L'analyse des conflits internationaux a engendré un thème de recherche appelé la "generalized precedents logics" (cf. Alker 80,83). Il s'est avéré que les modèles "simples" de la théorie des jeux devraient être élargis pour inclure une modélisation de la capacité réflexive d'un acteur, qui base ses décisions par exemple sur la connaissance qu'il a des points de vue de son partenaire ou ennemi, mais aussi et surtout sur les expériences du passé, et même des "narratively constructed lessons of history" (Alker 80:170) La plupart des "données narratives" dans ce courant de recherche sont obtenues dans des jeux de simulation, par observation, ou encore par la méthode delphi. Une première méthode pour incorporer dans un modèle ce savoir épisodique qu'utilisent les acteurs politiques, consisterait à réduire des structures narratives dans des propositions discrètes "si... alors". On aurait ainsi une petite grammaire qui exprimerait d'une facon opérationnelle ce qu'un acteur a tiré du passé. L'inconveniant d'une telle méthode et de ses variantes simples (mais préprominentes) comme le "operational coding" et le "cognitive mapping" provient de leur facon de desassembler la totalité d'un épisode en relations entre paires de propositions. En réalité, les scénarios ou plans extraits d'une narrations d'événements contiennent une mise en séquence temporelle et logique de leurs éléments. Ceci fait que les actions, états, descriptions du contexte, etc. forment une figure totale, qu'on ne devrait pas desassembler de cette manière.
Quels sont les majeurs problèmes au niveau de l'étude de la narration qu'on rencontre dans les modèles de la logique des précédants? Tout d'abord il est important de savoir quels mécanismes cognitifs (ou organisationels dans une administration) font qu'une chaine d'événements historiques est organisée dans un tout narratif. Comment une "lecon du passé" (scenario) est-elle comparée à une nouvelle situation hypothétique?. Est-ce qu'on peut librement arranger et comparer les caractéristiques d'une situation du passé avec la situation présente? Je réfère par exemple au débat de savoir si "la lecon de Munich" est adéquate pour prédire les effets de la détente, ou encore à celui de savoir si cet argument est de la bonne rhétorique. Il est certain qu'il existe une étendue ou une marge pour l'application d'un récit du passé, et que cette étendue varie suivant les utilisateurs. Au même titre il faut étudier comment les acteurs effectuent les comparaisons. Est-ce qu'on compare seulement des éléments caractéristiques, seulement le contexte, etc.? Comment peut-on démontrer qu'une intrigue similaire est en train de se développer? Ces questions nous ramènent au problème encore plus fondamental de savoir comment un acteur en fait décrit le passé, quels éléments il en retient, comment il les mémorise, les organise, amalgame, etc. Est-il possible de développer une notion de subjectivité plus précise? La possibilité de construire par exemple une narration du conflit Israelo-Arabe acceptable pour les deux parties nécessite à une réponse à une telle question. D'une manière générale on peut se demander comment le comportement qui s'oriente aux précédents dépend d'autres types de savoir que celui des mécanismes qui construisent, mémorisent et comparent des narrations.