Les états et les événements sont en quelque sorte les éléments structurels atomiques d'un récit. Etats et événements sont arrangé dans un ordre. Dans les mots de De Beaugrande (79:45): Le monde narratif est "a progressive system in which events and actions occur and bring about changes from one state to the next". Cette notion de la structure narrative est très minimale. Ainsi il faut également inclure la possibilité de liens directs entre les états (comme le lien temporel très banal). Souvent une transition d'un état vers un autre est en pratique une chaine d'actions qui n'appelle pas forcément une description explicite. Ainsi "se mettre d'accord sur un document" et "le signer" sont deux événements qui ne nécessitent pas la déscription de l'état intermédiaire. Il existe également des liens entre états et événements concernant deux acteurs différents. En règle générale, les éléments du récit sont organisés dans une structure très causale, le cas extrème est celui où quelque chose arrive, parceque quelqu'un fait quelquechose. D'autres liens causaux sont inférés par un récepteur (ou se trouvent explicitement dans le texte) quand par exemple quelqu'un fait quelque chose parcequ'il poursuit un but. Un autre type de connection causale resulte du fait qu'une action provoque une autre.
L'analyse du récit inspirée par l'AI a
jusqu'à présent
investi beaucoup d'efforts dans le développment de terminologies qui
permettent de décrire cette structure causale et temporelle du
récit.
Toutefois à cause de leur compléxité et de leur
application limitée à des petits récits nous
n'allons mentionner que le principe général du
réseau de transition qui est souvent construit à l'aide de
grammaires simples qui font l'inventaire des
connections possibles entre éléments.
On pourrait définir des séquences
narratives élémentaires simples, comme la pair d'états avec
l'événement intermédiaire.
Ce triplet état, action, état toutefois
n'existe pas dans une forme isolée, mais il est complètement
intégré dans une structure de représentation plus large.
Dans un
langage plus technique, chaque état ou événement est un
noeud
dans un réseau.
Chaque noeud peut avoir un certain nombre de
connections (ou transition)
avec d'autres noeuds.
Comme on l'a déjà vu,
les connections sont surtout causales et leur
légitimité est déterminée par une grammaire de
connection.
Un réseau de transition partitionné formel contient
des noeuds attribués à des différents acteurs, il
contient au moins un lien (temporel ou causal) entre
les noeuds, il a (au moins) un début et une fin.
Je vais montrer ce principe à l'aide de la phrase
suivante:
"Le pays X est pauvre et il décide d'avoir recours à
l'aide humanitaire du pays Y".
Pour commencer nous pouvons représenter cette
simple histoire par le graphe suivant:
raison
ETAT X1 <-----------------------ACTION X2
ETAT X1: (EST PAYS:X PAUVRE)
ACTION X2: (DECIDE:X (ACTION:(PRENDRE-AIDE X Y)))
Un récepteur normal représenterait cette histoire d'une manière plus
complexe: Le pays X doit être moins pauvre après avoir recu
l'aide, le pays Y a dû se décider d'accorder l'aide, etc.
Ainsi même
un récit très simple peut déjà créer des structures de
représentation relativement complexes.
Il est clair que n'importe quel
modèle doit s'arrêter de faire des inférences
automatiques à un certain moment.
En général, les inférences que l'on génère doivent
répondre à des critères d'intérêt et d'importance
par rapport à la
compréhension de l'intrigue.
Souvent elles sont cependant floues et relativement
inconscientes.
Le type de connecteur qu'on trouve dans la littérature sur le
traitement du récit populaire et cotidien s'inspire
beaucoup des travaux de Schank qui a défini un petit
ensemble de liens causaux et une syntaxe causale.
De Beaugrande et Colby ont introduit la notion de
"tracks" alternatives du récit qu'un récepteur s'imagine lorsqu'il
comprend un récit.
Examinons de plus près le foncionnement d'un
réseau de transition:
On peut tout d'abord isoler certains noeuds
particuliers, ceux du début et ceux de la fin.
Dans les modèles cognitivistes de réception les
acteurs principaux ont en général un premier noeud au
début du récit.
On crée ensuite des noeuds pour chaque acteur au fur
et à mesure de l'apparition d'états et événements
qu'on peut attribuer à un acteur.
Autrement dit, dès le début, dès qu'on rencontre
ou qu'on infère un événement ou un état on lui
crée au moins un noeud.
Le récepteur essaye de découvrir des relations (causales et
temporelles) entre les noeuds.
D'où dire qu'il établit des transitions.
En règle générale il crée des transitions entre les
noeuds d'un même acteur.
Mais un noeud particulier peut être en relation avec
de multiples autres noeuds.
Toutefois en pratique on ne trouve jamais plus de deux
ou trois transitions associés (à un des deux côtés)
d'un noeud.
Par exemple
un événement associé à un
acteur cause d'abord un état chéz le même acteur et
crée un état chéz un autre acteur.
Un acteur a fréquamment des noeuds parallèles: Si
l'ecouteur fait des hypothèses sur ce qu'il peut arrriver à un
acteur il crée des noeuds supplémentaires qui ne réflètent pas la
structure réelle du récit, mais des pistes ("tracks")
alternatives.
Ainsi si
on veut suivre le vrai récit,
on suivra les transitions pertinentes dans
le réséau de représentation.
L'arrangement des noeuds est causal et temporel.
En les numérotant on représente d'abord l'évolution
temporelle.
Certaines relations peuvent signaler une proximité (ou si c'est
nécéssaire, une suite) temporelle.
Ceci sert surtout à indiquer le
lien temporel qu'il y a entre les actions des différents acteurs dans
un récit.
J'illustrerai ce principe général de
représentation dans les sections qui suivent.