
séparation des conjoints est symboliquement une opération
chirurgicale douloureuse, mais le plus souvent salutaire, elle correspond
au concept psychanalytique de castration. Les hommes et les femmes, qui
sont proches de la rupture et se posent la question du divorce, consultent
souvent le psychiatre analyste et prennent leur décision au cours
de leur psychothérapie. Pendant des décades, on a ainsi accusé
les psychanalystes d’inciter leurs patients à divorcer. En fait,
celui-ci incite simplement son patient ou sa patiente à faire l’analyse
de sa situation conjugale, de son point de vue, mais aussi du point de
vue de l’autre. Cette analyse aboutit souvent à la prise de conscience
d’un échec définitif. Au cours de sa psychothérapie,
le patient comprend ce qui, au niveau de son inconscient et de celui de
son conjoint, est à l’origine de cet échec et comment leur
relation amoureuse est devenue une relation pathologique. C’est alors qu’il
décide d’y mettre fin avant qu’elle ne produise, en chacun, des
dommages irréversibles. Pour cela, le patient prend appui sur son
thérapeute en position de père symbolique, il peut ainsi,
plus facilement, désinvestir son conjoint et accepter l’amputation
narcissique qu’elle représente pour lui. Avant de prendre sa décision,
le patient doit surmonter sa peur de l’annoncer à l’autre, son angoisse
de se retrouver seul, sa tentation de fuir en avant, ou en arrière,
en se fixant amoureusement sur n’importe qui. Dans ces moments de crise,
de pré-rupture, chacun des conjoints à tendance à
agir plutôt qu’à réfléchir. La plupart des passages
à l’acte pourraient être évités, si chacun acceptait
de réfléchir, auprès d’un psychothérapeute,
au cours de la procédure de divorce.La séparation résout
la crise conjugale, mais pas les complexes psychologiques de chacun des
conjoints. Quand il n’y a pas de psychothérapie engagée,
on assiste le plus souvent à un repli narcissismes du conjoint abandonné,
du fait de la réactivation de son angoisse de castration, c’est
le cas des hommes en général qui deviennent alors misogynes
et même misanthropes.
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