Dans cette partie nous proposons une modeste approche psychosociologique de la littérature enfantine et de Harry Potter. Nous allons surtout insister sur la façon dont les personnages masculins et féminins sont présentés et montrer quil existe une asymétrie en défaveur des filles. Au sujet de la littérature enfantine Soulignons tout d'abord que la littérature
enfantine est essentielle dans la vie des enfants parce qu'elle participe
de façon importante à la socialisation.
De nombreuses études ont montré que dans cette littérature, les personnages sont représentés de manière stéréotypée et asymétrique en défaveur des personnages de sexe féminin. Le plus souvent les filles sont représentées de façon passive et à l'intérieur. En d'autres termes, elles attendent que le prince charmant vienne les sauver. Les garçons, au contraire, sont actifs et vivent un tas de choses à l'extérieur de la maison. Plus particulièrement, Weitzman et al. (1972) a constaté que les filles sont sous-représentées, qu’elles ont un rôle le plus souvent insignifiant tandis que les garçons vivent d’héroïques aventures. Au niveau des rôles également, les filles sont là pour servir autrui tandis que les garçons ont une position dominante. De même, les femmes adultes ont des rôles très fonctionnels alors que les hommes ont des rôles variés et intéressants. Ceci a notamment été confirmé
dans une étude faites par nous-mêmes,
dans le cadre de nos travaux pratiques en psychosociologie. Nous nous sommes
intéressées à la presse enfantine publiée en
français durant les années 1999 et 2000. Les principaux résultats
mettent en évidence des asymétries
tant quantitatives que qualitatives en défaveur des personnages
féminins. Soulignons que ces asymétries sont le plus
souvent subtiles et indirectes. Nous supposons que ce phénomène
est dû à la norme sociale dominante qui interdit actuellement
la discrimination sexuelle ouverte.
A ce sujet, Weitzman et al. (1972) indique que le processus d’identification serait plus difficile pour les filles étant donné la moindre valeur des rôles féminins, sans parler du risque que les filles aient une image plus négative d’elles-mêmes. L’auteur signale aussi que certaines filles dont la personnalité ne correspond pas aux rôles féminins traditionnels seront partagées entre leur envie de suivre leurs désirs et la peur de déplaire en ne suivant pas les attentes parentales et sociales. Cette définition rigide des rôles associés à chaque sexe est également défavorable pour les garçons, qui n'ont pas le droit de se montrer faibles ou émotifs. Pour les deux sexes, cette définition des rôles limite le développement intellectuel et notamment le développement de la créativité. De plus, selon McDonald (1989), ces représentations stéréotypées de chaque sexe risquent de limiter la mobilité sociale des individus. Un autre problème est le fait que les modèles masculins et féminins, présentés de façon stéréotypée dans la littérature enfantine, soient en décalage par rapport à l’évolution des rôles et des rapports hommes-femmes de sorte que la littérature ne transmet pas une représentation adéquate de la réalité (Kortenhaus et Desmarest, 1993 ; McDonald, 1989). En ce qui concerne Harry Potter le héros est de sexe masculin comme dans la majorité des livres. Nous nous retrouvons ainsi face à une asymétrie en défaveur des filles. Les meilleurs amis de Harry sont une fille (Hermione) et un garçon (Ron). Il y a ici une symétrie entre les sexes, mais la façon de les représenter ne nous semble pas identique. Ron nous paraît plus valorisé que Hermione, car il est beaucoup moins stéréotypé qu'elle. De plus on connaît ses frères et soeurs, alors que de la famille de Hermione on ne connaît rien. Hermione renvoie stéréotypiquement à la fille studieuse, qui passe son temps à lire et à être raisonnable. Elle a aussi un côté "gentil", typiquement féminin, qui ressort notamment lorsqu'elle défend les elfes de maison. Au contraire, Ron est prêt à participer à toutes les aventures et bêtises possibles et ne se soucie pas de transgresser les règles. Les autres rôles importants sont également en majorité dédiés à des hommes. Il y a Hagrid et le professeur Dumbledore par exemple, l'un est un des sorciers les plus sages de l'histoire et l'autre a le coeurs sur la main. Il y a aussi le professeur McGonagall. Mais à nouveau, ce personnage féminin est décrit de façon plutôt négative, en tout cas de manière beaucoup moins flatteuse que Hagrid ou Dumbledore. Elle renvoie à un professeur sévère et sec. Nous constatons donc que dans les aventures de Harry il y a non seulement une asymétrie entre les sexes au niveau du nombre de héros de chaque sexe, mais également à un niveau plus qualitatif qui renvoie à la valorisation des personnages de chaque sexe. Il y a plus de héros masculins et ils sont en plus décrits de façon plus favorable que les personnages féminins. Bibliographie
|