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LES STRATÉGIES
ÉVOLUTIVEMENT STABLES
L'INVESTISSEMENT
PARENTAL
LA SÉLECTION
SEXUELLE
L'INFANTICIDE
CHEZ L'ANIMAL
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LES STRATÉGIES
ÉVOLUTIVEMENT STABLES
La sélection de groupe peut-elle amener
des individus à sacrifier leur propre intérêt pour
le bien du groupe ? NON !! On ne verra jamais de combats à outrance
pouvant aller jusqu’à la mort d’un des 2 rivaux. Les combats entre
mâles sont pour la plupart ritualisés.
-Maynard Smith et son concept de stratégie évolutivement
stable:
Maynard Smith a repris la théorie des
jeux dans la théorie de l’évolution et définit ainsi
la SES (stratégie évolutivement stable):
· Une SES est une stratégie ayant
la propriété que si elle a été adoptée
par toute la population, alors aucune autre stratégie « mutante
» ne peut plus venir la remplacer sous l’effet de la sélection
naturelle.
Autrement dit :
· Une stratégie est évolutivement
stable s’il n’y a aucune stratégie mutante qui donne une fitness
darwinienne plus haute aux individus qui l’adoptent.
~C’est la meilleure stratégie en terme
de coûts et bénéfices (en terme de fitness) pour toute
une espèce.
-Exemples de SES:
a) La stratégie du « bourgeois »
chez le Tircis
Ce papillon utilise une stratégie mixte consistant
à se comporter en faucon (combattre à outrance) s’il est
propriétaire de la ressource ou en colombe (combat ritualisé,
s’enfuir avant d’être blessé) s’il est intrus. C’est pourquoi
c’est toujours le Tircis résident qui gagne. Cette ritualisation
est réalisée par tous les membres de la population et empêche
que le combat dégénère.
b) Le chant du grillon
Les grillons mâles chantent le soir mais pas tous,
car ça attire non seulement les femelles mais aussi les prédateurs
et parasites. Pour y faire face, ils adoptent une stratégie double
:
· Les chanteurs se reproduisent plus mais
vivent peu longtemps.
· Les non-chanteurs se mettent à proximité
des chanteurs pour se reproduire peu mais vivent plus longtemps.
Si un mâle chanteur disparaît, un mâle
non-chanteur le remplace. Ainsi le bénéfice net est maximum.
c) Chez les vertébrés : syllogisme de Trivers
et Willard
· Chez les vertébrés polygames,
les mâles grands en santé s’accouplent plus que la moyenne.
Les femelles trouvent toujours un partenaire.
· Les femelles en bonne santé produisent
des enfants en bonne condition physique qui deviennent des adultes en bonne
santé.
· Les femelles en forme devraient produire une
plus grande proportion de mâles !!!
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L’INVESTISSEMENT
PARENTAL
-La reproduction sexuée : coûts et bénéfices:
La reproduction sexuée implique un grand
investissement : cela prend du temps, de l’énergie et représente
des risques ( investir dans un enfant diminue les chances d’avoir d’autres
enfants dans le futur). Il faut donc un avantage massif pour compenser
ce coup : grâce au brassage des gènes, la reproduction sexuée
permet d’être différent afin de lutter contre les parasites
et de diminuer les rivalités en occupant des niches écologiques
différentes. Ainsi les petits ont une meilleure chance de survie.
-Stratégies idéales de l’investissement
parental:
Chaque sexe a sa stratégie idéale
:
· Pour la femelle, c’est de pondre un
maximum d’oeufs et que le mâle s’occupe et élève ses
petits, ainsi elle peut se remettre en forme et se préparer à
reproduire d’autres oeufs.
· Pour le mâle, c’est de féconder
un maximum de femelles et de les laisser s’occuper des oeufs.
Mais en réalité, ce ne sont pas des stratégies
réalisables simultanément, car la stratégie optimale
pour un sexe dépend de la stratégie adoptée par l’autre.
La stratégie de reproduction adoptée par une espèce
doit être évolutivement stable pour les 2 sexes.
De manière générale, l’investissment
parental est essentiellement le fait des femelles. 3 hypothèses
l’expliquent :
a)L’incertitude de paternité (surtout
chez les espèces qui pondent des oeufs) :
Seule la mère est sûre que les petits
sont les siens ; le mâle doit être sûr d’être le
père pour que son investissement lui soit bénéfique
b) L’abandonnabilité (« ordre des gamètes
») :
Le parent qui peut partir en premier met l’autre
devant l’obligation de choisir entre abandonner les oeufs (ce qui implique
une moindre proportion de survivants) et rester pour les soigner (ce qui
implique des coûts pour celui qui reste).Dans l’histoire de l’évolution
c’est surtout le mâle qui a la possibilité de partir car la
femelle est prisonnière de son histoire.
c) Coût en occasions d’accouplements perdus :
Comme le mâle peut potentiellement avoir
de nombreux descendants, le coût de rester est grand, ce qui est
moins le cas de la femelle qui a un plus petit potentiel reproducteur que
le mâle.
~L’évolution va favoriser la désertion
du mâle.
-Un exemple d’investissement paternel unilatéral
: la punaise aquatique:
Il arrive que l’évolution a fait que les
rôles soient inversés et que seul le mâle s’occupe des
petits. C’est le cas chez les punaises aquatiques géantes. Comme
ce sont de grands insectes, ils ont intérêt à naître
d’oeufs grands pour arriver plus vite à leur taille d’adulte. Généralement
les oeufs sont abandonnés sous l’eau ; mais comme ils sont grands,
l’apport de l’eau en oxygène n’est pas suffisant. Le mieux
est donc de mettre les oeufs entre l’eau et l’air, ce qui demande de s’en
occuper. Mais comme la femelle a plus besoin de se nourrir que le mâle,
le coût de s’occuper des oeufs serait trop grand pour elle. Les rôles
se sont donc inversés et c’est le mâle qui assure l’investissement
parental. Cette évolution s’explique de nouveau en terme de coût
et bénéfice.
-La certitude de paternité:
Le mâle doit être sûr d’être
celui qui a fécondé la femelle, surtout lorsqu’il assure
une partie des soins parentaux. Pour limiter le risque d’investir sur des
petits qui ne sont pas les siens, des mécanismes servant à
vérifier la paternité se sont mis en place au cours de l’évolution.
Chez les mammifères et oiseaux (espèces
avec plusieurs accouplements), c’est la quantité de spermatozoïdes
qui va déterminer qui est le père. Chez les grands singes,
le poids des testicules (relativement au corps) est proportionnel au nombre
de femelles que le mâle va féconder. On retrouve des mécanismes
semblables chez l’homme.
Une autre solution consiste à empêcher la
partenaire de s’accoupler avec d’autres mâles. Le guépier
à front blanc (le mâle participe aux soins) va surveiller
la femelle pendant la période de fertilité, pour éviter
que d’autres mâles viennent la féconder. La forme humaine
de cette surveillance est la jalousie sexuelle mais elle ne touche pas
de la même manière les 2 sexes. Les hommes sont surtout troublés
par l’infidélité sexuelle, alors que les femmes sont plus
touchées par l’infidélité émotionnelle.
Chez l’homme, certains couples investissent dans des
enfants qui ne sont pas génétiquement les leurs : ce sont
des parents de substitution. Comme ce ne sont pas leurs enfants, leur investissement
parental devraient être moins grand. Et on a effectivement constaté
un plus grand nombre d’infanticide et de maltraitance par des parents non
biologiques. Mais il faut aussi tenir compte des conditions socio-économiques.
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LA SÉLECTION
SEXUELLE
-Illustration : l’oiseau satin et le paon:
Les oiseaux à berceau (l’oiseau satin
par exemple) construisent des arènes (berceaux) servant à
attirer les femelles mais ne servant nullement comme nid (l’accouplement
se fait ailleurs) ; ce n’est que purement esthétique.
La grande queue du paon est un désavantage du point
de vue de la sélection naturelle (danger pour la survie) mais un
avantage pour la sélection sexuelle (pour séduire le femelles).
-Composantes de la sélection sexuelle:
Darwin avait déjà repéré
les 2 éléments-clés de la sélection sexuelle
(volet particulier de la sélection naturelle) :
· Les mâles sont en compétition
pour avoir le plus de femelles qui sont une ressource rare (le temps où
elle est en gestation et allaite ses petits est long).
· Les femelles doivent choisir les mâles
qui leur donneront la meilleure portée (le plus de descendants survivant
jusqu’à l’âge de reproduction)
~Ces différents rôles s’expliquent
par l’investissement parental asymétrique (c’est la plupart du temps
la femelle qui s’occupent de ses petits).
-Le choix des femelles quand des bénéfices
sont en jeu:
Chez les mouches dansantes, le mâle apporte
un cadeau nuptial (insecte à manger) dont la grosseur est proportionnel
à la longueur de l’accouplement. Chez le diamant mandarin, une expérience
a été réalisée en mettant 2 bagues à
chaque patte et en modifiant leur couleur. On a constaté que les
femelles étaient plus attirées par les bagues où les
couleurs sont symétriques entre les 2 pattes (signe de bonne santé).
-Le choix des femelles quand il n’y a pas de bénéfice
visible:
Il est plus difficile à faire. 2
hypothèses sont avancées :
· Fisher parle d’emballement évolutif.
Chez le paon, la sélection a accidentellement corrélé
une queue plus longue à une meilleure survie. Ce caractère
s’est trouvé génétiquement inscrit et cet emballement
ne s’arrête que quand le coût pour le mâle devient supérieur
au choix de la femelle. La sélection sexuelle peut être amenée
à maintenir un caractère inadaptatif.
· Zahari et Hamilton avancent l’hypothèse
de signaux corrélés à la qualité génétique
du mâle ( l’hypothèse des bons gènes). La qualité
du plumage (intensité des couleurs), de la parade, du berceau (ex.
: l’oiseau satin) sert de signal honnête de la qualité génétique
du mâle (et surtout de sa résistance aux parasites).
-La sélection sexuelle chez l’être humain:
De nombreuses études ont montré
des mécanismes similaires à la sélection sexuelle
chez les hommes au cours de l’évolution. Les résultats de
l’étude de Buss montrent que les femmes donnent plus d’importance
aux perspectives financières de l’homme (homme riche), à
son statut social (statut élevé) et préfèrent
des hommes plus âgés qu’elles. Ainsi, ils peuvent mieux contribuer
à l’investissement parental et au succès de la descendance.
Les hommes préfèrent des femmes plus jeunes
qu’eux ( l’âge est indicateur de fertilité), donnent plus
d’importance à la beauté physique (indicateur de santé)
et à la forme du corps (le rapport taille-hanches doit être
inférieur à 0.7, indicateur de fertilité).
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L'INFANTICIDE
CHEZ L'ANIMAL
La source de l’infanticide se trouve dans la
sélection naturelle et plus précisément dans la compétition
entre mâles. L’intérêt de tuer les petits de mâles
rivaux est de rendre la femelle de nouveau sexuellement réceptive.
-Le langur gris:
C’est à travers cette espèce de
singe que Sarah Hardy a exploré l’hypothèse de l’infanticide
comme évolution dans le but d’une sélection sexuelle (comportement
adaptatif). Les langurs gris se déplacent toujours en bande avec
un mâle reproducteur et des femelles. Il arrive souvent que des groupes
de mâles solitaires les attaquent et chasse le mâle. Les petits
alors tendent à disparaître (infanticide commis par les nouveaux
arrivants).
-Le lion:
Ils vivent en groupe (« pride »),
dont le noyau est constitué des femelles adultes (soeurs ou cousines).
L’élevage des petits se fait en crèche ( les femelles nourrissent
parfois d’autres petits). Les mâles sont vus comme des parasites
partiels et les jeunes mâles quittent la « pride » pour
aller chasser les mâles d’autres « pride ». Il arrive
alors que les petits du mâle chassé soient tués. Ils
le font car la durée moyenne de résidence d’un mâle
dans une « pride » est de 2 ans et que les femelles ne font
des petits que tous les 2 ans. En tuant les petits, la femelle recommence
ainsi à ovuler plus vite. Les mâles cherchent avant tout à
tuer les petits de moins de 9 mois.
-Infanticide, style de vie et histoire de vie:
-Style de vie : endroit où se trouvent
les petits, présence de cachettes, possibilités de prévoir
ou non où se trouvent les femelles
-Histoire de vie : degré de précocité
des petits, vitesse de reproduction des femelles (capacité à
être à la fois portantes et en lactation)
~Tous ces éléments vont influencer
le comportement d’infanticide.
Il y a un lien entre la lactation, la gestation et l’infanticide.
Les bénéfices de l’infanticide ne sont importants que quand
la durée de lactation est égale ou supérieur à
celle de gestation.
-L’infanticide comme pression de sélection:
Les femelles, à travers l’histoire, ont
essayé de trouver des parades à l’infanticide. L’infanticide
agit sur la structure d’appariement dans certaines espèces, comme
chez les babouins chacma, où la femelle développe des liens
d’amitié avec un mâle qui est probablement le père
de ses petits. Ainsi, le mâle accorde une certaine attention à
la femelle et la protège des autres mâles.
La femelle a plusieurs moyens de protéger ses
petits : elle peut les cacher, se disperser, éviter les mâles
autres que le père, assurer une défense en commun ou agir
sur la certitude de paternité. Il y a 2 cas de figure:
· Si le risque principal vient de l’arrivée
de mâles étrangers au groupe, l’intérêt principal
de la femelle est de trouver un protecteur en lui assurant qu’il est bien
le père (signes de paternité) et ainsi il sera motivé
à défendre ses petits.
· Si le risque principal vient d’autres mâles
du groupe (mâles non dominants), l’intérêt principal
de la femelle est de privilégier l’accouplement avec le mâle
dominant, tout en laissant croire autres mâles qu’ils sont peut-être
aussi le père. Certains signes morphologiques (le pelage des petits
ne ressemble jamais à celui de l’adulte et donc ne permet pas de
déterminer avec certitude le vrai père) ou physiologiques
( imprévisibilité du cycle ovarien) vont permettre de diminuer
les risques d’infanticide.
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