QUELQUES GRANDS  MOUVEMENTS PEDAGOGIQUES


LEURS DIDACTIQUES

CHATELAIN
COUSINET

 
Célestin Freinet (1896-1966).Pédagogue francais.


Il a révolutionné l'enseignement en France dans les années 20 en instaurant une nouvelle manière d'apprendre, basée sur des techniques qui lui étaient propres et surtout en ayant une approche différente de l'enfant.
Dans l'immédiate après guerre ce mouvement prend de l'ampleur et devient une véritable pédagogie. Il faut dire qu'à l'époque, l'enseignement était (et est malheureusement encore trop souvent), basé sur le principe du "Magister dixit", c'est à dire" le maître a dit, ce qu'il dit est la vérité" et la matière est donnée de manière frontale ( un maître devant la classe qui enseigne aux enfants se trouvant face à lui).
Le principe de Freinet était bien différent. Même s'il est vrai que le maître en sait plus que l'enfant, cela ne veut pas dire que l'enfant ne sait rien, et il est dès lors plus agréable, tant pour l'enfant que pour l'enseignant, de confronter leurs idées en aiguisant de ce fait l'esprit critique. C'est dans cet esprit de communication, de créativité et de solidarité qu'est née la pédagogie Freinet.Instituteur, il introduit à l'école l'imprimerie, la correspondance, les journaux d'enfants. Il théorise sa pratique grâce à ses contacts avec Piaget et les grands pédagogues du XXème siècle. Il rassemble autour de lui de nombreux enseignants, crée une coopérative de production des outils de sa pédagogie.

La pédagogie Freinet a fait ses preuves à l'école publique depuis ses débuts, il y a 70 ans. Elle est centrée sur l'enfant et basée sur les principes suivants:

Expression-Communication-Création
Besoins fondamentaux de l'individu, ils lui permettent de se construire en tant que personne. Ils sont la base de tout apprentissage, scolaire ou civique. Le mouvement Freinet a concu des outils permettant leur mise en pratique : journal, correspondance sur des supports variés (papier, son, vidéo, télématique), bibliothèques de classe.

Autonomie
Au travers des activités personnelles d'apprentissage, de recherche, de création, d'expérimentation ainsi que dans la gestion d'un contrat de travail personnel et coopératif.

Responsabilisation
Par la mise en place de fonctions, de l'entr'aide, d'équipes et de groupes de travail, de la prise en charge du fonctionnement de la classe pour les apprentissages.

Socialisation
La classe est un lieu de vie avec ses règles élaborées par le groupe (dont le maître) qui reconnaissent à chacun droits et devoirs et protègent les individus.

Coopération et vie coopérative
Elle se vit à chaque instant dans le partage des tâches et l'entr'aide. L'enfant apprend par lui-même, aidé par les autres. La vie coopérative est opposée à la compétition individuelle. Elle permet à l'enfant d'être autonome responsable, d'apprendre les règles de vie en société. Les enfants sont amenés à gérer leurs projets, organiser leur travail , réguler les conflits lors du conseil de coopérative.

Apprentissages personnalisés
La pédagogie Freinet prend en compte les rythmes individuels d'apprentissage. A cette fin, l'enfant utilise des outils spécifiques : fichiers autocorrectifs, livrets, logiciels. Il peut également accéder à ses apprentissages au travers de projets personnels ou collectifs.

Ouverture sur la vie
L'enfant qui vient à l'école apporte avec lui son vécu, ses expériences, son savoir...mais aussi ses questions, ses curiosités. Il cherche,avec les autres, les réponses dans de nombreux documents mis à sa disposition dans la classe, mais aussi en dehors de la classe. Il échange ses travaux avec d'autres classes, dans des journaux scolaires édités par les classes, en correspondant avec d'autres par courrier ou par les technologies nouvelles de communication.(minitel, fax)

Tâtonnement expérimental
L'école dans la rue,l'école par la vie:c'est la clé du vrai savoir.
Il prone l'utilisation du visuel dans l'école.

Méthode Naturelle
Refus de l'autoritarisme comme du laisser-faire.
Le savoir ne peut être transmis unilatéralement du maître qui sait à l'élève qui ignore.
L'enfant, en partant de ses connaissances acquiert d'autres savoirs en même temps qu'il met en place une méthode de recherche, des démarches d'acquisition, un esprit critique, d'analyse et de synthèse.

Les invariants pédagogiques par Célestin Freinet,en 1964:

...C'est une nouvelle gamme des valeurs scolaires , sans autre parti-pris que les
préoccupations de recherche de la vérité, à la lumière de l'expérience et du bon sens. Sur la base de ces principes  ou invariants, donc inattaquables et sûrs, une sorte de Code pédagogique pourrait etre réalisé:

Invariant n°1
L'enfant est de la même nature que nous.
Invariant n° 2
Etre plus grand ne signifie pas forcément être au-dessus des autres.
Invariant n° 3
Le comportement scolaire d'un enfant est fonction de son état physiologique, organique et constitutionnel.
Invariant n° 4
Nul - l'enfant pas plus que l'adulte - n'aime être commandé d'autorité.
Invariant n° 5
Nul n'aime s'aligner, parce que s'aligner, c'est obéir passivement à un ordre extérieur.
Invariant n° 6
Nul n'aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail ne lui déplaît pas particulièrement. C'est la contrainte qui est paralysante.
Invariant n° 7
Chacun aime choisir son travail, même si ce choix n'est pas avantageux.
Invariant n° 8
Nul n'aime tourner à vide, agir en robot, c'est-à-dire faire des actes, se plier à des pensées qui sont inscrites dans des mécaniques auxquelles il ne participe pas.
Invariant n° 9
Il nous faut motiver le travail.
Invariant n° 10
Plus de scolastique.
Invariant n° 10 bis
Tout individu veut réussir. L'échec est inhibiteur, destructeur de l'allant et de l'enthousiasme.
Invariant n° 10 ter
Ce n'est pas le jeu qui est naturel à l'enfant, mais le travail.
Invariant n° 11
La voie normale de l'acquisition n'est nullement l'observation, l'explication et la démonstration, processus essentiel de l'Ecole, mais le Tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle.
Invariant n° 12
La mémoire, dont l'Ecole fait tant de cas, n'est valable et précieuse que lorsqu'elle est vraiment au service de la vie
Invariant n° 13
Les acquisitions ne se font pas comme l'on croit parfois, par l'étude des règles et des lois, mais par l'expérience. Etudier d'abord ces règles et ces lois, en français, en art, en mathématiques, en sciences, c'est placer la charrue devant les boeufs.
Invariant n° 14
L'intelligence n'est pas, comme l'enseigne la scolastique, une faculté spécifique fonctionnant comme en circuit fermé, indépendamment des autres éléments vitaux de l'individu
Invariant n° 15
 L'Ecole ne cultive qu'une forme abstraite d'intelligence, qui agit, hors de la réalité vivante, par le truchement de mots et d'idées fixées par la mémoire.
Invariant n° 16
L'enfant n'aime pas écouter une leçon ex cathedra
Invariant n° 17
L'enfant ne se fatigue pas à faire un travail qui est dans la ligne de sa vie, qui lui est pour ainsi dire fonctionnel.
Invariant n° 18
Personne, ni enfant ni adulte, n'aime le contrôle et la sanction qui sont toujours considérés comme une atteinte à sa dignité, surtout lorsqu'ils s'exercent en public.
Invariant n° 19
Les notes et les classements sont toujours une erreur
Invariant n° 20
Parlez le moins possible
Invariant n° 21
L'enfant n'aime pas le travail de troupeau auquel l'individu doit se plier comme un robot. Il aime le travail individuel ou le travail d'équipe au sein d'une communauté coopérative
Invariant n° 22
L'ordre et la discipline sont nécessaires en classe.
Invariant n° 23
Les punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous et n'aboutissent jamais au but recherché. Elles sont tout au plus un pis-aller.
Invariant n° 24
La vie nouvelle de l'Ecole suppose la coopération scolaire, c'est-à-dire la gestion par les usagers, l'éducateur compris, de la vie et du travail scolaire.
Invariant n° 25
La surcharge des classes est toujours une erreur pédagogique.
Invariant n° 26
La conception actuelle des grands ensembles scolaires aboutit à l'anonymat des maîtres et des élèves; elle est, de ce fait, toujours une erreur et une entrave.
Invariant n° 27
On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l'Ecole. Un régime autoritaire à l'Ecole ne saurait être formateur de citoyens démocrates.
Invariant n° 28
On ne peut éduquer que dans la dignité. Respecter les enfants, ceux-ci devant respecter leurs maîtres est une des premières conditions de la rénovation de l'Ecole
Invariant n° 29
L'opposition de la réaction pédagogique, élément de la réaction sociale et politique est aussi un invariant avec lequel nous aurons, hélas! à compter sans que nous puissions nous-mêmes l'éviter ou le corriger.
Invariant n° 30
Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action: c'est l'optimiste espoir en la vie.

 


 



 
 
 
 
 
 
 

Maria Montessori (1870-1952) Médecin psychiatre et pédagogue italienne.
Ce médecin italien qui créa cette méthode, a eu un génie particulier pour observer les enfants tels qu' ils sont réellement plutôt que de les voir comme les adultes souhaiteraient qu'ils soient.
Les écrits du Dr. Montessori suggèrent aux parents et aux enseignants de nombreuses conditions avantageuses pour le développement naturel de l'enfant, de sa naissance jusqu'à sa maturité. Le matériel de classe est simplement une réalisation d'un aspect de sa philosophie globale. Le Dr. Maria Montessori pensait qu'aucun être humain ne pouvait être éduqué par une autre personne. L'individu doit agir lui-même ou il ne le fera jamais. Un individu vraiment éduqué continue à apprendre longtemps après les heures et les années qu'il a passé    dans une classe ,parce qu'il est motivé en lui-même par une curiosité naturelle et l'amour de la connaissance. C'est ainsi que le Dr. Montessori sentit, que le but d'une éducation  de la prime enfance n'était pas d'emplir l'enfant de faits tirés d'études préétablies mais  plutôt de cultiver son propre désir d'apprendre.

Dans une classe Montessori on approche cet objectif de deux façons:
Premièrement, en laissant chaque enfant expérimenter l'enthousiasme d'apprendre selon son propre choix plus que par obligation, deuxièmement, en l'aidant à perfectionner ses  outils d'apprentissage naturels, sa capacité sera ainsi maximale durant les situations d'apprentissage futures.
Le matériel Montessori a ce double objectif à long terme en plus du but immédiat de donner des informations spécifiques à l'enfant.

Voici comment l'enfant apprend:
L'utilisation du matériel est basé sur l'aptitude unique du jeune enfant à apprendre ce que le Dr. Montessori identifie comme "l'esprit absorbant". Dans ses livres elle compare fréquemment le jeune esprit à une éponge. Il absorbe complètement l'information de l'environnement. Le procédé est particulièrement évident dans la façon dont un jeune enfant de deux ans apprend sa langue maternelle, sans instruction formelle et sans l'effort conscient et fastidieux dont fait preuve un adulte pour maîtriser une langue étrangère. Acquérir l'information de cette façon est une activité naturelle pour le jeune enfant qui utilise tous ses sens pour étudier son environnement .

Puisque l'enfant détient cette capacité à apprendre en absorbant jusqu'à ce qu'il ait presque sept ans, le Dr. Montessori pensa que l' expérience de l'enfant pouvait être enrichie au sein d' une classe où il pourrait manipuler le matériel qui lui montrerait des informations éducatives de base. Plus de soixante années d'expérience ont consolidé lathéorie selon laquelle un jeune enfant peut apprendre à lire, écrire et calculer de la même façon naturelle qu'il apprend à marcher et parler.

Dans une classe Montessori, le matériel l'invite à faire cela durant ses propres périodes d'intérêt et d'empressement. Le Dr. Montessori a toujours souligné que la main était le professeur principal de l'enfant.Pour apprendre il faut de la concentration, et la meilleure façon pour un enfant de se concentrer et de fixer son attention sur quelques tâches est de l'accomplir avec ses mains. (chez l'adulte, l'habitude de griffonner est un vestige de cette pratique). Tout le matériel d' une classe Montessori permet à l'enfant de renforcer ses impressions insouciantes en l'invitant à utiliser ses mains pour apprendre.
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L'importance des premières années :Dans son livre "l'esprit absorbant" le 
Dr. Montessori écrit, "La période la plus importante de la vie se situe entre la naissance et six ans et non pas durant les études universitaires. Ainsi, c'est le moment où le plus grand instrument de l'homme, l'intelligence, se forme. Non seulement son intelligence; mais toutes ses capacités psychiques... A aucun autre âge, l'enfant n'a de plus grand besoin d'une aide intelligente, et n'importe quel obstacle qui empêche son travail créatif diminuera la chance qu'il a d'atteindre la perfection". Les parents devraient comprendre qu'une école Montessori n'est ni une garderie ni une école de jeux qui prépare un enfant à un jardin d'enfant traditionnel. C'est au contraire un cycle d'apprentissage unique conçu pour tirer parti des années sensibles de l'enfant entre 3 et 6 ans, lorsqu'il peut absorber des informations d'un environnement enrichi.

Une autre observation du Dr. Montessori, qui a été renforcée par des recherches actuelles, est l'importance des périodes sensibles pour les premiers apprentissages. Ce sont des périodes de fascination intense pour apprendre un caractère ou un savoir faire particulier, tel que monter et descendre les marches, mettre des choses en ordre, compter et lire. C'est plus facile pour un enfant d'apprendre une chose particulière pendant la période sensible correspondante plutôt qu'à n'importe quel autre moment de sa vie. La classe Montessori profite de ce fait en laissant l'enfant libre de choisir ses propres activités qui correspondent à ses périodes d'intérêt personnelles.
Un enfant qui acquiert les capacités de lecture et d'arithmétique de base de cette façon naturelle possède l'avantage de commencer son éducation sans corvée, ennui ni découragement. Grâce à la poursuite de ses intérêts individuels dans une classe Montessori, l'enfant gagne très tôt un enthousiasme à apprendre, ce qui est la clé pour devenir une personne vraiment éduquée.


 


 
 
 
 
 
 




 
 
 
 
 
 
 
 


 
 
 

Rudolf Steiner(1861-1925).Fondateur de l'anthroposophie, philosophie métaphysique originale.La pédagogie de ces écoles vise au développement intégral (corporel,mental et spirituel) de l'enfant.
Dans l’école Steiner , les professeurs vont chercher à intégrer chaque individu dans l’école tout en respectant ses particularités.
Les parents jouent un grand rôle dans la vie de l’école et à son maintien. Par conséquent, les liens entre les parents et les professeurs sont intensément cultivés. 

La scolarité est divisée en deux cycles, les petites et les grandes classes. Dans les petites classes, un maître suit une classe pendant huit ans. Il assure la majorité des cours et dispose d’une grande liberté pour agir d’une façon qui lui est propre et en fonction de la constellation spécifique de sa classe. Il essayera d’apporter son enseignement de telle sorte qu’il ne fasse pas seulement appel à l’intellect de ses élèves, mais pour que ceux-ci vivent la connaissance avec tout leur être. Chaque degré a un thème, par exemple les contes en première classe ou les métiers en troisième. Les élèves n’utilisent pas de manuel scolaire mais font leurs propres cahiers. Chaque élève peut y apporter sa touche artistique, par exemple sous forme de dessins. Le passage des petites classes aux grandes est marqué par une pièce de théâtre jouée par tous les élèves de la huitième classe. 

Dans les grandes classes, un tuteur sert d’intermédiaire entre les professeurs et les élèves. Chaque branche est donnée par un enseignant spécialisé. La douzième et dernière année, est ponctuée par une deuxième pièce de théâtre et surtout par un travail personnalisé sur un thème librement choisi. Durant une année, l’élève y travaillera et devra le présenter, sous forme de conférence devant un large public. 

Durant sa scolarité, chaque enfant est respecté dans sa vitesse et son mode de développement. Chaque enfant apprend à son rythme, les plus avancés entraînant les moins avancés, d’où l’importance de maintenir une grande cohésion de classe. L’école cherche à développer la personnalité de chaque enfant afin de faire de lui un adulte mature et équilibré, capable de trouver son chemin dans la vie. Cela veut dire que l’on cherchera non seulement à développer son corps ou son intellect, mais aussi son esprit. Car les écoles Steiner sont basées sur l’anthroposophie qui conçoit l’univers comme étant aussi bien spirituel que physique. Pour cela, en plus des branches traditionnelles, l’école met également l’accent sur des branches artistiques, voire artisanales. Ainsi chaque élève pratique la peinture, le dessin, la musique et le chant, travaille des matériaux comme le bois, le fer ou la pierre. 

Aucune note vient sanctionner le travail des élèves, ce qui évite toute compétition ; on cherchera plutôt à développer leur envie d’apprendre. Toutefois, un bulletin est rédigé par l’enseignant, caractérisant l’élève. Il lui est remis annuellement ou trimestriellement. Plusieurs fois par an, les élèves présentent leur travail devant les parents de l’école dans le cadre d’une représentation.

  L’âge préscolaire aux jardin d’enfants

Au cours des trois premières années de sa vie, l’enfant apprend davantage - et cela sans instruction - que plus tard dans toutes ses années d’études.
Le petit enfant imite son entourage qu’il perçoit par ses sens. Les mouvements, les sons, les gestes et les paroles de son entourage déclenchent chez lui une activité intense d’apprentissage. Il en résulte que le jardin d’enfants doit être conçu de telle sorte que l’enfant puisse y observer les occupations quotidiennes et les travaux artisanaux tout en les imitant avec imagination. L’enfant rencontre au jardin d’enfant de petits jeux scéniques, des rondes et des comptines, mais aussi l’écoute attentive d’histoires et la joie spontanée d’entrer dans les chants entonnés par l’adulte.
Avec leur imagination, les enfants insufflent vie aux matériaux simples et naturels tels que le bois noueux, pommes de pin, tissus de couleur et leur attribuent, à chaques fois et selon leur inspiration, un nouveau rôle. Ils développent de cette façon leur faculté d’écouter et de parler ainsi que toutes les autres activités sensorielles, ce qui les prépare, lors de leur entrée à l’école, à poursuivre leur apprentissage à un niveaux supérieur

  Le début de la scolarité

Une nouvelle étape commence en première classe et avec elle apparaît une nouvelle base d’apprentissage. Le maître par son autorité - dans le bon sens du terme - fournit la clef de la porte qui s’ouvre sur le monde et il jouit, dans un premier temps, de l’approbation totale de ses élèves. Les contes, légendes et mythes qu’il racontera au cours des trois premières années et dont l’enfant saisira l’image formeront le point de départ de sonapprentissage. C’est ainsi que naîtront, à partir de motifs peints, les premières lettres pour devenir ensuite signes abstraits intégrés à l'écriture. Chiffres et nombres, de même, émanent d'images auxquelles l'enfant se relie en comptant et en calculant. Ce début d'école sera entouré et animé de poésies, paroles, chants et surtout de mouvements rythmés. 

La force d’imitation qui résonne encore jusque dans la troisième année scolaire, rend de précieux services pour l’initiation aux langues étrangères. En répétant paroles et chants, l’enfant développe un solide sens pour l’allemand et l’anglais qui leur sont enseignés. 

Le milieu de l'enfance

Au cours de la troisième classe, entre neuf et dix ans, le rapport de l'enfant à son environnement et à l'autorité subit un changement. Son intérêt s'élargit au-delà du quotidien, il va à la rencontre du monde d'une façon plus consciente, et le rapport d'autorité avec l'éducateur est mis à l'épreuve. L'école va au-devant de cette impulsion en répondant par l'enseignement de nouveaux contenus. En troisième classe, par exemple, l'enfant apprend à mieux connaître son environnement en se familiarisant d'abord avec les métiers ancestraux dont il a l'occasion, sur place, d'exercer les gestes. Il laboure, sème, moissonne, bat, moud et cuit. Au cours de ces activités s'éveille la compréhension et la reconnaissance pour le pain quotidien. Du lin au drap, de la tonte des moutons à la laine filée et jusqu'à l'habit, de la cuisson des briques à la construction de toute une maison – voilà la portée des travaux. Les enfants sont ainsi reliés aux fondements de l'existence : nourriture, habillement et habitation. L'histoire et la géographie locale suivent en quatrième classe. En cinquième classe, la première étude de la géographie regionnale et de l'histoire ouvre et élargit la vision de l'enfant. Il fait la connaissance de ces matières avec enthousiasme. Dans les images évoquées par l'histoire du monde, il ressent et saisit les grands moments des différents peuples dont il admire les accomplissements et les héros. Il développe, à cet âge, des sympathies et des antipathies; sympathie pour le noble héros sauveur – antipathie pour le traître et le lâche. Des relations de cause à effet ne seront étudiées que dans les classes supérieures. L'étude de l'homme, des règnes animal, végétal et minéral reste intimement liée aux sentiments de l'enfant.

La dernière étape de l'enfance

Autour de sa douzième année, l’enfant éprouve le besoin de pénétrer le monde de sa pensée, de connaître les processus, physiques, de découvrir la chimie de la nature de comprendre industrie, commerce, lois et règles de droit. A partir la sixième classe, les élèves abordent les branches physique et une année plus tard chimie sous l'angle phénoménologique, ils pratiquent la géométrie et l'astronomie, ils s'initient par l'exercice des calculs (de pourcentage, d'intérêt et d'escompte) aux systèmes monétaires et bancaires. 

L'étude de la langue maternelle approchée à travers poésie, littérature, grammaire et exercices d'expression s'achève provisoirement. L'histoire mondiale arrive au temps moderne et l'étude des peuples sera, en gros, terminée. Des oeuvres lyriques, épiques et dramatiques accompagnent jusqu'ici l'enseignement de ces sujets. 

 Souvent, vers la fin de la 14e année, ces efforts culminent dans la représentation d'une pièce de théâtre majeure donnée par toute la classe.Avec l'adolescence s'annoncent de nouveaux points de départ pour l'étude.

Les classes supérieures

A partir de la neuvième classe, ce n'est plus le maître de classe qui guide ses élèves mais ceux-ci suivent, dans chaque branche, un enseignement donné par des spécialistes ce qui donne un nouvel impact aux cours principaux par période. 

La compréhension de la nature et des activités humaines qui se situait auparavant au niveau du sentiment, demande maintenant à être revue par un regard clair et autonome sur les domaines de la nature, de la société et de la technique. L'étude de toutes les matières se poursuit avec cet objectif s'élevant ainsi à une nouvelle dimension. Il s'agit maintenant pour l'élève d'observer objectivement, de découvrir les liens de causalité et de développer son propre jugement, aptitude qui ne se conquiert que progressivement. 

Tout ce qui semble restreindre son autonomie et son besoin de liberté est d'abord, avant qu'il n'acquiert une certaine sûreté, rejeté par l'adolescent. Dans son corps, au travers de processus de croissance et de transformations organiques, il fait l'expérience de sa propre pesanteur. Son âme baigne souvent dans des désirs violents et des rejets brusques, des opinions ephémères et des états exaltés. Dans cette phase, l’enseignement fait apparaître des phénomènes qui posent des énigmes à la compréhension et provoquent une activité de la pensée. De telles énigmes se présentent dans tous les domaines, en physique, en chimie ou en biologie, en mathématiques, en histoire et en littérature: partout apparaissent des phénomènes dont les rapports restent invisibles pour l'élève tels que dans Perceval, par exemple, que les élèves de ce groupe d'âge étudient. D'abord, celui-ci doit observer calmement sans poser de question – au moment décisif, il doit poser la question juste. 

Dans cette quête, des pensées se forment conduisant à une véritable compréhension et à un jugement clair; il en résulte une connaissance de soi qui donnera de l'assurance et une orientation propre à la personnalité naissante du jeune. A côté des matières intellectuelles, les élèves travaillent, surtout les après-midi et par périodes, dans des domaines artistiques et artisanaux : ils travaillent la menuiserie et la forge, ils cartonnent et relient, ils cousent, filent, tissent et font du jardinage. L'initiation au domaine technologique peut aller jusqu'à l'actuelle fabrication  assistée par ordinateur, au traitement des données et à l'informatique. Répartis sur les quatre classes supérieures,des stages et des visites dans l'agriculture et 1a sylviculture, un stage d'arpentage et des stages dans des entreprises sont inclus dans le plan scolaire. Eurythmie, musique instrumentale, chant choral, peinture, dessin, modelage, sculpture sur pierre et sur bois font partie intégrante de l'enseignement jusqu'à 1a fin de la scolarité. Desrécitations et exercices dramatiques conduisent à une grande représentation théâtrale qui clôt cette scolarité commune.
A la fin de la douzième classe, "un chef d'oeuvre", travail autonome d'une année sur un thème librement choisi, fait le point sur le degré de maturité de chaque élève. Ce travail est présenté par écrit, soutenu oralement devant un large cercle de parents et d'amis de l'école et exposé en public. 

"Chaque âge de l'homme fait jaillir des profondeurs de la nature humaine des dispositions à certaines forces de l'âme. Si ces dispositions ne sont pas développées à l'âge correspondant elles ne pourront l'être ultérieurement : alors elles ne pourront plus que s'atrophier."


 
 
 
Le mouvementde l'Education Nouvelle en France
François Chatelain      et  Roger Cousinet
(1896 - 1978)                       (1881 - 1973)
 
 

Mouvement trés actif en France.
Francois Chatelain est né à Genève .Sa famille opte pour la nationalité francaise.Il est ordonné pretre en 1926.Il s'oriente vers la psychologie,la pédagogie et fréquente l'institut J.J.Rousseau à Genève,alors creuset de la pédagogie nouvelle.C'est là que, vraissemblablement, il rencontre Roger Cousinet,ancien instituteur et inspecteur de l'éducation nationale en France.
Ensemble, ils fondent :
- en 1945, le mouvement l’Education Nouvelle Française ainsi que la revue qui l’accompagnera.
Les travaux de Piaget et la naissance de la psychopédagogie donnent une base scientifique à ce mouvement, qui concrétise la volonté " d’épanouir au maximum la personnalité de chacun dans la double perspective individuelle et sociale ".

Quelques principes de base :
-avoir une vision juste de l'enfant.
-mobiliser l'activité de l'enfant.
-être un "entraîneur" et non un "enseigneur".
-partir des intérêts profonds de l'enfant engager l'école en pleine vie.
-faire de la classe une vraie communauté enfantine unir l'activité manuelle au travail de l'esprit.
-développer chez l'enfant les facultés créatrices donner à chacun selon sa mesure.
-remplacer la discipline extérieure par une discipline intérieure librement consentie.

Le  projet d’éducation entend développer chez chacun des valeurs essentielles : le respect des autres, du pluralisme et des différences, le refus de relations fondées sur l’argent et la violence, l’action contre le racisme et les discriminations, le dogmatisme, le sectarisme et l’intolérance
.
Il s'agit aujourd'hui de mener de pair dans un établissement qui a choisi d’être école, collège et lycée :
• le développement de la personnalité et l'aptitude à la vie sociale,
• la réussite scolaire et le goût de la culture,
• la préparation à la vie professionnelle. 

L'apprentissage de la vie sociale

Vivre ensemble, dans un respect mutuel, mettre en œuvre des projets en équipe, développer la solidarité et préparer des citoyens à exercer leur responsabilité. 

L'acquisition de l'autonomie

Apprendre à apprendre, faire des choix, les assumer, s'évaluer pour prendre en charge ses études aujourd'hui et demain sa formation. 

L'ouverture sur l'extérieur

Enrichir la connaissance scolaire de l'expérience du réel, dans sa commune, en entreprise, à l'étranger, développer toutes les formes de communication, maîtriser les langues étrangères, apprécier les différences culturelles. 

Le développement de l'expression et de la créativité

Donner les moyens à chacun de mobiliser son imagination, de s'exprimer par le sport, le théâtre, la musique, les arts plastiques, l'audio-visuel, l'informatique, d'acquérir des compétences et d'aboutir à des réalisations. 

L'équilibre entre ces objectifs est traduit différemment selon l'âge des élèves et les échéances scolaires ou sociales.


 
 
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