Image et apprentissage des langues secondes : les
présupposés théoriques (1)
(Peraya, 1991)
Commentaires
Dans le contexte de l'apprentissage linguistique,
l'Unité d'informaiton visuelle est considérée par
de nombreux auteurs comme un médiateur intersémiotique –
transsémiotique selon Greimas –, sorte de liaison entre deux systèmes
linguistiques, la langue maternelle (L1) et la langue-cible (L2). Nous
commenterons plus longuement la quatrième fonction, celle de médiateur
intersémiotique, puisque grâce à elle l'image se voit
reconnaître un rôle spécifique dans l'apprentissage.
Selon Greimas , ces méthodes s'inspirent d'une des formes de traduction,
la traduction trans-sémiotique, c'est-à-dire « l'interprétation
des signes linguistiques au moyen de systèmes de signes non linguistiques
» . L'image consisterait donc en un transcodage du sens étranger
dans un sens iconique évident, directement accessible, qui rendrait
de surcroît superflu tout recours à l'utilisation de la langue
maternelle des apprenants. Comme le formule clairement Coste, l'image est
utilisée pour ce qu'elle montre : « Elle "parle d'elle même"
sans détour. La bande magnétique peut faire entendre cat
ou Katze, l'image elle, bonne fille, atteste qu'un chat est un chat. »
(Coste, 1975:6). Théoriquement donc, à condition de ne présenter
strictement qu'une réalité connue des élèves
–on ne peut en effet reconnaître que ce que l'on connaît par
une expérience antérieure–, l'image permet aux apprenants
d'accéder à la compréhension des unités de
la langue-cible (L2).
Ce type de modélisation définit
le rapport textes/paratextes comme un rapport de transcodage et l'image
comme un équivalent sémantique entièrement redondant
par rapport au message en langue étrangère. On peut aller
plus loin dans la formulation théorique de ce modèle si l'on
se souvient qu'un signe linguistique et, par extension, sémiologique
est constitué de deux faces indissociables: d'une part, le signifiant
ou l'aspect matériel du signe et, d'autre part, le signifié
ou son aspect sémantique. Aussi peut-on définir le mécanisme
de compréhension qu'induit l'image comme l'association : 1°)
d'un signifiant visuel dont le signifié est censé être
évident pour les élèves et 2°) d'un signifiant
linguistique (L2) dont ceux-ci doivent inférer qu'il possède
le même signifié.
Référence:
Coste, D. (1975), Les piétinements de
l’image, Etudes de linguistique appliquée, 17, 5-29.
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Daniel
Peraya
Last Changed : avril 2000