Un récit est une narration. Dans n'importe quel discours narratif on peut retrouver un ligne temporelle. Cette ligne est principalement définie par la succession d'événements, de moments plutôt "discrèts", durant lesquels quelquechose "se passe" dans le monde raconté. Dans le texte ce phénomème se manifeste par des enoncés (clauses) décrivant l'événement. Ces enoncés sont en général bien ordonnés de facon à ce que le premier événement du texte corresponde au premier événement du récit, le dernier au dernier, etc. S'il y a des exeptions à cette règle, elles sont marquées par des constructions linguistiques spéciales. Polani (82:510) définit l'événement comme "occurence in some world which is encoded in a proposition which receives instantaneous rather than durative interpretation in the abstract discourse representation created by means of a linguistic text". Cette définition me semble être trop radicale. Pour nous il est plus utile de définir un événement comme un processus délimité dans le temps qui transforme l'état de quelque chose. Ce processus où un événement a lieu est d'habitude ininterrompu dans un récit. Même s'il possède une certaine durée, il a une apparence assez ponctuelle: il fait des changements immédiats qui apparaissent dans le texte. Un deuxième type de "clauses" textuelles (ou inférées) sont des clauses statiques qui décrivent des états. Un état dans un récit communique quelquechose qui dure pendant un certain intervalle de temps dans le monde raconté. Souvent un état est le résultat direct d'un événement. Il peut décrire une suite de "happenings" instantanés. Ainsi ce qui distinque l'événement de l'état dans un récit est surtout son caractère "processus" explicite. Comme l'événement donne au récit sa structure temporelle, la "somme" des états à un moment donné défini l'état général du monde raconté. Dans ce sens le récit à tout moment est un système, il indique un état de monde qu'il tient en equilibre. Pendant que l'histoire est racontée, le recepteur doit suivre avec attention l'état du monde et l'état interne des personages. Un bon récit donne toujours le minimum d'information nécessaire à ce sujet. Finalement ce qui unit l'événement et l'état est le fait qu'un événement peut provoquer un état et réciproquement. Souvent l'action d'un agent en met un autre dans un état qui à son tour lui fait générer une action.