Les relations d'analogie


1. Le percept et l'image mentale

Percept et imagerie mentale
D'après Denis, Image et cognition, 1989.

Commentaire
Denis fonde sa démarche sur l'acceptation d'une filiation entre les activités d'imagerie et les activités perceptives dont dérivent les premières. Jusqu'à quel point existe-t-il une similitude entre ces deux types d'activités ? Sur la base de nombreux travaux expérimentaux, on s'accorde aujourd'hui à reconnaître l'existence d'une double similitude entre ces deux types d'activités: fonctionnelle et structurale. Fonctionnelle tout d'abord: dans de nombreuses situations expérimentales portant sur des activités de mémorisation, les résultats montrent que les effets d'une présentation perceptive sont comparables à ceux d'une élaboration d'images mentales visuelles: par exemple, lors " d'activités d'apprentissage avec rappel libre, la perception de dessins semble donc avoir, au plan du codage mnémonique, un effet similaire à l'évocation purement mentale des objets correspondants". Pourtant, cette similitude fonctionnelle ne s'observe pas uniquement lors de situations expérimentales visant à mesurer la mémorisation: elle s'observe aussi, par exemple, dans le cas de la restitution de propriétés figuratives au cours de jugement de similarité.

Ainsi, activité perceptive et imagerie produisent les mêmes effets. Pour Denis, l'étape suivante consistera à identifier les caractéristiques qui, partagées par ces différents systèmes de représentation, permettent d'expliquer la similarité des mécanismes fonctionnels: les similitudes structurales entre les images et les percepts jouent ici un rôle essentiel. Il existe aujourd'hui suffisamment de données expérimentales qui attestent de " l'isomorphisme structural des représentations imagées à l'égard des événements perceptifs à partir desquels elles se sont constituées ": de nombreuses recherches, notamment sur l'exploration mentale, mettent en évidence, d'une part, l'existence d'une structure interne propre aux représentations du type analogique et, d'autre part, un isomorphisme structural entre ces images et les représentations d'origines perceptives, les percepts. Un auteur comme Vergnaud préfère quant à lui parler d'homomorphisme insistant sur le fait que la relation ne doit pas être bi-univoque; il suffit que " les éléments de l'ensemble d'arrivée correspondent à des classements de l'ensemble de départ ".

 

2. Le percept et l'image mentale


D'après Peraya, Vers une théorie des paratextes, 1995.

Commentaire
L'objet perçu, peut être déjà une représentation, ce que tend à montrer le fait que dans de nombreuses expériences portant sur l'imagerie mentale les situations perceptives placent les sujets face à des représentations graphiques –des dessins– et non face aux objets réels. Le schéma pourrait donc contenir un sous-schéma enchâssé et le dispositif global indiquerait alors que l'on travaille en réalité sur des représentations de représentations. Ensuite, Denis et de Vega distingue le modèle mental et l'image mentale. Le modèle se distingue de l'image en ce qu'il est une représentation simplifiée accentuant de façon sélective les traits pertinents au regard d'une tâche à effectuer; il est donc construit sur les principes de l'activation sélective de la mise au premier plan. De plus, il peut incorporer d'autres informations de nature non visuo-spatiale, par exemple psychosociale ou relatives aux état émotionnels.

Or, c'est bien à cause de la similarité tant fonctionnelle que structurale entre les images mentales et les images matérielles que ces dernières peuvent dans certaines circonstances, par rapport à un certain public et pour certaines tâches, produire des effets, par exemple d'économie cognitive, ou d'autres plus complexes, tels que la supplantation. Ce dernier mécanisme a été mis en évidence et longuement analysé notamment par Salomon, Ausburn et Ausburn, Lynch, Smith, Donnay. C'est le cas lorsque des systèmes symboliques, utilisés par exemple par le cinéma et la télévision, " sont tels que, au lieu d'exiger une transformation (comme lorsque deux points de vue sont juxtaposés et doivent être coordonnés), ils en réalisent au moins une partie pour le spectateur. Ainsi, le zoom modèle ou supplante l'opération que l'on doit effectuer intérieurement quand on passe d'un gros plan à un plan général. De même, le mouvement de la caméra autour d'un objet supplante le processus de coordination des points de vues ". La supplantation intervient donc au moment où l'apprenant intériorise un mode de traitement de l'information externe, réalisé par certaines caractéristiques techniques, syntaxiques, etc., du langage audio-scripto-visuel plutôt que de devoir appliquer lui-même à une image mentale un processus identique.

(Extrait de Peraya, D., Vers une théorie des paratextes, Recherches en communication, 1995, 4, 119-154, p.138 et 140.)


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| Mis à jour le | 15/04/98| Daniel Peraya |