Cette petite section a pour but de résumer la discussion de ce premier chapitre et d'indiquer provisoirement le chemin que l'analyse du récit peut prendre en science politique. Rappelons d'abord que le texte narratif constitue un type de données très fréquent et très important en science politique. Il est étonnant qu'à ma connaissance il n'existe pas encore d'études systématiques de ce phénomène en science politique, et on est loin d'avoir des méthodes d'analyse même rudimentaires. Ainsi il s'impose d'investiguer l'utilisation des méthodes formelles d'analyse développées dans d'autres disciplines. Pour éviter de faire des transferts de méthodes rapides et irréfléchis, il ne faut pas seulement évaluer une méthode d'analyse, mais il faut également discuter leur valeur, ainsi que leur intention théorique. par cette même discussion nous pourrions dégager une notion plus claire du texte narratif, et particulièrement du récit. ceci permettra de mieux définir ce que l'analyse du récit pourrait être en science politique, un travail que je ne n'aborde que marginalement ici. seulement dans une dernière phase on pourrait commencer à adaper sérieusement ces théories, modèles et techniques en science politique. ceci est un aspect qui manque complètement à ce travail.
la discussion de ce chapitre nous permet toutefois de lister quelques buts méthodologiques qui pourraient s'offrir à un politologue:
si on compare cette liste (très incomplète) avec l'état actuel des recherches, on se rend compte qu'on ne dispose nullement de modèles formels et bien testés pour effecteur des telles analyses. jusqu'à présent c'est surtout l'analyse de la structure causale ou encore des formes canoniques qui a été bien explorée. actuellementnt (1983) le courant le plus intéressant est celui de l'intelligence artificielle qui tente de developper des modèles complèts de la production et du traitement du récit. Pour le moment leurs modèles sont très partiels et ne s'appliquent souvent qu'à des mondes du récit très fermés. Toutefois en sciences sociales les problèmes techniques qui se posent sont moins difficiles que ceux de la science cognitive inspirée par l'intelligence artificielle. Pour nous il ne s'agit pas forcément de faire des modèles qui ont une signification psychologique, mais des modèles qui parviennent à avoir des des aspects sociologiquement significatifs. Une analyse complexe du récit est (comme cela a dû devenir transparent) aussi une analyse du monde du récit. Pour nous cela veut dire qu'il faut intégrer le savoir de la science politique sur le politique, ou sur la perception du politique, etc., dans tout modèle éventuel. Le texte comme trace de la réalité sociale ou encore du traitement et de la production de cette dernière nécessite en effet l'insertion de l'analyse du récit dans un cadre théorique plus large que je propose d'effectuer ailleurs.