Image et apprentissage des langues secondes : les présupposés théoriques (2)
(Peraya, 1991)

Commentaire


Le schéma ci-dessus précise en termes d'analyse sémiotique le schéma précedent. Il fait apparaître tout d'abord  la coupure entre la sphère du langage et celle du monde référentiel. Il montre ensuite comment sur la base d'un signifié commun connu et reconnu par les apprenants, ceux-ci sont capable d'apprendre le signifiant correpondant dans la langue-cible.

Ce modèle, rappelons-le, se fonde sur deux postulats –sur la croyance– que l'image, parce qu'elle ressemble à ce qu'elle représente, est immédiatement compréhensible, ce que nous pouvons formuler plus précisément, de cette façon :

  1.  il est possible de trouver une adéquation parfaite entre le signifié linguis-tique et le signifiant visuel;
  2. l'icone entretient avec son référent un rapport d'analogie et le langage de l'image serait donc universel; la compréhension d'une image ne néces-siterait aucun apprentissage particulier puisque cette dernière donnerait à lire son référent, sans la médiation de conventions représentatives, par pure transparence.


L'un et l'autre de ces postulats ont la vie dure et se colportent encore aujour-d'hui quand bien même les études expérimentales et la pratique des ensei-gnants en ont démontré l'inanité (Peraya, 1982). Les difficultés rencontrées, d'ordre tant onomasiologique que sémasiologique, suffisent à le démontrer. L'onomasiologie, qui est l'étude sémantique des dénominations, prend comme point de départ le signifié, le concept, et cherche le signifiant qui lui corres-pond. Elle commande donc à la démarche du destinateur et concerne l'encodage. De ce point de vue, Tardy (op. cit.) a fort bien montré combien il est vain de vouloir canaliser complètement la signification d'une image et comment « chaque détail iconique contraignant (introduit pour baliser la lecture et désambiguïser la figuration visuelle) restreint sans doute, à un niveau donné, les errances d'interprétations, mais, en d'autres points, multiplie les ramifications latérales et fait que le sens, endigué ici, se met, là-bas, à déborder de nouveau. » (Coste, 1975 : 7).

Références:
Coste, D. (1975), Les piétinements de l’image, Etudes de linguistique appliquée, 17, 5-29.
Peraya, D. (1982), Image et langue. Le langage de l'image, Revue belge de psychologie et de pédagogie, 44, 182.
Tardy, M. (1975), La fonction sémantique des images, Etudes de linguistique appliquée, 17, 19-43.


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Daniel Peraya

Last Changed : avril 2000