SYNESTHESIE ET CERVEAU |
La
synesthésie idiopathique
Elle
représente la plus grande proportion des synesthésies, ce
qu'on appelle la "synesthésie réelle": c'est la perception
normale d'une personne. Il existe actuellement plusieures théories
qui ne sont pas mutuellement exclusives, car aucune d'entre elles n'est
capable d'expliquer toute la variation du phénomène. Nous
présentons ici deux approches explicatives:
L'état naturel désinhibé Le point
de vue de R. Cytowic: tout le monde est synesthète mais la plupart
d'entre nous n'en a pas conscience.
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L'hypothèse néonatale
Selon
. Baron-Cohen, il y a une phase normale de synesthésie dans le développement:
les bébés perçoivent la stimulation sensorielle de
manière indifférenciée jusqu'à probablement
4 mois. Deux stimulations telles que la lumière claire ou un bruit
fort provoquent une réponse corticale
similaire chez les nouveau-nés. Plus tard il y a différenciation,
il y a une phase normale de mort cellulaire sélective qui isole
des "îles sensorielles" dans le cerveau pour rendre le traitement
d'information plus rapide et plus efficace.
Dans
le cerveau des synesthètes ces connexions cellulaires ne se seraient
pas détruites ou auraient même augmentées. Une autre
possibilité est que ces connexions existent chez tous les
sujets, mais elles sont soumises à un mécanisme d'inhibition
qui chez les synesthètes serait dysfonctionnel.
La
synesthésie non-idiopathique
Les synesthésies
non-idiopathiques résultent d'une étiologie (cause) connue
ou d'un mécanisme acquis.
Induite par une crise épileptique
Elle
est vécue pendant la décharge électrique dans la région
limbique du cerveau, dans moins que 7% des cas.
Des
décharges dans l'hyppocampus produisent
des sensations élémentaires comme un simple goût salé.
Des
décharges dans le lobe temporal provoquent
des sensations plus élaborées et spécifiques comme
le goût d'un gâteau de chocolat.
Induite par une dégénération neuronale
La cause
est la désaffération (la perte
de certaines fibres nerveuses afférentes) ou la déprivation
sensorielle. Par exemple un son peut évoquer des visions simples
comme des jaillissements de lumière dans la portion du champ visuel
où la personne est aveugle.
Induite par une lésion cérébrale
La lésion
de parties antérieures du cerveau, souvent du nerf optique,
peuvent provoquer des sensations synesthésiques.
27 à
31 % des neurones dans la partie ventrale du cortex prémoteur sont
bimodales. Cela signifie qu'il y a chez tous les sujets une part de neurones
qui répondent à la fois à la stimulation visuelle
et tactile, et une lésion du tronc cérébral peut induire
des sensations parallèles. Dans le cas d'une opération d'un
tumeur elles vont disparaître.
Induite par une lésion de la moëlle épinière
Dans ca. 12% des cas de lésions de la moëlle épinière, un stimulus tactile au-dessus de la lésion cause une sensation locale et une sensation fantôme dans une partie du corps qui n'y est normalement pas liée.
Induite par une commotion
Dans
2% des cas de commotion, un bruit ou une lumière abrupte peuvent
causer une sensation momentanée de douleur dans le tronc ou dans
les extrémités.
Consommation de drogues
Le haschisch et la mescaline peuvent produire des sensations "reliées": entendre ou sentir des couleurs, voir des sons et même des sentiments. Le plus fréquent sont des liaisons visuo-auditives.
Associations apprises
La théorie
des associations apprises postule que durant les années, des paires
fréquentes de sensations ou catégorisations mènent
à une association automatique.
L'exemple
le plus cité est celui des lettres colorées: en jouant avec
des blocs colorés de lettres ou avec des livres où celles-ci
sont en couleur, les enfants apprendraient à les associer.
Mais
l'interprétation de ce phénomène est très controversée:
l'enfant ne trouvera pas les mêmes paires couleur/lettre dans tous
les outils d'apprentissage.