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10.2 Définitions

Le concept de hyperdocument recouvre l'ensemble des documents dont la structure n'est pas linéaire. Dans un document linéaire, les pièces d'information se succèdent dans un ordre prédéterminé, qui est imposé au lecteur. Dans un hypertexte, chaque pièce d'information est connectée à un certain nombre d'autres pièces d'information. Les connections offertes sont présentées au lecteur qui choisit celle dont il désire prendre connaissance en premier lieu. Un hyperdocument est un réseau ou un graphe dont les éléments sont appelés des noeuds et les relations entre éléments sont appelés des liens. Un lien X-Y signifie que l'élément X (un mot, un objet graphique,...) d'un noeud est lié au noeud Y. Le lien implique que cet élément soit un objet activable (un bouton, une zone sensible,...) de telle sorte que, si l'utilisateur sélectionne cet objet (par exemple, en cliquant ou en double-cliquant dessus), on lui présentera le noeud Y. La figure 10.1 montre une portion du réseau de noeuds utilisé dans le programme Bylaskie (toutes versions confondues). Le noeud contenant de l'information sur Pollutebay est connecté explicitement au noeud qui présente les principales villes, à celui qui décrit la région côtière, à celui qui décrit les rivières et à celui qui décrit la province du Nord-Ouest.

Figure 10.1 Graphe de l'hyperdocument 'Bylaskie'

On distingue généralement les structures de type 'graphe' des structure en forme d'arbre. Un arbre est un type particulier de graphe qui ne comprend pas de connexion circulaire (A connecté à B, B à C et C à A). La circularité pose des problèmes de bouclage (A,B,C,A,B,C,A,B,C,...) que ce soit un programme ou un utilisateur qui explore le graphe. Comme le montre la figure 10.1, on peut isoler dans le graphe de l'hyperdocument 'Bylaskie' un sous-ensemble des connaissances qui est structuré en arbre: dans la partie supérieure, chaque noeud n'a qu'un seul père (lignes droites). Nous ferons référence à ce sous-ensemble comme la structure principale de l'hyperdocument. Nous désignerons comme structure secondaire le réseau de connexions entre noeuds appartenant à des branches différentes de l'arbre (lignes courbes).

Le noeud est l'unité de base de l'hyperdocument. Il peut comporter du texte, mais également des graphiques, des images vidéo, du son. Un noeud peut même être un petit programme avec lequel l'utilisateur travaille sur un point particulier. La terminologie pour décrire un noeud varie d'un système à l'autre. Dans GUIDE, un noeud est un document (texte + graphique) ou une partie de document; dans Hypercard, un noeud s'appelle une 'carte'. On parle d'hypertexte lorsque les noeuds du graphe sont des pièces de texte et d'hypermedia lorsque les noeuds comportent des images ou du son. En résumé, dans le terme 'hyper-quelque-chose', le préfixe 'hyper' signifie 'non-linéaire' et ce qui suit décrit le contenu des noeuds (mais cette terminologie est encore instable).

Les noeuds d'un hyperdocument peuvent se trouver dans un même fichier, dans des fichiers différents stockés sur une même machine ou encore sur des machines différentes. Dans le dernier cas, on parle d'hypertexte distribué. Par exemple, World Wide Web est un hyperdocument dont les noeuds sont des documents ou services sur d'autres machines, situées n'importe où le monde, via les réseaux informatiques qui relient les universités entre elles (Internet).

Le concepteur d'un hyperdocument ne doit pas seulement veiller à créer des liens. Il doit également s'assurer que le lecteur connaisse l'existence de ces liens et qu'il sache comment les activer. Lorsque l'utilisateur voit un bouton, il sait généralement qu'il s'agit d'un objet activable. Par contre, ce n'est pas nécessairement le cas d'un mot ou d'un élément d'un graphique. Les mots 'bouton' doivent donc être affichés dans un format différent (en gras, en italique, en rouge, encadré,...) de telle sorte que l'utilisateur sache qu'il peut les sélectionner. Les zones activables (ou zones sensibles) doivent être mises en évidence, soit par un cadre ou autre dessin en arrière-plan, soit par un changement de forme du curseur lorsque celui-ci passe sur une zone sensible. Rappelons qu'Authorware permet à l'auteur de choisir un curseur propre à chaque zone-sensible. Dans les systèmes qui souffrent de faibles performances graphiques, la sélection d'un lien se fait parfois au moyen des touches de déplacement du curseur ou des touches-fonction (F1, F2,...). Dans tous les cas, il est nécessaire de définir des règles cohérentes qui permettront à l'utilisateur de savoir quels liens sont disponibles et comment il peut les activer. La cohérence consiste à représenter de la même façon les objets qui ont la même fonction, à travers tout l'hyperdocument.

On distingue plusieurs type de liens. Un lien explicite relie deux noeuds que le concepteur a délibérément connectés. Le noeud 'Pollutebay' est explicitement connecté au noeud 'Nord-Ouest'. Par contre, le lien entre 'Pollutebay' et 'Belflack' est un lien implicite: le lecteur utilise la touche '->' qui établit par défaut une connexion entre deux noeuds-frères (qui possèdent un même super-noeud). Les connections entre l'index et les noeuds du programme Bylaskie ont été créés explicitement. Par contre, certains systèmes offrent un index ou un glossaire automatique. Certains programmes vont plus loin encore dans le calcul des liens. Par exemple, le système Glasgow Ondine (cité par Nielsen, 1990) est un guide touristique qui, si vous l'interrogez sur les horaires des trains, sélectionnera automatiquement les noeuds correspondant à l'horaire des prochains trains au départ de Glasgow (pour chaque destination). Un superlien est un lien qui propose un menu de liens disponibles. Il est utile lorsqu'un noeud peut être connecté à un grand nombre d'autres noeuds. Par exemple, si vous lisez un noeud sur le canton de Genève et qu'il comporte un bouton 'villes', le problème est de savoir sur quelles villes vous désirez de l'information. Un superlien présentera une liste des villes pour lesquelles l'information est disponible.

Enfin, on discrimine encore les liens selon leurs effets à l'interface. Dans le cas le plus fréquent, l'activation d'un lien X->Y conduit le noeud Y à remplacer le noeud X sur l'écran. Le logiciel Guide(TM) offre d'autres formes d'affichage. Si le mot est un bouton d'expansion, l'information stockée dans Y s'intègre dans le texte X. Par exemple, un mot peut être remplacé par sa définition ou un acronyme par le terme complet. Si le bouton est de type 'note', le nouveau noeud se superpose au texte tant que l'utilisateur ne relâche pas le bouton de la souris. Dans ETOILE (Dillenbourg et al., 1992) une note est un noeud qui comporte peu d'information et s'affiche en bas de page, sans masquer le texte principal.

Les mêmes relations de substitution, expansion, superposition ou annotation peuvent exister entre des noeuds graphiques. Par exemple, le schéma d'un moteur peut être constitué de plusieurs 'blocs' fonctionnels. L'utilisateur devra sélectionner un bloc pour faire apparaître des composantes (expansion), ou en faire afficher les paramètres en superposition (note).