A 12 h 20 ce lundi 17 juin, depuis Bordeaux où l'exode à
conduit le gouvernement, le maréchal Pétain s'adresse aux
Français : "A l'appel de M. le président de la République
(Albert Lebrun - ndlr), j'assume à partir d'aujourd'hui la direction
du gouvernement de la France. Je fais à la France le don de
ma personne pour atténuer son malheur (...). C'est le coeur serré
que je vous dit qu'il faut cesser le combat. Je me suis adressé
cette nuit, à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt
à rechercher avec moi, entre soldats, après la lutte et dans
l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités."
Dans le studio de radio de fortune, certains ne peuvent retenir
leur larmes.
Le sort de la France aura donc basculé en quelques heures.
La veille c'était la guerre et la débâcle. Déjà
se dessine l'armistice.
La veille, vers 17 h 00, un dernier espoir s'était dessiné
avec le coup de téléphone du général de Gaulle
que le président du conseil Paul Reynaud avait envoyé en
mission à Londres. Il annonçait que Churchill approuvait
un plan audacieux d' "Union franco-britannique". Le président du
conseil voyait là une ultime planche de salut. "C'est un mariage
avec un cadavre !" tranche le maréchal Pétain, vice-président
du conseil. Se voyant en minorité, Reynaud présente sa démission.
A peine débarqué d'avion, de Gaulle ne trouve plus qu'un
homme brisé.
Le président Lebrun choisit la simplicité : l'appel
au général Pétain. Le gouvernement est rapidement
constitué, épuré de tous les bellicistes ; une demi-heure
plus tard, la demande d'armistice est transmise.
Au même moment le chancelier allemand triomphe. Dans Paris,
une affiche à croix gammée met en garde contre tout acte
irréfléchi visant l'occupant.
"Le défaitisme était dans l'air. Maintenant le pays
sombre. Les parlementaires, tout le mode fuit et fuit d'abord ses responsabilités"
observe, amer, l'écrivain Julien Green, écrivain américain
amoureux d'une autre France. |