D’abord, le petit opuscule "Sur le rêve" (1901) se présente
comme une sorte de résumé dépouillé visant
un vaste public. Puis "Le Fragment d'une analyse d'hystérie", publié
la même année et mieux connu sous le nom de Cas
Dora est un texte qui se voulait au départ une illustration
clinique du travail d’analyse des rêves mais qui est devenu l’objet
de commentaires concernant la conception freudienne de la femme.
Suivirent une multitude de textes
dont en voici quelques-uns:
"Psychopathologie de
la vie quotidienne" (1901)
"Trois traités sur la vie sexuelle" (1905) "Analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans" (1909) ou l'histoire du petit Hans "Pour introduire la narcissisme" (1914) "Pulsions et destin des pulsions" (1915) "L'Inconscient" (1916) "A partir de l'histoire d'une névrose infantile"(1917) ou " L'homme aux loups" " Deuil et mélancolie" (1917) |
A travers toutes ses publications, Freud s'attacha au cours de ces années à bien appuyer sa pensée sur la pratique clinique, cherchant par des exposés de cas à la fois à illustrer sa méthode et à convaincre de la justesse de ses élaborations théoriques. L'accroissement du nombre de personnes s'intéressant à la psychanalyse tout comme les points de vue divergents au sein même du mouvement psychanalytique grandissant justifiaient cette démarche.
En effet, le début du siècle a vu se développer une
passion pour la psychanalyse et Freud sortit de son isolement pour s'entourer
d'un groupe de disciples qui ira croissant au fil des ans. L'un des premiers
à suivre Freud n'est autre qu'Alfred
Adler dont l'histoire reconnaîtra un rôle de pionnier.
En 1907, Freud entre en contact
avec Carl Gustav Jung qui pratiquait
la psychanalyse depuis quelques temps déjà et en qui Freud
eut enfin le sentiment de trouver enfin le fils spirituel apte à
assumer le développement de la psychanalyse.
La relation entre Freud et Jung
allait connaître au cours des années suivantes de nombreux
rebondissements du fait que
Jung était lui-même fort ambivalent face à Freud et
à ses théorisations. L'histoire de leur relation donne parfois
l'impression d'une sorte de valse hésitation où chacun, à
tour de rôle, avance puis recule d'un pas.
Entre temps, la psychanalyse commença à recevoir certaines marques de reconnaissance. En 1909 Freud fut nommé docteur honoris causa dans une université américaine.
Puis commencèrent les scissions
dans le groupe. Ce fut d’abord Alfred Adler, qui ne fut jamais très
apprécié par Freud, qui s'éloigna de la pensée
psychanalytique en remettant en question l'importance de la psychosexualité
et en favorisant une théorie où les rapports de domination
occupent une place de choix. Adler quitta le groupe freudien en 1911 et
créa un peu plus tard «la psychologie individuelle»
qui connut des développements importants. D'autres suivirent. La
situation devint plus grave lorsque Carl Gustav Jung commença à
exprimer avec de plus en plus d'insistance des opinions s’opposant à
Freud. Jung en était
venu à élaborer une
conception de la libido qui évacuait la sexualité et introduisait
de plus en plus d'éléments religieux et mythologiques dans
sa pensée. Aussi, les différences entre les différents
protagonistes ne furent plus conciliables. Jung fonda sa propre école
de «psychologie analytique» qui trouva de nombreux adeptes
auprès des philosophes et des psychologues de religion et qui constitue
encore un important courant de pensée.
Malgré la tourmente qui secouait
le mouvement psychanalytique naissant, et peut-être même grâce
à ces confrontations d'idées, la pensée de Freud ne
cessait de se transformer et d'évoluer.
L'éclatement de la première
guerre mondiale en 1914 va changer la vie de Freud. Peu à peu le
flot des patients va s'amenuiser, les plus jeunes collaborateurs partiront
au front, d'autres seront coupés de lui pour appartenir à
un pays ennemi, les conditions de vie deviendront plus dures et l'inquiétude
pour ses fils partis combattre le détourneront de son travail. La
période de la guerre et l'isolement qu'elle provoqua favorisèrent
une profonde réflexion qui aboutira au début des années
vingt à un importante refonte théorique marquée
par une nouvelle théorie des pulsions et en 1922, l'élaboration
d'une nouvelle topique: le "ça",
le "moi" et le "surmoi".
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