LA SEPARATION, UNE OPERATION DOULOUREUSE, MAIS SALUTAIRE (PARFOIS !)
La séparation des conjoints est symboliquement une opération chirurgicale douloureuse, mais le plus souvent salutaire, elle correspond au concept psychanalytique de castration. Les hommes et les femmes, qui sont proches de la rupture et se posent la question du divorce, consultent souvent le psychiatre analyste et prennent leur décision au cours de leur psychothérapie. Pendant des décades, on a ainsi accusé les psychanalystes d’inciter leurs patients à divorcer. En fait, celui-ci incite simplement son patient ou sa patiente à faire l’analyse de sa situation conjugale, de son point de vue, mais aussi du point de vue de l’autre. Cette analyse aboutit souvent à la prise de conscience d’un échec définitif. Au cours de sa psychothérapie, le patient comprend ce qui, au niveau de son inconscient et de celui de son conjoint, est à l’origine de cet échec et comment leur relation amoureuse est devenue une relation pathologique. C’est alors qu’il décide d’y mettre fin avant qu’elle ne produise, en chacun, des dommages irréversibles. Pour cela, le patient prend appui sur son thérapeute en position de père symbolique, il peut ainsi, plus facilement, désinvestir son conjoint et accepter l’amputation narcissique qu’elle représente pour lui. Avant de prendre sa décision, le patient doit surmonter sa peur de l’annoncer à l’autre, son angoisse de se retrouver seul, sa tentation de fuir en avant, ou en arrière, en se fixant amoureusement sur n’importe qui. Dans ces moments de crise, de pré-rupture, chacun des conjoints à tendance à agir plutôt qu’à réfléchir. La plupart des passages à l’acte pourraient être évités, si chacun acceptait de réfléchir, auprès d’un psychothérapeute, au cours de la procédure de divorce.La séparation résout la crise conjugale, mais pas les complexes psychologiques de chacun des conjoints. Quand il n’y a pas de psychothérapie engagée, on assiste le plus souvent à un repli narcissismes du conjoint abandonné, du fait de la réactivation de son angoisse de castration, c’est le cas des hommes en général qui deviennent alors misogynes et même misanthropes.

Tiré de Robert Viry
« Psychopathologie de la vie amoureuse – Etudes de cas »
Presses universitaires de Nancy, 1998
 
 
 
 

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