On lui donna ce nom au IX^ème siècle, car on imagina que les prisonniers, qui transitaient par ici pour aller des tribunaux aux prisons, regardant dehors la merveilleuse vue sur la lagune et sur l'île de St. Giorgio soupireraient en sachant qu'ils ne verront sûrement jamais plus la lumière du soleil.

Depuis des siècles, la place Saint-Marc, témoin privilégié de la vie de Venise, a vu se dérouler d'innombrables cortèges, processions et carnavals. Les touristes s'y rendent par milliers, car la place est bordée à l'est par deux monuments les plus mythiques de la cité, la basilique et le palais des Doges. Outre ces monuments incontournables, la place présente bien d'autres attraits : les boutiques, les cafés élégants et les orchestres en plein air se succèdent sous les arcades des Procuratie. La place est toute proche de la lagune, et l'une des première à subir l'acqua alta (la marée haute). On voit alors touristes et Vénitiens s'aventurer sur les caillebotis disposés pour traverser la place inondée.

Le premier campanile, élevé en 1173, faisait office de phare, pour guider les marins vers la lagune. Le Moyen Age lui fit jouer un rôle moins charitable : les condamnés étaient enfermés dans des cages hissées à mi-hauteur du campanile. On les y laissait de longues semaines - parfois jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'aspect actuel de la tour date du XVI^ème siècle : elle fut alors restaurée par Bartolomeo Bon, après le tremblement de terre. Elle survécu ensuite à toutes les vicissitudes jusqu'au 14 juillet 1902 : les fondations cédèrent soudain ce jour-là, et le campanile s'effondra, détruisant la Loggetta. Les dons affluèrent pour la reconstruction de la tour, et, dès l'année suivante, on posa la première pierre d'un autre campanile dov'era com'era ("où il était, comme il était"). La nouvelle tour fut inaugurée le 25 avril 1912, jour de la Saint-Marc.

Dressé à la jonction de la Piazza et de la Piazzetta, cet édifice atteint 96 mètres de hauteur. Il abrite les cinq cloches de Saint-Marc, que l'on entend dans toute la ville scandes les heures du jour.

Le palais initial était une forteresse. Ce premier édifice, qui remontait au IX^ème siècle, et plusieurs palais successifs construits sur son emplacement furent la proie des flammes. Le palais actuel fut construit aux XIV^ème et XV^ème siècles. Les architectes ont joué sur l'inversion de la "logique" des masses architecturales : au lieu de construire un étage élégant sur un rez-de-chaussée massif et robuste, c'est une loggia très aérée, en pierre blanche d'Istrie, qui supporte la masse du palais de marbre rose.

Le palais des Doges fut à la fois le siège du pouvoir exécutif, le palais de justice et la résidence des Doges jusqu'à la chute de la République et abritait aussi salles d'armes, tribunaux et prisons. Pendant des siècles, cet édifice a été le seul à mériter le nom de palazzo - les autres demeures étaient appelées Ca', diminutif de casa, maison. Les murs et les plafonds des palais sont décorés de peinture allégoriques à la gloire de la Sérénissime. Tout comme la galerie des Glaces de Versailles, ces salles d'apparat déploient un faste propre à impressionner les ambassadeurs et dignitaires étrangers en mission à Venise.

La basilique de St Marc, cathédrale de la ville et siège du patriarche depuis 1807, quand il fut ici transféré de l'antique cathédrale de St Pietro di Castello, est le témoignage vivant de la fois.

Les mosaïques médiévaux avec les narrations de l'antique et le nouveau testament ne sont pas seulement une méditation biblique mais - dans le monde des icônes orientales - un signe de la présence du Devin dans le monde.

L'actuelle basilique est la troisième après celle du IXème siècle voulue par Giustiniano Partecipazio à l'arrivée à Venise du corps de St Marc en 828, et celle du Xème siècle reconstruite par Pietro Orseolo après un incendie en 976. Elle fut complètement refaite en beaucoup plus grand, utilisant des antiques fondations et des antiques murs, durant la deuxième moitié du XIème siècle .