Remarque : ceci est un travail d'élève au collège. Il n'a pas de caution scientifique, médicale ou autre, et, bien que ces élèves aient fait un travail qui a été accepté dans le contexte scolaire, il ne peut prétendre être une source fiable d'informations ! |
Rapport de biologie
Dimanche. Quatre heures du matin. Le bruit de la pluie assourdit celui des sirènes de la voiture de police stationnée devant l'immeuble. Le commissaire éclaire d' une main tremblante la scène d' horreur qui se montre à ses yeux : Léon, six mois, trouvé mort dans un container, au beau milieu des ordures, les lèvres bleues, son petit corps trempé et inerte. Visiblement personne ne s'est occupé de lui durant sa courte vie, mais sa mort va faire bouger beaucoup de monde, à commencer par les deux inspecteurs et les " techniciens de la scène du crime " qui relèvent les empreintes, les traces de sang, ainsi que les quelques rares cheveux. Tous ces prélèvements vont être envoyés au laboratoire biologique et soigneusement analysés. Car le commissaire veut savoir qui est la mère de cet enfant, qui l' a abandonné, quel est l'individu sans cúur qui a commis ce crime. Mais cela ne peut être découvert qu'avec les resultats du laboratoire : en effet, grâce à l'ADN du bébé, déterminé par son sang, on pourra retrouver sa mère et essayer de comprendre ce qui s'est passé. Dans ce cas précis, l'ADN est la seule piste que l'on peut avoir. Mais si les laborantins avaient fait une erreur, si la personne que le commissaire a mise en garde à vue n'était pas la mère de Léon ? Pourrait-on l'inculper pour homicide avec pour seule preuve de sa culpabilité les resultats revenus du laboratoire ?
Savoir qui est l'auteur de ce crime est primordial. Il faut que justice soit faite.
Tout au long de ce rapport , nous allons vous expliquer comment l'on procède pour déterminer les empreintes génétiques, l'ADN d'une personne et dans quels cas on les utilise. Puis nous tenteront de vous faire voir les différentes conséquences, ainsi que le degré de gravité que cela impliquerait en cas d'erreur.
Une fois encore, la science se retrouve au centre du débat, vieux comme elle, sur les progrès qu'elle assure à l'hommeÖet ses risques de dérives. Jusqu'où ira la science ?
(1) Récit inspiré d'un fait divers entendu à la radio le vendredi 23 octobre 98
Nous sommes allées à la bibliothèque où nous avons trouvé un exemplaire de Science & Vie qui traitait du sujet choisi. Nous avons trouvé par hasard un article sur les empreintes génétiques dans un des derniers numéros de Phosphore, et récolté d'autres informations sur Internet. Enfin, grâce à l'intervention de Mme Irène Garcia, biologiste, nous avons pu obtenir un petit entretien avec M. de la Harpe, médecin légiste cantonal. Nous avons mis dans notre chapitre resultats toutes ces informations.
Résultat n.1 :
Article tiré du Science & Vie, n.969, juin 1998
Résultat n. 2 :
Article tiré du mensuel Phosphore, du mois d'octobre 1998
Résultat n. 4 :
Extraits d'informations trouvées sur Internet à cette adresse
http://www.med.uni-rennes1.fr/galesne/medecine_legale/index4.htm
Les empreintes génétiques
Pr. M. Le Gueut-Develay CHU de Rennes, Service de Médecine Légale, 2 rue Henri Le Guilloux, 35033 Rennes Cedex mis à jour le 16 septembre 1998
Les progrès de la biologie moléculaire ont permis d'approcher la personne humaine jusqu'au plus intime enétablissant ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui sa "carte d'identité génétique".
Le procédé dit "des empreintes génétiques" intéresse la médecine et le droit, en ce qu'il constitue une méthode d'identification quasi-absolue.
Identification de l'homme, mais aussi connaissance de ses caractéristiques génétiques de manière si précise que l'on pourra, dans un avenir proche, prédire sa vie médicale.
Cette intrusion extrême dans la personne, médicalement intéressante mais juridiquement inquiétante a incité le législateur à intervenir en juillet 1994.
Il a, par les lois dites bioéthiques et plus particulièrement par celle du 29 juillet 1994 strictement encadré les conditions de mise en oeuvre de ces techniques et a prévu des sanctions, à la mesure de son inquiétude.
Art 16-10 du Code Civil
"L'identification d'une personne par ses empreintes génétiques ne peut être recherchée que dans lecadre des mesures d'enquête ou d'instruction diligentées lors d'une procédure judiciaire ou à des finsmédicales ou de recherche scientifique".
1.1.2.1 En matière pénale
Il est un grand principe de la procédure pénale, aux côtés de la présomption d'innocence et du respect desdroits de la défense, c'est celui de la liberté de la preuve. Il peut donc être utile à un magistrat de prouver :
- l'identité d'un cadavre inconnu, ou,
- l'identité de l'auteur d'un crime ou d'un délit.
Techniquement, les empreintes génétiques requièrent de très faibles quantités de matière biologique
(organes, sang, sperme...) et possèdent l'atout incomparable d'être transmissibles.
Ainsi peut-on connaître les empreintes d'un corps à partir de quelques fragments de matière organique et
les comparer à celles d'une famille présumée.
Ainsi peut-on connaître, à partir des empreintes sur prélèvement quelconque (sperme dans une affaire de
viol par exemple) l'identité d'un auteur. Cette preuve, à nulle autre comparable, possède le double avantage
de confondre le présumé auteur ou... de l'innocenter.
La recherche de ces preuves appartient :
- à l'Officier de Police Judiciaire en flagrance (art. 60 du Code de Procédure Pénale),
- au même, lors de l'enquête préliminaire (art. 77-1 du CPP),
- au Juge d'Instruction qui ordonne une expertise en vertu de l'art 156 du CPP.
Il s'agit d'une mesure technique destinée à renseigner le magistrat.
1.2 Le consentement
La loi a rappelé très fortement, la nécessité de ne voir pratiquer ces techniques qu'avec le consentement del'individu.
1.2.1 Ainsi en matière médicale :
Qu'il s'agisse de l'étude génétique des caractéristiques (Art. 16-10 du Code Civil) ou de l'identification à des fins médicales (Art. 16-11 du Code Civil) le consentement doit être recueilli. Ceci est un rappel appuyé, de la nécessité contractuelle qui oblige le médecin à obtenir le consentement de son patient avant tout acte diagnostique ou thérapeutique.
Le consentement est obtenu après qu'une information loyale et intelligible ait été donnée.
Le consentement est recueilli par écrit (Art. L145 du Code de la Santé Publique alinéa 2).
A titre exceptionnel, lorsque l'étude des caractéristiques ou l'identification sont entreprises à des fins médicales (et non de recherche médicale) le consentement peut ne pas être recueilli, dans l'intérêt du malade et dans le respect de sa confiance (Art. L145-15 du CSP).
Cette disposition fait pendant à l'art. 35 du nouveau Code de Déontologie médicale qui permet au médecin de retenir des informations à caractère particulièrement graves qui pourraient attenter à la résistance morale du malade.
Ici, il s'agit plutôt de garder secrète une information qui, en matière de filiation, pourrait être déstabilisante pour la personne ou le couple...
Si les examens ou identifications sont effectués à des fins de recherche médicale, les modalités d'exécution sont celles définies par la Loi Huriet, loi sur la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales.
1.2.2 En matière judiciaire
L'article 16-11 du Code Civil dispose :
"L'identification d'une personne par ses empreintes génétiques ne peut être recherchée que dans le cadre de mesures d'enquêtes ou d'instruction diligentées lors d'une procédure judiciaire".
http://www.med.uni-rennes1.fr/galesne/medecine_legale/index4.htm
Résultat numéro 3 :
Vendredi 30 octobre 1998, entretien de 15h à 16h au CMU avec Monsieur de la Harpe, médecin légiste cantonal. Extraits.
Eléonore et Isabelle: Tout d'abord, pourriez-vous nous éclaircir une incompréhention? Il s'agit de savoir si on respecte le consentement du suspect pour lui relever son empreinte génétique.
M. de la Harpe: Dans les expertises, quelles qu'elles soient, on doit toujours dire à la personne ce qu'on fait et pourquoi, et il faut qu'on ait le consentement libre et éclairé, il faut que la personne soit seule (sans aucune pression), et assurer que le secret médical va être respecté. S'il elle refuse, alors après c'est le problème de la justice, qui se permet alors de retourner la situation (exemple en cas de paternité : le père refuse, et la justice dit, puisque c'est comme ça, nous on dit que vous êtes le père). En fait, le seul acte médical qu'on pourrait faire sans le consentement de l'individu, c'est la prise de sang en vue de la détérmination du taux d'alcoolémie, où théoriquement le médecin ne risque rien d'après la loi.
E&I : Quel taux de fiabilité représente cette méthode ?
M. de la H.: Le 100% n'exite pratiquement pas. Car, premièrement, on ne peut pas exclure que sur la terre, par le fruit du hasard, aux endroits où on a été chercher sur l'ADN, il y ait une autre personne qui ait exactement la même empreinte génétique sur les quatre ou six endroits où on a cherché, et évidemment il y a le cas des vrais jumeaux (qui possèdent un ADN identique). On peut parler alors en pourcentage, mais le plus courant c'est de dire qu' il y a une personne sur un milion, par exemple qui présente ce caractère génétique. Les chiffres varient,tout dépend de ce qu'on trouve et de la rareté du gène
E&I: Doit-on tenir compte de la génétique en premier dans les procès?
M. de la H.: C'est un très bon indicateur, mis qui n'est pas meilleur que les empreintes digitales, par exemple. Il faut donc tenir compte de beaucoup de choses, l'empreinte génétique est une méthode parmi d'autre pour que la justice arrive à une conclusion. Tout devrait être complémentaire, on augmenterait ainsi les chances statistiques que la personne soit vraiment coupable. Si on voit que les empreintes digitales correspondent, que les empreintes génétiques correspondent, que le témoignage correspond, c'est beaucoup plus solide que si c'est que l'empreinte génétique. L'empreinte génétique est la grande découverte de la médecine légale de ces dix dernières années, et elle occupe une place importante.
E&I: En lisant des articles sur notre sujet, nous avons remarqué que les journalistes insistaient sur cette question actuelle: " Jusqu'où ira la science ?" Ces journalistes prenaient comme exemple les cartes d'identités génétiques pouvant révéler nos particularités intimes, ce qui pourrait nous nuire. Qu'en est-il exactement?
M.de la H. : C'est vrai, on dit, mais il faudrait voir, que bientôt tout le monde sera fiché dès la naissance, qu'on aura une carte d'identité, qui en plus de la photo contiendra notre empreinte génétique. Pour l'instant, c'est assez contreversé, car il y a des gens qui s'y opposent, et l'éthique qui va parfois contre la justice. Mais il ne faut pas voir ça que pour les criminels, ça servirait aussi en fait pour les personnes elles-mêmes : par exemple, lors d'une catastrophe aérienne, les cartes seraient donc utiles là, pour identifier les personnes. Il y a donc aussi des côtés positifs à être fiché. Quand on parle de fichiers maintenant, tout le monde pousse des grands cris, mais puisque tout évolue, pourquoi ne pas utiliser ce système de fichiers ? Pour les gens qui n'ont rien à se reprocher, il ne se pose aucun problème.
E&I: Oui, bien sûr. Mais les journalistes allaient plus loin et évoquaient le problème d'une sorte de discrimination envers les personnes atteintes d'une quelconque maladie ou présentant une certaine anomalie génétique.
M.de la H. : Il faut faire une grande différence entre ce qui est médecine légale et ce qui est médical. Nous on va chercher dans les régions qui ne codent pas ( régions non-codantes)*, donc ça ne donne aucune informations en ce qui concerne un quelconque handicap ou une quelconque maladie. Sur ces cartes d'identités génétiques figurera le code génétique médico-légal. C'est deux choses qui doivent et vont rester complètement séparées. Si on fiche quelqu'un pour son identifiquation, cela n'a rien à voir avec le médical. Mais ça, ça n'est pas toujours clair dans la population. Même dans le domaine médical, certaines personnes ne savent pas que cette différence existe. Ce n'est donc pas très juste ce que vous avez lu, puisque en tout cas, nous, en Suisse, je ne sais pas ailleurs, mais ici, c'est vraiment clair que l'on utilise les régions non-codantes, puisqu'elles sont plus rares. Depuis cette année il existe un fichier informatisé à Genève, pour tout personne ayant commis un crime ou un délit grave qui est automatiquement classée.
On pourrait avoir une carte d'identité possendant des informations tirées des régions codantes, mais les médecins ne seraient certainement pas d'accord (secret médical), et les juristes non plus.
* Il nous a précisé qu'il est même plus utile pour la médecine légale de chercher dans les régions non-codantes, car c'est là que les gènes varient le plus entre les individus. Pour cela, ils emploient plutôt le terme ADN et non pas codes génétiques.
Comment peut-on identifier une personne par son empreinte génétique ?
1. Collecte des indices
Seules quelques cellules du corps humain suffisent à nous identifier, car elles abritent toutes, ( à l'exception des globules rouges), dans leur noyau une molécule d'acide désoxyribonucléique (ADN ) qui correspond au code génétique de chacun. Pour une enquête judiciaire visant à trouver un coupable, des policiers relèvent des empreintes sur les lieux du crime, et un spécialiste, le " technicien de la scène du crime ", armé de gants, des scalpels, de Coton-Tige, et autres petits matériels relève tout ce qui est susceptible de contenir de l'ADN. En effet, nous laissons nos empreintes génétiques un peu partout : dans les cellules de notre muqueuse buccale, sur une brosse à dent, sur un mégot, ou encore dans un cheveu pris dans les mailles d'un bonnet, même dans les cellules invisibles coincées entre les courbes de graisse qui dessinent nos empreintes digitales, et évidemment dans le sang et le sperme. Pour une seule affaire, l'opération peur conduire à mettre sous scellés des centaines d'échantillons.
2. Extraction et photocopie des molécules d'ADN
Dans la plupart des cas, après avoir extrait l'ADN des cellules, on se rend compte qu'il y en a trop peu. C'est pourquoi les biologistes ont recours à une méthode d'amplification génétique, la réaction en chaîne de la polymérase (ou PCR, polymérase chain reaction), qui permet d'obtenir en quelques heures des millions d'exemplaire d'un fragment d'ADN, in vitro(en éprouvette). On laisse simplement l'ADN incuber dans des conditions appropriées en présence de l'ADN polymérase (une enzyme), et de courts fragments d'acides nucléiques appelés amorces.
Premièrement on chauffe brièvement l'ADN afin d'en séparer les brins. Puis on le refroidit pour permettre aux amorces de former des liaisons hydrogènes avec l'extrémité de la séquence d'ADN que l'on a choisit au départ, à raison d'une amorce sur chaque brin. Ensuite il suffit de monter quelque peu la température afin que l'enzyme, thermosensible, se mette au travail : elle accroche les uns derrière les autre les nucléotides (amorces) complémentaires de ceux du brin copié. Et c'est le brin d'ADN le plus long qui sert de matrice. Finalement la séquence de départ devient deux fois plus abondante. La solution est alors réchauffée et on entame un nouveau cycle de séparation des brins.
3. Fabrication des codes-barres :RFLP
Le secret de l'identification par l'empreinte génétique réside dans la taille des fragments d'ADN. En effet, même si deux segments d'ADN sont homologues, leurs tracés diffèrent. Ces variations ont été nommées polymorphismes de taille des fragments de restriction (RFLP, restriction fragment length polymorphisms). Si pour fragment précis nous avons tous la même unité de base, le nombre de répétitions, donc la taille du segment varie.
Si on soumet ces molécules à un champ électrique (l'électrophèse sur gel) , on sait que les plus petites se dirigent plus rapidement que les autres vers le pôle positif. On obtient ainsi un classement de molécule par taille, semblable au code-barre des boîtes de conserve. C'est l'empreinte génétique. La police scientifique peut ainsi comparer les codes-barres des échantillons prélevés sur le lieu du crime avec celui du suspect.
Dans quels cas utilise-t-on ces techniques ?
Bien évidement on utilise ces méthodes pour identifier un criminel, en prélevant sur les lieux du crime toute ce qui est susceptible de contenir de l'ADN, puis à la suite de toutes les manipulations citées plus haut, on compare les empreintes génétiques trouvées avec celles du, des suspect(s).
On emploie également ces méthodes pour la recherche en paternité. On utilise donc aussi les codes-barres.
Ce système a une double fonction: il peut innocenter autant qu'il accuse, car si à l'examen l'empreinte diverge à deux endroits au moins des codes-barres réalisés à partir des indices prélevés chez la victime, cela suffit à innoncenter le suspect avec 100% de certitude. Par exemple :
" Si le profil génétique de la pièce à conviction et celui du suspect ne se superposent pas, on peut éviter une erreur judiciaire. En juillet 1996, à Pleine-Fougère, un vagabond aperçu sur les lieux du crime et déjà condamné pour attentat à la pudeur est arrêté. Au terme de son interrogatoire, ce "coupable idéal" avoue le meurtre de la jeune Britannique. On organise immédiatement une conférence de presse pour célébrer la victoire des gendarmes. Mais les experts généticiens rendent bientôt le verdict: l'homme est innocent. " (Cf. résultat n. 1 Science et Vie, p. 81, n.969, juin 1998)
Dans la reconstitution de l'enquête du magazine Phosphore (cf.résultat n. 2), on peut lire :
" Le procureur lui demande l'autorisation de lui faire un prélèvement sanguin. La loi permet à Maurice L. de refuser, mais il accepte: il sait qu'une empreinte génétique peut innocenter aussi efficacement qu'elle accuse. "
Une autre question se pose en lisant ceci : jusqu'à quel point on tient compte du consentement des criminels soupçonnés ? On trouve stipulé dans les lois (récoltées sur internet, cf.résultat n. 4 ) que bien que :
"La loi a rappelé très fortement, la nécessité de ne voir pratiquer ces techniques qu'avec le consentement de l'individu", l'article 16-11 du Code Civil dispose : "L'identification d'une personne par ses empreintes génétiques ne peut être recherchées que dans le cadre de mesures d'enquêtes ou d'instrucrions diligentées lors d'une procédure judiciaire."
M.de la Harpe nous a éclairci ce détail. Il affirme (cf.résultat n. 3) qu'on doit laisser le choix à l'individu, et que de plus dans le domaine médical, on doit expliquer à la personne concernée ce que l'on fait et pourquoi, et assurer que le secret médical sera respecté. Maintenant en cas de refus du suspect, c'est la justice qui se charge de retourner la situation pour faire avancer l'enquête. De plus, il faut que la personne soit seule, afin qu'elle puisse prendre une décision librement sans être influencée. On applique cela dans tous les cas, sauf pour la prise de sang, lors d'un examen du taux d'alcoolémie, étant donné que la personne n'est pas apte à manifester un avis et également lors qu'il y va de l'interêt public, où dans ce cas l'autorité peut décider.
Il arrive aussi bien sûr qu'on n'aie pas forcément recours à la génétique pour identifier un coupable, bien que ce soit plus rare qu'auparavant. Lors de crimes violents, on peut retrouver du sang sur les lieux du crime, sur les vêtements de la victime. En cas de viols on peut prélever des petites quantités de sperme sur la victime. Les laboratoires de médecine légale procèdent à des tests pour déterminer le groupe sanguin ou d'autres caractéristiques biochimiques de la personne dont ils proviennent. Mais ces tests ont leur limites. Cette méthode permet uniquement d'éliminer les soupçons contre un accusé et non d'établir une preuve de culpabilité. (Beaucoup d'individus possèdent le même groupe sanguin).
Et bien sûr, il reste aussi toutes les autres méthodes d'indentifiquation des coupables (témoignages, emprintes digitales, de l'oreille), qui sont avec les empreintes, la grande dévouverte de ces dix dernières années, des indications, possédant toutes leur propres valeurs, et non des preuves.
Ces méthodes sont-elles fiables?
Au tribunal, semble-t-il, on ne met presque jamais en doute la "preuve" génétique apportée par l'expert. Cependant, les statistiques prouvent qu'il y a un petit pourcentage d'erreurs possibles.
Quand on dit que l'empreinte génétique de chaque individu est absolument unique, on pense à l'ensemble du génome. Or, les tests d'ADN en médecine légale se limite à cinq ou six minuscules régions du génome. Cependant, on choisi des régions non codantes de L'ADN extrèmement variables d'une personne à l'autre. Il y a donc très peu de chance que deux personnes (autres que des vrais jumeaux) portent exactement les même séquences et présentent la même empreinte génétique pour les régions que l'on soumet aux tests.
On remet en question la fiabilité de ces techniques par de nombreux exemples, dans le Science & Vie, n.969, du mois de juin 98 (cf. résultat n.1). Tout d'abord, à la page 79, il est écrit : "Il y a des risques qu'un policier contamine l'échantillon prélevé avec ses propres cellules ce qui fausserait les resultats de l'analyse génétique (exemple: un cheveu du policier mélé à l'échantillon prélevé)." De plus, on retrouve des risques similaires lors de la manipulation dans le laboratoire (exemple: étérnuement d'un laborantin ).
Cependant, on cherche à diminuer ces problèmes. Comme on n'est jamais à l'abri d'une contamination, "certains laboratoires se sont dotés des empreintes génétiques de tout les manipulateurs, afin de les comparer systématiquement aux résulats douteux."
" Pour s'entourer d'un maximum de sécurité, deux tubes à essais subissent le même traitement que ceux qui contiennent l'échantillon. Le tube blanc est vide. Si, à la fin de l'analyse, on y détecte de l'ADN, c'est qu'il a été contaminé dans le laboratoire. Le second tube contient de l'ADN connu. Si l'empreinte génétique obtenue à partir de ce tube ne correspond pas à celle qu'on attendait, cela signifie que la PCR (explication du PCR : cf. début de l'analyse) a aussi amplifié de l'ADN contaminant."
On trouve aussi d'autres erreurs, dues par exemple, à l'inatention (mauvais étiquetage des échantillons), ou au contraire à des erreurs délibérées. " Par exemple, lors d'une recherche en paternité, le résultat d'un test génétique était formel : l'homme soupçonné n'était pas le père. Sur l'insistance de la mère, on a refait le test plusieurs fois, sans que le résulat s'en trouve modifié. Finalement, un autre laboratoire s'est chargé de l'affaire et à montré que l'homme était bien le père. En fait, sa petite amie travallait dans le premier laboratoire et avait interverti les tubes ! "
Nous disions donc plus haut qu'aux yeux du tribunal l'empreinte génétique constitue un atout précieux, rigoureux et surtout infaillible. Même si c'est l'unique élément à charge contre l'accusé, le mensuel Science & Vie (cf.résultat n.1) affirme qu'elle peut suffire à le condamner. Mais la manière dont le résultat statistique est présenté aux jurés les influence considérablement.
" Un proffesseur de psycologie à l'université de Chicago, a mené une expérience sur 249 personnes divisées en deux groupes. Les resultats sont stupéfiants. On a annoncé aux personnes du premier groupe qu'il y avait 99,9% de chance pour que l'échantillon prélevé sur le lieu du crime appartienne au suspect: les trois quart d'entre elles l'ont déclaré coupable. En revanche, celles du second groupe ont entendu le résultat exprimé en fréquences ( c'est à dire: une chance sur mille que l'échantillon n'appartienne pas au suspect) et non en pourcentage: plus de la moitié d'entre elles ont acquité l'accusé". (cf.résultat n.1, Science &Vie, page 83, n.969, juin 98)
En revanche, dans certains tribunaux, on a rejeté la preuve apportée par l'ADN, parce qu'il subsistait un doute sur l'exactitude des resultats.
Au sujet du taux de fiabilité de la méthode, M. de la Harpe affirme que le 100% n'existe pas. On peut parler en pourcentage, mais le plus courant c'est de dire qu'il y a une personne sur un milion, par exemple, qui présente un gène précis. Les chiffres varient, tout dépend de la rareté du gène. Il dit aussi que l'empreinte génétique est une méthode parmi d'autre pour que la juctice arrive à une conclusion. C'est un indicateur, qu'il faut considéré comme les autres.
Jusqu'où ira la science ?
Le procédé dit des "empreintes génétiques" permet l'identification de l'homme mais aussi la connaissance de ses caractéristiques génétiques de manière si précise que, dans un avenir proche, on pourra prédire sa vie médicale. C'est intrusion extrême dans la personne, médicalement intéressante, mais juridiquement inquiétante a incité le législateur à intervenir en juillet 94. La loi a rappelé très fortement, la nécessité de ne voir pratiquer ces techniques qu'avec le consentement de l'individu. ( cf. résultat n. 4 ).
Tel était notre avis, forgé sur les différents articles de revues reconnues que nous avions lus, avant notre entretien avec M. de la Harpe. Celui-ci nous a en effet signalé la différence primordiale qui se trouve entre la médécine légale qui utilise les régions non-codantes (c'est pour cela qu'ils n'emploient pas le terme codes génétiques mais ADN), et le médical au sens propre qui utilise les régions codantes.
( cf. résulat n. 3)
Pourtant une fois encore la science et ses progrès se trouvent au centre du débat. Serions-nous donc devenus paranos, ou les médias, mal renseignés, nous auraient-ils induits en erreur ? Ils affirment qu'on parle de la création en France d'un fichier des empreintes génétiques pour les crimes sexuels, d'archiver les empreintes génétiques des criminels, et même créer une immense bibliothèque des échantillons biologiques qui contiennent la totalité de l'ADN et referment tous les secrets de notre personne.
D'après l'avis de nos résulats, exepté l'affirmation contraire de M. de la Harpe, il semble clair que des garde-fous légaux s'imposent. On suggère dans le magazine Phosphore (cf.résultat n. 2) que assureurs et employeurs pourraient, par exemple, demander l'accès au fichier pour séléctionner des clients et des salariés vierges de toute maladies génétiques. Le magazine Science & Vie ( cf.résultat n. 1) va plus loin, et pense qu'à cause d'un gène déficient on devra peut-être payer son assurance plus cher, ou bien on sera licencié.
M. de la Harpe nous dit qu'il se peut que bientôt tout le monde soit fiché dès la naissance, et que à sur notre carte d'identité figure notre empreinte génétique. Il dit aussi que des fichiers regroupant les empreintes des criminels existent déjà dans divers pays, mais qu'il n'y a
pas vraiment de raisons de s'y opposer, puisque si on se croit honnête, on n'est pas concerné, on n'a rien à cacher ( une affirmation qui peut-être peut paraître simpliste, mais là n'est pas le problème). Dès qu'on parle de fichiers, les gens s'imaginent tout de suite cela comme quelque chose de négatif, alors qu'il y a aussi des côtés positifs, par exemple, l'utilisation de ses fichiers pour identifier les victimes lors d'une grande catastrophe.
Personnellement, nous éprouvons une certaine réticence face aux conséquences des progrès de la science. Il est toujours difficile de se faire un avis sur les questions éthiques que la génétique pose, surtout quand on a l'impression d'être manipulées pas les médias et que beaucoup des choses demeurent cachées.
Nous avons aussi des craintes face à cet " inconnu " qu'est le progrès. De tout temps, les gens (et nous en faisons encore partie ) se méfient et redoutent ce qu'ils ne connaissent pas, ce qui leur échappe. En exprimant cela, notre but est de dire que, peut-être, si les gens du métier expliquaient et renseignaient sur des sujets qui, en fin de compte, nous concernent tous, alors là les gens regarderaient moins la science d'un oeil critique et seraient plus apte à remettre leurs préjugés en questions.
- " Les tests ADN sont-ils fiables ? " par Géraldine Magnan Science & Vie, mensuel n.969, juin 1998
- " L'ADN, la nouvelle arme de la police " Phosphore, mensuel , octobre 1998
- Les empreintes génétiques, Pr. M. Le Gueut-Develay http://www.med.unirennes1.fr/galesne/medecine_legale/index4.htm
- Biologie Campbell Editions de Boeck, 1995
Nous remercions M. de la Harpe pour l'entretien qu'il nous a gentiment accordé, ainsi que Mme Irène Garcia pour son aide.