A la suite de trois années d'existence du
projet Pangea et de la réalisation de la
visioconférence du 6 juin 1994, au cours de laquelle des
enfants d'Uruguay, des USA, du Danemark et de Suisse ont pu piloter
à distance, d'un continent à l'autre, les maquettes
qu'ils avaient construites et programmées, je tenais à
rédiger un document mémoire de cette
expérience.
Ce document est pensé autant pour garder une trace des
expériences réalisées que pour permettre
à quiconque, chercheur, enseignant, pédagogue, de se
joindre au projet Pangée ou de réaliser une
expérience similaire, voire d'utiliser les
éléments qui l'intéressent en les adaptant
à sa pratique pédagogique.
Ce document est donc pensé comme un mode d'emploi , fait pour
circuler, être diffusé, multicopié
librement...afin qu'il soit utile au plus grand nombre de
collègues éducateurs préoccupés, comme
nous, de la qualité de vie que l'on offre aux
élèves à l'école mais aussi sur la
planète que nous leur léguons.
Modéliser en LEGO et programmer des maquettes en
LOGO.
Etablir une correspondance scolaire internationale utilisant le
fax, le courrier électronique...
Choisir un sujet traitant d'écologie et l'étudier de
façon très complète.
Grâce au modem, piloter d'un continent à l'autre, la maquette des correspondants.
Pangée est un projet scolaire interdisciplinaire,
mettant en relation des classes de divers continents. Le thème
central est l'écologie.
Pangée met les technologies nouvellesentre les mains
des élèves.
L'activité vise à les rendre conscients de leur
identité (interculturalisme), de leur
responsabilité planétaire commune
(écologie) et de leur pouvoir (technologies de
communication).
Un merci très spécial à Sarah Dickinson (MIT) pour son aide constante dans le domaine du courrier électronique et son soutien chaleureux et efficace tout au long du projet.
Merci à ...
- Seymour Papert (MIT) et André Giordan (Université de Genève) pour leur soutien et leur participation à la visioconférence.
- Partick Mendelsohn (Université de Genève) pour son aide et ses conseils dans l'utilisation du courrier électronique.
- Philippe Maigre (Collège Marie-Thérèse - Genève) pour son aide dans la coordination du projet et l'apport de ses compétences dans les domaines de l'informatique et de la télématique.
- Julia Pieruzzi (Coordinatrice nationale - Uruguay) pour la dimension exceptionnelle qu'elle a donné au projet et à l'événement de pilotage à distance, dans son pays.
- Luette Bourne (Boston - USA), Karen Rassmussen (Odense -
Danemark), Alain Muller (La Passerelle - Genève), Dominique
Noël (Collège Marie-Thérèse -
Genève), Frédéric Mercier (Ecole Active -
Genève), Maria Steiner-Jimenez (Ecole Active - Genève)
pour leur participation active à l'ensemble du projet et
à la visioconférence du 6 juin 1994.
Merci à la maison PictureTel pour son aide technique lors de la visioconférence, pour la mise à disposition de son matériel et pour la prise en charge du coût des communications le 6 juin 1994.
Merci à la maison LEGO pour son soutien à l'ensemble
du projet et pour les conditions avantageuses d'achat de
matériel offertes aux participants du projet
Pangée.
...merci aux membres du comité de soutien, à tous
les proches, les amis, qui ont participé d'une manière
ou d'une autre à la réussite de ce projet, à
l'atteinte de ses objectifs principaux, merci à tous ceux qui
continueront d'apporter leur aide afin que Pangée puisse avoir
l'avenir qu'un tel projet mérite.
29 juillet 1994
Jean-Claude Brès
C'est le nom de l'ensemble des terres émergées lorsqu'elles ne formaient qu'un seul et même continent.
C'est aussi celui de ce projet né de diverses expériences menées par l'Ecole Active de Malagnou à Genève et initié par quelques éducateurs et chercheurs à travers le monde lors d'une rencontre au colloque Logo de Fribourg (Suisse) en 1990.
Un projet qui grâce aux moyens de communication et aux technologies nouvelles, efface les distances entre les continents.
- Il s'agit de faire communiquer des enfants de 9 à 12 ans (environ) autour du thème de l'écologie.
- Ces enfants devraient être choisis dans des points du globe tels que la planète soit géographiquement et culturellement globalement représentée.(Amérique du sud, Amérique du nord, Afrique, Asie, Europe, Australie)
- L'ensemble du projet tourne autour de l'écologie et des technologies nouvelles (Antinomique ? pas si sûr !)
Les élèves utilisent :
- L'ordinateur pour écrire et chercher des informations.
- Le modem pour communiquer.
- Des outils de robotisation (Lego-Logo par exemple)
pour modéliser.
Information et dimension médiatique.
A la fin de ce projet, une émission montrerait aux téléspectateurs du monde entier cette expérience en couvrant un événement particulier :
- Un enfant pilote par ordinateur et grâce au modem une maquette (sur le thème de l'écologie), construite par un autre enfant, à l'autre bout du monde !
- A 11 ans je peux prendre le pouvoir sur les ordinateurs et les
technologies de notre temps.
- A 11 ans je peux correspondre instantanément avec quelqu'un
à "l'autre bout du monde".
- A 11 ans je peux faire "bouger" quelque chose à l'autre bout
du monde.
Notre "Vaisseau Terre" est tout petit. Nous avons de puissants moyens à notre disposition. Que voulons-nous en faire nous, les enfants ?
Interculturalisme, communication, découverte de "l'autre", pouvoir et ...responsabilité.
Je souhaiterais qu'un tel projet soit parrainé et soutenu
par des personnalités du monde scientifique, philosophes,
généticiens, chercheurs, écologistes... et par
des organismes importants, sensibles à une telle
démarche, qui pourraient donner les moyens nécessaires
à la réalisation de cette aventure.
Depuis plusieurs années, l'Ecole Active de Malagnou
mène des expériences de robotique scolaire dans le
cadre de recherches pédagogiques en relation avec les
nouvelles technologies (informatique,
télématique...)
1987-1988 - Handicap (Les personnes handicapées dans la
ville)
1988-1989 - Utopia (Une ville rêvée par les enfants)
1989-1990 - Aqua (Circuit de l'eau et écologie)
1990-1991 - Europa (l'Europe découverte à travers
l'étude d'un lieu à vocation européenne)
Ces expériences de "pédagogie de projet"
initiées et coordonnées par l'école active de
Malagnou, ont permis de mettre en relation des écoles de
différents pays. (Suisse, France, Danemark, Italie, Portugal).
Elles ont la caractéristique d'ouvrir l'école sur
son environnement.
Cette année 1991-1992, notre école met sur pied un projet international de robotique et de télématique en lien direct avec l'écologie.
Ce projet "Pangée" (voir document en annexe)
s'adresse à des classes dans chaque continent. Il est
pensé sur deux années scolaires (91/92 et 92/93). Il
permettra à de nombreux enseignants et élèves de
tous les continents, de vivre une expérience novatrice
au plan pédagogique, riche au plan des apprentissages, en
particulier dans le domaine de l'écologie.
Ce projet à dimension interculturelle, participera
à une prise de conscience, dans plusieurs lieux du monde,
des responsabilités de chacun envers notre
planète.
Pangée a besoin de l'aide de tous ceux qui le peuvent. Nous
espérons vous compter parmi ceux qui lui donneront la
dimension qu'il mérite.
M.Brès Jean-Claude
Ecole Active de Malagnou 39 bis Rte. de Malagnou 1208
Genève Suisse
Tel. (41.22) 735.22.90 et 735.76.54 Fax. (41.22) 786.17.98
E-Mail : Jean-Claude.Bres@tecfa.unige.ch
Coordination européenne
M. Philippe Maigre
Collège Marie-Thérèse 24, Av. Eugène
Lance 1213 Grand-Lancy (Genève) Suisse
Tel. (41.22) 794.26.20 Fax. (41.22) 794.51.13
E-Mail : Philippe.Maigre@tecfa.unige.ch
Organisation pédagogique de l'activité.
Chaque classe, préalablement contactée par le
coordinateur national ou régional et informée de
l'ensemble du projet et des détails d'organisation, isole une
problématique écologique régionale.
Deux éclairages possibles :
soit
- Une problématique favorable à l'environnement
(technique de reboisement, loi sur les carburants, usine
d'épuration particulièrement bien
pensée....)
soit
- Une problématique défavorable à
l'environnement (pollution, déforestation outrancière,
surconsommation d'énergies...)
Au travers de l'observation de cette problématique particulière, c'est l'ensemble de l'écologie que la classe doit étudier.
Les élèves sont invités à modéliser la problématique étudiée en construisant une maquette.
Chaque classe entretient une correspondance avec deux autres
classes du réseau.
Organisation du réseau :
Le réseau peut avoir différentes dimensions.
Minimalement on verra au moins deux classes par continent participer
à l'expérience. A ce moment, il s'agira de 10 classes
et la coordination sera complètement centralisée.
Il est beaucoup plus probable que le réseau s'étoffe et
que dans certains continents, dans certains pays un nombre beaucoup
plus important de classes participent. Dès lors, il est
nécessaire de penser à un réseau avec des
"personnes relais"
Voici alors ce que sera ce réseau :
Le projet est coordonné depuis Genève.
Coordination générale:
L'Ecole Active de Malagnou, initiatrice du projet, est le lieu
central qui assure la coordination générale
(Jean-Claude Brès). Tel. (41.22) 735.76.54 et 735.22.90
Fax : 786.17.98 E-mail : bres@kame.media.mit.edu
Coordination Européenne :
Le Collège Marie-Thérèse (Philippe Maigre) est
responsable de la coordination européenne et aide à la
coordination générale du projet.
Tel. (41.22) 794.26.20 Fax.794.51.13 E-mail :
philm@kame.media.mit.edu
Coordinations continentales (nationales ou
régionales)
Dans chaque continent nous devrons trouver un coordinateur au moins
(plusieurs pour l'Amérique - nord / sud et pour l'Afrique par
exemple) et des personnes relais dans les points qui paraissent
stratégiques sur le plan géographique, politique ou
pédagogique, en fonction des distances, des langues
parlées...
Rôles et responsabilités :
La coordination générale entretient la dynamique du réseau, cherche les contacts nécessaires pour localiser les coordinateurs dans chaque continent et les informe de l'ensemble du projet. Elle diffuse aux coordinateurs toutes les informations nécessaires et établit le lien entre eux.
Les coordinateurs organisent leur réseau selon le format qui leur parait le plus adéquat en fonction du pays dans lequel ils opèrent. Ils s'occupent de chercher les "personnes relais" dans les points qui leurs semblent les plus stratégiques, établissent le lien entre la coordination générale et les personnes relais, aident à l'orientation générale du projet et participent à le dynamiser. Ils sont les contacts directs avec le coordinateur général.
Les personnes relais, sont en contact direct avec le réseau des classes dans un pays ou une région. Les régions linguistiques peuvent, par exemple, définir des zones d'activités pour les personnes relais.
Chaque classe situe son activité au niveau qui lui convient tant sur le plan du temps que des moyens qu'elle peut mettre en oeuvre par rapport au projet. L'important est de participer. Idéalement, chaque classe devrait correspondre avec deux autres classes, tissant ainsi les liens du réseau.
MOIS A. Enseignement B. Télématique C. LEGO-LOGO
général Correspondance
Depuis 1991, des élèves de différents continents participent au projet Pangée
Le lundi 6 juin 1994, un événement symbolique marque une étape de cette expérience :
Une visioconférence a lieu, mettant en relation des élèves, des enseignants et des chercheurs de quatre pays. Au cours de cette visioconférence, une expérience de pilotage à distance est réalisée.
Un enfant pilote par ordinateur et grâce au modem une maquette construite par un autre enfant, à l'autre bout du monde !
- A 11 ans je peux prendre le pouvoir sur les ordinateurs et les
technologies de notre temps.
- A 11 ans je peux correspondre instantanément avec quelqu'un
à l'autre bout du monde .
- A 11 ans je peux faire bouger quelque chose à l'autre bout
du monde.
Notre Vaisseau Terre est tout petit. Nous avons de puissants moyens à notre disposition. Que voulons-nous en faire nous, les enfants ?
Moyens
Pour qu'un tel événement puisse avoir la dimension souhaitée, pour qu'il sensibilise un maximum de personnes aux problématiques éducatives, pédagogiques aussi bien qu'écologiques, nous avons mis en place un certain nombre de moyens:
- Une préparation très sérieuse de l'événement dans chaque école.
Travail sur les thèmes à aborder en direct .
Travail sur la prise de parole et l'écoute de l'autre.
Préparation pratique du pilotage à distance - nombreux
essais.
- Un lieu adéquat.
Place pour les élèves, enseignants, chercheurs, le
matériel, un public.
(Pour Genève, la salle de visioconférence des
Télécom PTT, pour l'Uruguay, la mairie de Montevideo,
pour les USA Le MIT à Boston et pour le Danemark une salle de
visioconférence spacieuse, claire et bien
équipée.)
-La présence de personnalités du monde de l'éducation.
La visioconférence est officiellement ouverte depuis
Genève, par une allocution du professeur André Giordan
(Directeur du Laboratoire de Didactique des Sciences de
l'Université de Genève et président de la
section des Sciences de l'Education de la Faculté de
Psychologie et de Sciences de l'Education de Genève.)
Elle est clôturée par Seymour Papert (Inventeur du
langage LOGO et directeur du MediaLab au MIT - Boston)
- Une couverture médiatique aussi importante que possible.
Journaux et télévisions ont été
contactés, dans chaque pays.
A la suite de cet événement, ce document mémoire
est produit et diffusé afin que les éducateurs, et
chercheurs intéressés puissent profiter de
l'expérience et en faire profiter les
élèves.
Une cassette vidéo (montage des divers documents filmés
dans les quatre pays) est produite et diffusée.
Les ordinateurs
Pour ce qui est de la conception des maquettes et de leur pilotage par ordinateur, nous avons utilisé à Genève du matériel LEGO (LEGO Technik) et des ordinateurs Macintosh, Apple II E et Apple II GS.
Les maquettes LEGO peuvent également être pilotées par des ordinateurs IBM et compatibles.
Nous avons programmé les maquettes en langage Logo et
utilisé les interfaces fournies avec les boîtes de base
LEGO TC Logo.
Il est bien entendu que selon les pays, les matériels à
disposition dans les écoles, tout matériel de
construction, tout ordinateur et tout langage de programmation peut
faire l'affaire.
Les maquettes
Pour ce qui est des maquettes, nous avons utilisé divers
matériaux de construction (bois, métal, carton,
polystyrène expansé...)
Les briques LEGO, les moteurs, sensors, rouages divers sont
particulièrement riches sur le plan pédagogique
(précision, modularité, rapports mathématiques
des grandeurs, des roues dentées, facilité de
construction, démolition, reconstruction ->
tâtonnement expérimental...) toutefois, l'utilisation
d'autres matériaux ne manque pas d'intérêt sur le
plan pédagogique non plus (inventivité, liberté
dans la recherche de solutions diverses, découverte de
propriétés de matériaux naturels - souplesse,
légereté, conductivité... ) On peut même
envisager l'utilisation de matériaux de
récupération, sensibilisant encore les
élèves à l'aspect écologique - de plus
c'est une solution économique.
Le modem
Pour ce qui est du modem, il est évident qu'un modem rapide est plus onéreux à l'achat mais plus économique à l'utilisation (durée des communications).
Pour ce qui est des communications courrier électronique - envoi de simples messages, toutes les vitesses sont utilisables.
Pour ce qui est du pilotage à distance, il en va autrement. Après de nombreux essais et tâtonnements (plus fastidieux qu'expérimentaux ceux-là !), nous avons découvert ...
- qu'à 2400 bauds, la souris est très difficilement contrôlable (en particulier par un enfant) et les temps d'affichage à l'écran désespérément longs.
- à 14400 bds Timbuktu et ARA nous font toutes sortes de farces. (Nous avons pensé que les parasites et diverses fritures sur les lignes téléphoniques rendent les communications instables à cette vitesse - Interprétation qui n'engage que nous-mêmes mais constat systématique de problèmes.)
- à 9600 bds nous avons établi sans aucun problèmes des communications avec les USA, l'Uruguay, le Danemark et même entre deux écoles proches (on ne sait jamais si les téléphones locaux fonctionnent aussi bien que les internationaux !)
Les logiciels
Pour faire l'ensemble de l'expérience, nous avons utilisé trois logiciels sur Macintosh.
- LEGO Control Lab. (gère le pilotage de la maquette)
- Apple Remote Access (ARA qui gère la communication)
- Timbuktu (qui permet de prendre le contrôle d'un ordinateur
à distance)
Un certain nombre de réglages des logiciels et du
système de l'ordinateur sont nécessaire à la
réussite de l'opération. (Voir détails plus
loin).
Bien entendu, il n'est pas indispensable de mettre en place une
visioconférence pour mener à bien une expérience
de pilotage à distance.
Toutefois, il faut savoir qu'on ne voit pas la maquette des
correspondants à l'écran de l'ordinateur. On ne voit
que leur écran d'ordinateur. Il est donc possible de constater
que ce que l'on fait produit des effets de l'autre côté
, de plus les correspondants peuvent à tout moment
écrire des commentaires dans le centre de contrôle
...donc on sait que ça marche, mais on ne le voit pas
vraiment.
Cela reste toutefois une expérience très émouvante et très motivante pour les élèves !
Mettre en place une visioconférence est une grande aventure
.
La valeur éducative humaine et pédagogique d'une
visioconférence entre élèves de pays
différents est évidente.
Sa préparation et sa réalisation restent pour le moment
un petit exploit .
- La nouveauté du média fait qu'un très grand
nombre de détails pouvant faire rater l'expérience vont
se trouver sur notre chemin et ne sont pour le moment pas totalement
maîtrisés par les techniciens et spécialistes des
visioconférences et des télécommunication en
général.
(voir liste des détails techniques ci-après)
- L'organisation de la conférence quant à la forme et
au contenu est très importante.
- La gestion de la prise de parole face à la caméra
n'est pas évidente...on se retrouve dans la situation des
premiers utilisateurs du téléphone. On parle à
contre-temps, on se coupe la parole, on ne parle pas assez fort ou
pas assez clairement...
- Le rendez-vous horaire n'est pas évident si on se trouve
dans des pays très lointains (fuseaux horaires certes mais en
plus horaires d'été et d'hiver...et saisons de
l'année selon la latitude)
Il faut savoir qu'une visioconférence, c'est l'envoi du son
et de l'image sur les lignes RNIS ou ISDN (c'est la même
chose). Tous les pays du monde ne sont pas équipés de
ces réseaux (Réseau Numéris) RNIS.
Il y a également des normes et des vitesses à
respecter. Il faut donc s'assurer que tous les correspondants auront
la même norme (H261 ou H320) et la même vitesse (2X56
=112 Kbit/s ou 2x64=128 Kbits/s)
De plus il y a des systèmes et tous ne sont pas
compatibles.
Enfin pour être plus de deux correspondants en relation en
même temps, il faut faire établir un multipoint
(bridge).
Quant aux tarifs, ils sont variables selon les pays.
Dans le cas de notre expérience, nous avons
communiqué avec un système PictureTel 4000 norme H320
à 128 Kbits/s
Le tarif d'une telle communication était de 4,50 Sfr/min. soit
270 Sfr/h (francs suisses).
Pour qu'une visioconférence fonctionne correctement, il
nous semble qu'il ne faut pas plus de 4 personnes dans chaque lieu
qui prennent la parole (pour des questions de champ de caméra,
de lumière, de recherche automatique de cadrage et de
netteté...ainsi que de cohérence du message.)
Il va s'agir là d'une auto-évaluation plus que d'une
évaluation...
En effet, pris par le temps, par l'urgence de réaliser, nous
nous trouvons trop souvent dans la situation de ne pas prévoir
une réelle évaluation - c'est à dire à
une observation effectuée par quelqu'un non directement
impliqué dans le projet, un observateur de
l'extérieur.
Dans l'avenir qui sera réservé à cette
expérience pédagogique (Pangée) je souhaiterais
fonctionner avec une réelle évaluation et si possible
à caractère formatif , nous permettant de
réorienter le projet en cours de route si des faiblesses, des
manques... apparaîssent.
Je m'adresse donc aux universitaires intéressés par
l'expérience et qui accepteraient de collaborer dans ce
sens.
1. Travaux en classe
Pour ce qui est des classes que j'ai pu observer très
directement -en particulier les classes genevoises- les travaux ont
été très motivants pour les
élèves, ils ont entraîné une réelle
collaboration entre les divers enseignants concernés
(enseignant de travaux manuels, d'informatique, responsable de
classe...).
Une ouverture de l'école sur des interventions
extérieures a été nécessaire
(biologiste, spécialiste en écologie...)
Les enseignants ont été amenés à faire
sortir leurs élèves hors du cadre scolaire
(interviews, visites...)
Des interactions avec d'autres travaux dans l'école ont
eu lieu (articles concernant Pangée dans le journal
d'école).
Pour ce qui est de l'Ecole Active de Malagnou, les élèves ont abordé les thèmes suivants au cours des trois années qu'a duré le projet Pangée :
- Géographie mondiale (les continents)
- Qu'est-ce que l'écologie ?
- L'eau
- L'air
- Les forêts
- Le traitement des déchets
Dans chacun de ces domaines, des intervenants extérieurs
à l'école ont participé (biologiste, aide pour
l'enseignant...)
Les camps de fin d'année ont été
également orientés afin de compléter les
connaissances des élèves dans ces domaines (camp de
plongée, par exemple avec découverte du biotope
lacustre)
Le bilan est très positif.
Par contre, il est à noter que le projet Pangée a été consommateur de temps et d'énergie... et que quelquefois, le maître de classe s'est trouvé un peu bousculé dans son programme d'acquisition de connaissances purement scolaire - c'est une classe en dernière année de primaire qui se prépare à l'entrée au secondaire avec des examens.
Nous aurions peut-être dû essayer plus encore (cela a tout de même été tenté mais pas systématiquement) de voir à quels moments l'activité en relation avec Pangée pouvait intégrer totalement telle ou telle acquisition scolaire...Il n'est pas dit toutefois que cela soit souhaitable. Il est peut-être bon pour les élèves de faire de claires coupures pour que le thème ne soit pas omniprésent au risque de devenir lassant.
2. LEGO-Logo
Dans ce domaine l'enthousiasme des élèves a
été évident.
Les années où le thème général a
pu être abordé dès le début de
l'année scolaire et où une visite d'un lieu à
modéliser est intervenue assez tôt, l'activité de
Lego-Logo a été immédiatement beaucoup plus
structurée et les buts à atteindre tout de suite clairs
pour les élèves (exemple -> l 'eau avec visite de la
station d'épuration)
La dernière année où, pour des raisons internes, le thème a pris réalité dans la classe plus tard et la visite également (Traitement des déchets et visite d'une station d'incinération), l'activité de LEGO-Logo a débouché sur des réalisations de maquettes beaucoup plus hétéroclites et individuelles qu'il a été plus difficile à intégrer dans un projet commun à tous les élèves.
Nous avons fait le choix de construire des maquettes qui ne sont
pas individuelles mais collectives (un élève ou un
petit groupe d'élèves commence la construction, le
groupe suivant continue, améliore, transforme...). C'est sans
aucun doute un choix très riche sur le plan pédagogique
et sur le plan social également.
- Les élèves apprennent à respecter le travail
des autres.
- Ils découvrent la richesse de la collaboration.
- Ils sont appelés à expliciter leur projet.
- Ils apprennent à réorienter leur propre projet en
fonction de celui des autres.
- L'avancement rapide de la construction est motivant.
- Les trouvailles des uns enrichissent les autres.
- Il y a un gros travail de négociation des projets et de
passation des consignes d'un groupe à l'autre.
La classe était divisée en trois groupes. Chaque groupe travaillait une heure de temps par semaine et laissait la place au groupe suivant. Les cinq dernières minutes de chaque heure étaient réservées à l'explication du travail réalisé et à la passation des consignes par les élèves aux groupes qui leur succédaient.
Il semble indispensable dans une telle configuration de laisser des moments au cours de l'année où les élèves réalisent individuellement une maquette personnelle qui n'est pas forcément en relation avec le thème traité. Ce fut une demande de plusieurs élèves...la chose ayant été accordée certains élèves ont toutefois choisi de continuer les maquettes collectives sur le thème traité. (On peut imaginer une partie de chaque leçon - pour nous, il s'est agi de 4 leçons de suite au cours de l'année).
3. Réseau télématique (correspondance scolaire)
Le réseau télématique a été
beaucoup plus utilisé par les enseignants que par les
élèves.
A cela plusieurs raisons:
- Le moment de correspondance scolaire se passait en classe avec un
nombre d'élèves qui ne pouvaient pas avoir tous
accès aux ordinateurs et modem en même temps.
- Le temps réservé à cette activité
était tout de même assez court (1 heure /semaine et par
demi groupe, soit 1 heure tous les 15 jours pour chaque
élève.)
- les correspondants directs de la classe (Catalans) utilisaient
également peu le courrier électronique et envoyaient
des courriers traditionnels magnifiques, avec dessins, photos,
documents divers...
Les élèves ont appris à utiliser le courrier
électronique mais ont sans aucun doute
préféré les envois papier .
Je suis persuadé que l'impossibilité d'envoyer des
messages personnalisés, en couleur, avec des dessins, des
photos...rend le courrier électronique moins attrayant -
après un moment de plaisir de la découverte - et qu'il
en irait tout à fait autrement avec un support
télématique permettant l'usage de la couleur, l'envoi
de dessins ou de photos.
Il serait intéressant de tenter l'expérience (projet
d'avenir !)
Le courrier électronique a été
extrêmement utile aux adultes. Ce sont des centaines de
messages que la coordination générale a reçus
(presque un millier).
Pour l'expérience finale de pilotage à distance ce fut
un moyen irremplaçable - sans ce mode de communication, nous
aurions eu beaucoup de peine à réussir
l'expérience.
L'ensemble du réseau des participants est une entité
vivante et mouvante. Certaines classes s'inscrivent et n'entrent
jamais réellement en activité, d'autres ont une
activité intense durant un certain temps (un mois, deux, une
année) puis disparaissent du réseau... et
réaparaissent plus tard dans certains cas.
Certaines enfin se sont inscrites, n'ont plus donné signe de
vie durant toute l'année scolaire et ont fait parvenir
à la coordination générale un excellent dossier
d'activité couvrant toute l'expérience de la classe
durant toute l'année scolaire.
Faut-il essayer de lutter là contre et essayer de
standardiser les modes d'échanges ? (Rythme - forme...)
Faut-il accepter cette mouvance, cette autonomie de vie du
réseau ?
Dès le départ, la coordination générale a
exprimé le désir que chacun se sente libre de donner au
projet la forme et la dimension qui convenait à sa classe, son
école, au pays dans lequel il se trouvait.
Il est évident que la coordination générale a visé dans un premier temps à la réussite d'au moins une expérience complète dans chaque domaine (étude très complète d'un phénomène écologique dans une classe, correspondance suivie entre deux classes, réalisation d'une maquette complexe et fiable, enfin réalisation d'une vidéoconférence et d'une expérience de pilotage à distance entre quelques membres du réseau...)
Nous avons maintenant une expérience référence nous permettant d'aider, d'orienter ceux qui souhaiteraient faire une démarche semblable.
4. Pilotage à distance
Le pilotage à distance a été une bien grande
aventure.
De toute part, on nous disait que l'idée était
excellente et que cela ne présentait aucune difficulté
technique, que tout les matériels et logiciels
nécessaires étaient à disposition...(la preuve,
nous y sommes arrivés !) mais dès qu'il s'agissait de
savoir quels logiciels, quels types de modems...nous nous apercevions
qu'à ce jour, personne n'avait réellement tenté
l'expérience.
Nous nous sommes alors mis au travail, expérimentant les
divers logiciels et modems sur le marché et solutionnant petit
à petit les nombreux problèmes techniques qui se
présentaient.
Concernant les logiciels voici notre choix final:
- LEGO control lab (sur macintosh) permet de faire fonctionner la
maquette.
- Apple Remote Access (ARA) permet de gérer les
communications.
- Timbuktu permet de prendre en main l'ordinateur du correspondant et
donc de piloter sa maquette.
Un certain nombre de réglages sont nécessaires pour que cela fonctionne et certains fichiers doivent être désactivés - en particulier pour avoir la maquette et le modem branchés sur un seul et même ordinateur (voir feuille technique à ce sujet).
Concernant le modem, nous utilisons les lignes
téléphoniques normales, cela ne fonctionne vraiment
bien qu'à 9600 bauds. Une procédure Hayes compatible
donne entière satisfaction.
Il est de la plus haute importance, si l'on veut diminuer la
durée des communications et donc le coût de tomber
d'accord préalablement avec son correspondant sur un certain
nombre de points de procédure précis.
- Qui appelle ?
- Comment l'ordinateur du correspondant doit-il être
configuré ?
- Quels logiciels doivent déjà être en route et
que devra-ton voir à l'écran ?
- Quel est le nom de la procédure à appeler ?
- Comment indique-t-on que l'on a fini et qu'on attend une
réponse du correspondant ?
(par exemple S. pour Stop)
- Quand c'est au tour du correspondant de gérer notre
ordinateur, combien de temps
devra-t-il attendre pour que nous ayons quitté Timbuktu,
ouvert le logiciel
désiré et la procédure sur laquelle il souhaite
travailler ? (conseillé 1 min.)
Bien sûr tout cela peut aussi être fait depuis l'ordinateur appelant...mais cela prend un temps infini à cause des allers-retours et des écrans à régénérer.
Sur le plan symbolique, une expérience de pilotage à
distance est quelque chose de très émouvant. Imaginez
l'étonnement, la fierté, l'émotion des
élèves et de leurs enseignants lorsque leur maquette se
met à bouger toute seule pilotée par un enfant à
des milliers de kilomètres de là.
Les applaudissements, les cris de joie...et même les larmes le
jour de la visioconférence en ont été le
meilleur témoignage.
5. Visioconférence
La visioconférence qui a eu lieu le 6 juin 1994 entre
l'Uruguay, le MIT à Boston, le Danemark et les classes
genevoises a été une réussite.
Symboliquement la présence d'un pays de
l'hémisphère sud, celle de Seymour Papert (inventeur du
langage LOGO) du Danemark (Pays du LEGO) des classes genevoises
(où est né le projet) la présence d'André
Giordan (Directeur du Laboratoire de Didactique des Sciences) et le
fait qu'il s'agissait d'une première mondiale en ont fait un
événement historique.
Il fut pour nous riche en apprentissages :
- Quant au domaine technique (Normes, vitesses, systèmes,
coûts...)
- Quant à l'organisation pratique (qui prend la parole, quand,
combien de personnes à l'écran dans chaque groupe
?...)
- Quant à la valeur pédagogique au contenu et à
la forme à donner à une telle expérience.
(Nous avions trop d'élèves directement impliqués
au niveau de la prise de parole, les textes étaient trop bien
préparés -> manque de spontanéité...Il
faudrait réserver un moment très structuré, bien
préparé et un moment très
spontanné...)
- La qualité du son doit être améliorée
(s'agissait-il du standard choisi ou de la communication ce jour
là ?) mais les élèves avaient du mal à
comprendre ce qui se disait, surtout dans une langue
étrangère, même s'ils la maîtrisaient
relativement bien.
- La prise de parole (tour de rôle) est à exercer au
préalable.
Résumé - Conclusions
Pangée est une expérience historique,
réussie, riche et très encourageante, qui appelle une
suite.
Il reste de très nombreux points à améliorer
tant sur le plan de l'organisation générale du projet
que sur le plan pédagogique et technique.
Points négatifs (et amorces de solutions):
- Pas assez de temps consacré au niveau de la coordination
générale -> (projet dans ce sens pour l'an
prochain)
- Pas assez de coordinateurs (trices) nationaux donnant la dimension
qu'il mérite au projet, dans leur pays. ->(les y
encourager, leur donner les moyens, trouver des coordinateurs
nationaux là où ils manquent, impliquer les
gouvernements dans le projet).
- Projet relativement gourmand en temps et énergie à
investir de la part des enseignants. ->(?)
- Peu d'utilisation par les élèves du courrier
électronique. ->(chercher autre support
télématique)
- Absence d'évaluation du projet par des personnes
extérieures. -> (Demander à l'université)
Points positifs:
- Nous avons atteint au moins une fois dans chaque domaine tous
les buts que nous nous étions fixés.
- Expérience très riche en apprentissages tant pour les
élèves que pour les enseignants et les
coordinateurs.
- Projet interdisciplinaire, écologique, interculturel...
Pangée est un projet dans lequel on s'implique autant avec son
coeur qu'avec sa tête.
- Relations internationales riches et réussies - aussi bien
entre les chercheurs impliqués que les enseignants ou les
élèves.
- Acquisition d'une expérience voire d'une maîtrise
certaine de la part des organisateurs, dans les domaines de la
robotique scolaire, de la télématique et de la
visioconférence pédagogique.
...Pangée, un projet réussi, pas forcément
terminé ... affaire à suivre !
Jean-Claude Brès, 1 août 1994