Le récit Ib n'est pas organisé dans
une forme canonique selon la grammaire de Johnson (80).
Les règles de transformation ne permettent pas son
réarrangement, ce qui fait que le récit est ou bien déclaré
a-grammatical ou autrement anormal.
Toutefois on discutera le module transformationel de cette
grammaire, car tout d'abord
principe est assez important en linguistique et il
serait sans doute possible d'inventer des règles de
transformation qui permettrait le réarrangement du récit Ib
dans une forme qui réspecte les ordres temporaux et
causaux permis par les règles de reécriture.
Dans ce cas on découvrera que le résultat de l'analyse du
récit Ib serait presque le même que celui du récit Ib.
Les phrases 5-7 du récit Ib correspondent en effet aux
phrases 3-6 du récit Ia.
Dans les deux cas ils ont la fonction logique de
"BEGINNING", de cause logique pour la "COMPLEX-REACTION
des gens des villes.
La seul notable différence en ce qui concerne leur contenu
réside dans le fait que le récit Ib contient une morale dans la
phrase 10, qui de nouveau ne pourrait pas être saisie par
la grammaire de Johnson et Mandler. Il serait toutefois
facile d'ajouter une règle comme "TOTAL-STORY -> STORY +
MORAL" aux règles comme c'est le cas dans d'autres
grammaires.
Avant d'expliquer le principe des règles de transformation,
il faut toutefois noter que
l'instrument de transformation est méthodologiquement
parlé très dangereux.
Il permet en effet de reparer n'importe quel défaut d'une
grammaire fausse ou trop rigide.
Il suffit de créer des règles qui permettent
le réarrangement et l'écartement de certains éléments des
règles de reécriture.
De l'autre côté il existe une certaine nécessité pour
ces règles de transformation,
car il est vrai que parfois un élément du récit
peut manquer, parcequ'il est trop "évident" pour être
raconté.
Deuxièmement l'exemple du récit IIb montre bien que
certaines formes "inverties" du récit sont tout à fait
courrantes et qu'elles font aussi du sens.
Ainsi pour conclure ce petit avertissement, il faut
toujours bien indiquer pourquoi on a crée une règle de
transformation et comment et quand on peut l'appliquer.
Johnson (80:69-70) distingue deux types de règles de
transformation (cf. fig.11): Les règles d'écartement
("Deletion rules") et les règles de transposition
("Movement transformations").
Le principe général de l'application des règles
d'écartement est simple.
On peut éliminer un él'ement dans un récit s'il n'est pas
nécessaire de le mentionner explictement.
Ainsi parfois il est possible d'écarter "BEGINNING" si le
protagoniste génère un but de propre initiative (cf.
règle T1).
Pour l'illustrer on peut s'imaginer une histoire politique qui
commence par la décision non-motivée de quelqu'un de
devenir chef du gouvernement d'un pays.
De même facon on peut écarter "BEGINNING" si l'épisode
précédente prend sa fonction (T2).
On a rencontré ce cas dans le récit Ia (cf. fig.12).
La règle T3 permet la suppression de "COMPLEX-REACTION"
dans certains cas.
Souvent un producteur de récit sait que le récepteur est
familiarisé avec les motifs des acteur du récit.
La règle T4 s'applique de similairement que dans
certains cas bien précis.
Cette petite présentation devrait montrer encore une fois que
le but des règles d'écartement est principalement la
suppression de récondances parmis les éléments du récit,
et celle d'information que le récepteur typique possède
déjà.
Comme les textes politiques sont certainement moins
"complètes" que les récits populaires, il est clair qu'une
grammaire capable de traiter des textes politiques
nécessiterait beaucoup plus de ces règles.
Passons aux règles de transposition, qui
permettent le réarrangement de certains éléments.
En passant il faut peut-être mentionner que les auteurs
disent que l'apparence des textes non-canoniques, mais
grammaticaux, change dans la mesure, où ils contiennent
beaucoup plus de connecteurs causaux et temporaux explicits
nécessaires à sa compréhension.
Un premier type de transposition (T6), la transposition de
but, est assez fréquent.
Souvent, un but est introduit seulement après une tentative
pour l'atteindre.
En termes plus techniques, le "Goal" de "COMPLEX-REACTION"
se trouve dans le texte "GOAL-PATH" après le "Attempt".
Dans ce cas ces deux derniers éléments seraient connectés
par un lien causal inverti "Because".
Une dernière règle (T6) nous intéresse moins ici, et
concerne les récit où plusieurs protagonistes agissent en
parallèle (normalement codé par des épisodes connectés
par "And"), mais qui ne sont pas racontés d'une facon à
ce qu'un épisode suit un autre.
Pour revenir au récit Ib, il n'est pas surprenant que
ces quelques
règles de transformation ne permettent pas son
arrangement dans une forme canonique.
Le récit populaire possède un arrangement plus strict que
notre example.
Ainsi il serait également justifié de créer une règle
qui permet de bouger "BEGINNING" d'un épisode après la
"COMPLEX-REACTION" du "DEVELOPMENT".
Il me semble légitime qu'on puisse avoir la possibilité de
rationaliser une certaine action du protagoniste en
donnant plus des détails sur les circonstances qui lui ont
livré la cause pour un but.
Pour conclure, cet exemple montre bien que le politologue
qui désirerait travailler avec une telle grammaire
développée pour un autre domaine de discours, doit faire
des modifications qui permettent de saisir les structures
différentes qu'on retrouve dans le récit politique.