Nous avons choisi la FSASD
(Fondation des services d'aides et soins à domicile) comme
« entreprise » . La FSASD est rattachée à une autre grande
organisation plus générale, la CASS (Centres d'action sociales et de santé) qui
englobe d'autres fondations. Le caractère social de l'organisation que nous
avons choisi n'a pas d'importance puisque nous nous sommes penchées principalement sur le besoin de formation des
employés de la FSASD à l'utilisation du
« barman », petit appareil servant à déterminer les heures de
déplacement et de travail effectuées par les employés. Ce dernier se retrouve
dans d'autres entreprises sous d'autres formes. Nous verrons toutefois au
travers des différents chapitres que certains logiciels répondent à des besoins
de formation autre que celui du barman.
L'utilisation de ce barman ne concerne
que les employés de terrain. L'aide et les soins sont répartis en quartier à
Genève et en communes à l'extérieur de la ville. Chaque quartier a ses propres
bureaux et travaille indépendamment des autres, tout en fonctionnant selon la
même organisation. Le personnel utilisant le barman est réparti selon deux
groupes: d'une part l'aide pour les activités d'entretien et de la vie
quotidienne (APS, soit aide au ménage) et l'aide à la personne pour les soins
de base, etc. (AVQ, soit aide-infirmière). Tout ceux qui se déplacent chez un
client pour divers soins utilisent ce barman afin de détailler précisément leur
emploi du temps. En effet, le barman est une sorte de "timbreuse"
individuelle portative qui détermine à la minute et en temps réel le temps
effectif passé par son utilisateur chez un client, lors d'un déplacement, ou
lors d'un colloque…
Récemment, la FSASD a changé de barman,
elle utilise maintenant des barman à tête de lecture, il ne s'agit donc plus
d'entrer des données comme le numéro du client car les différentes activités et
prestations ainsi que les clients se traduisent par des codes barres. En effet,
dans les premiers barmans, les employés se contentaient de chercher dans une
liste circulaire inscrite préalablement dans le barman leur activité ou leur
prestation puis de la confirmer pour que le barman s'enclenche.
Avec les têtes de lectures, l'employé
reçoit en début de semaine une liste des clients (qui changent chaque semaine),
des activités et des prestations (toujours la même liste) avec leur codes
barres respectifs. Les codes barres donnent des informations concernant les
clients. L'utilisateur du barman doit donc passer la tête de lecture (comme les
caissières) sur ces codes qui se trouvent sur des fiches, puis confirmer à
l'aide d'une touche. La lecture n'est pas le seul changement d'un barman à
l'autre. Voici la liste des activités qui se trouve sur la fiche: dans les
différentes activités, on a la visite (chez le client), le déplacement (temps
parcouru entre deux clients), le temps non facturable (passé au bureau), les
kilomètres, et la saisie différée (lorsque on a oublié son barman et qu'on veut
entrer des données après son temps de travail).
Lorsque la visite est terminée, le barman
demande de définir quelle prestation a été effectuée, l'utilisateur doit alors
« scanner » ce qu'il a fait exactement. Il doit choisir entre trois
propositions ou trois codes barres: l'APS, l'AVQ ou le temps à double. Le temps
à double s'applique lorsque l'aide forme une autre personne sur le terrain,
ainsi le client n'est pas facturé deux fois. Puis, l'utilisateur confirme et
lit le code barre "fin" pour que le compteur s'arrête une fois
l'activité terminée. Pour le temps non facturable, c'est la même chose.
Un fois l'activité terminée, le barman
demande de définir plus précisément l'activité, il y a trois prestations: le
temps non facturable administratif au bureau (par exemple un colloque), le
temps administratif client (temps passé au bureau à mettre à jour les dossiers
des clients) et le perfectionnement professionnel. Lorsque l'utilisateur a
défini la prestation effectuée, il confirme et lit le code barre
« fin » comme pour l'activité « visite ».
A la fin de chaque semaine, les
barmans sont déchargés au bureau et branché sur un ordinateur afin de donner le
total des heures. Sur l'impression, les activités de toute la semaine sont
détaillées. L'utilisateur vérifie son décompte avant de le valider par une
signature. Il peut aussi corriger ses erreurs sur l'ordinateur central ce qui
d'ailleurs prend un temps considérable puisque une quarantaine de personnes
doivent décharger le barman en même temps en fin de semaine.
Il faut signaler que le barman à
tête de lecture possède comme l'ancien barman, une liste circulaire d'activités
et de prestations inscrites qui remplacent la fiche avec les codes barres en
cas d'oubli ou de perte. Autrement dit, lorsque l’employeur oublie sa fiche il
peut rentrer des chiffres au lieu de scanner chaque code.
Le barman émet des sons qui
renseignent sur les données insérées. Lorsque je confirme une activité, il a un
son plus ou moins mélodieux alors que si je lis le code barre avant d'avoir
défini l'activité par exemple, en bref, si j'effectue une manœuvre non
conforme, il fait un son sec et dissonant.
Pour les barmans, le personnel a
reçu environ six heures de formation payée. Chacun a pu s'exercer sur de vrais
barmans. Il faut par exemple passer la tête de lecture rapidement de gauche à
droite sinon le code n'est pas lu. Mais, pour certaines personnes plus âgées,
travaillant à la fondation, cette
machine s'apparente à l'informatique. Elle apparaît donc comme abstraite et
plus complexe qu'une simple timbreuse étant donné le nombre d'informations
qu'elle contient. Dans le feu de l'action, de multiples erreurs de manipulation
sont commises puisque le barman s'utilise partout, en marchant, au café, en se
rendant chez le client...
On le comprend bien, le côté
"portatif" et non fixe de la machine multiplie les erreurs. En cas
d'absence du client, ou d'erreurs, l'utilisateur est confronté à des manœuvres
qui ne sont pas évidentes dans le stress. En outre, s'il s'en aperçoit, il peut
corriger ses erreurs directement sur le barman suivant le mode d'emploi mais
cela uniquement s'il ne les a pas déjà validées. Dans ce cas, il doit attendre
la fin de la semaine pour le faire.
Nous avons décidé de prendre le
barman comme sujet d'apprentissage dans un environnement informatique d'une
part parce que les utilisateurs mettent en moyenne un mois à se familiariser
avec l'objet en question et d'autre part parce que la formation nous paraît
quelque peu lacunaire puisque les erreurs sont nombreuses. Il est important de
signaler que le temps passé à corriger ces erreurs en fin de semaine est compté
comme temps non facturable pour le client mais pas pour la FSASD. Il nous
semble donc intéressant d'envisager cette formation sous un autre angle étant
donné que la fondation vise à réduire les temps de formation ce qui
malheureusement augmente le temps passé (soit un temps non facturable) à
corriger les erreurs en fin de semaine.
Comme nous l'avons dit plus haut
ce type de "timbreuse" personnelle est largement répandu dans le
domaine social mais il peut aussi, en changeant de paramètres, être employé par
d'autres secteurs professionnels qui travaillent à domicile.
Donc, plus généralement, un
plombier ou un réparateur sera peut être amené à utiliser une machine
similaire. Comme les bureaux disposent d'ordinateurs, nous nous sommes
demandées si un apprentissage sur un support informatique ne serait pas plus
approprié étant donné le décalage entre une théorie assez simple apprise lors
d'une formation courte et une utilisation réelle plus complexe qui génère du
stress, et des heures de correction hebdomadaires pour le personnel.
Pour ce travail nous avons
commencé par définir des besoins de formation, des objectifs selon chaque
famille de technologie que nous présentons. Les trois premiers chapitres
s'intéresseront précisément au barman et les suivants seront consacrés à d'autres
besoins de formation plus spécifiques à une entreprise qui œuvre dans le
domaine du social. En effet, nous avons du élargir les besoins de formation à
d'autres points que celui du barman. Il y a en effet d'autres sujets propres à
cette entreprise qui méritent d'être remis à jour par le biais d'un
environnement informatique.
Par un exemple concret nous
montrerons l'utilité de chaque famille par rapport aux besoins de notre
entreprise.
Puis à la fin de chaque chapitre
nous insisterons sur les inconvénients et avantages des différentes
technologies. Nous terminerons par une synthèse et nous choisirons parmi les
six, celui qui nous semble le mieux répondre aux besoins de formation de notre
entreprise.
Pour introduire ce chapitre, il
convient de donner une petite définition du didacticiel, qui est la
transposition la plus simple d’activités didactiques. Selon le dictionnaire de
l’informatique, un didacticiel est : « un
néologisme d’origine québécoise désignant l’ensemble des programmes qui
constituent les différentes phases d’un système d’enseignement assisté par
ordinateur dans un domaine précis de connaissance. »[1]
Par le didacticiel nous aimerions
répondre au besoin de sensibilisation théorique de l’apprenant face au
« barman ». Le didacticiel ne nous permet pas d’aborder la phase
pratique c’est pourquoi nous chercherons à présenter à l’apprenant des
informations et des activités qui lui permettront de stimuler sa démarche
d’assimilation et d’appropriation plutôt sur le plan théorique.
«
Un didacticiel est un logiciel destiné à des fins purement pédagogiques. Il est
développé dans un but unique : faire acquérir les compétences ou de les
renforcer. »[2]
Dans notre entreprise, il s’agit de comprendre
et de connaître les différentes activités et prestations que les futures
employés devront insérer dans le barman. Pour cela, il y aura une définition de
chaque activité et de chaque prestation sur trois ou quatre lignes. Pour chaque
activité un exemple de saisie sera donné, de sorte que l’apprenant connaisse la
marche à suivre avant de répondre aux questions. Un fois, l’apport en théorie
achevé, l’apprenant sera donc interrogé sur ce qu’il vient de lire. Nous
essaierons d’utiliser un vocabulaire simple et de poser des questions
judicieuses afin que la tâche demandée soit rapidement comprise. Les questions
proposeront soit des réponses à choix multiples, soit des affirmations
vraies-fausses selon les chapitres. Un feed-back positif ou négatif sera donné
pour chaque essai de réponse. L’apprenant ne pourra pas accéder au deuxième
chapitre sans avoir assimiler le chapitre premier ce qui devrait permettre un
renforcement du comportement positif (behaviorisme). Les questions seront donc
hiérarchisées selon leur difficulté et le dernier chapitre sera consacré à la
« suppression d’une erreur ».
Exemple
d'utilisation
Tout d’abord un bref résumé de
l’activité VISITE : cette activité se rapporte à un client ; il
s’agit de scanner (à l’aide du barman) le code-barres du client ou de saisir
manuellement son numéro fictif donné par l’assistant(e) administratif(ve). Pour
l’exemple de saisie donné plus loin, il ne faut savoir que ce qui est en gras
représente ce que l’apprenant pourra lire sur son « barman. ». La flèche
qui se trouve sur le clavier et qui permet de confirmer une saisie correspond
au verbe valider. Les données que
l’apprenant va entrer dans le « barman » seront en italique.
Puis le didacticiel propose un
exemple de saisie de l’activité VISITE. Pour chaque activité un exemple de
saisie est donné.
1. Je mets en marche mon barman.
2.
Je
lis : Mot de passe ? , je
tape 4545 et je valide.
3. Je lis : Lire activité
4. Je scanne le code-barres : VISITE et je valide.
5. Je lis : Lire client, là j’ai trois
possibilités : a) Je scanne le
code-barres du client
b) ou j’entre le No fictif
c) ou j’entre le No du client
6. Je valide : Le chronomètre se déclenche, le temps lié à
l’activité court à partir de cet instant. Le barman s’éteint.
7. L’activité VISITE a duré 45
minutes par exemple : je rallume
mon barman.
8. Je lis : Lire prestation
9. Je scanne le code-barres APS. Je lis : MAX 0.45 : et je valide. Je relis encore une fois 0.45 ? 0=Ret et je valide une seconde fois.
10. Je lis : Lire prestation, je scanne le
code-barres FIN et je valide. Le
chronomètre s’arrête.
Une fois l’exemple de saisie lu,
l’apprenant peut passer aux questions. En voici quelques unes :
1. Quel est le mot de passe ?
a)
3945
b) 4545
c) 5454
2. A la fin d’une visite, comment
dois-tu faire pour arrêter le barman ?
a) je valide
b) je scanne le code-barres FIN
c) j’appuie sur OFF sans valider
3. Si tu n’as pas le code-barres du
client, que peux-tu faire ?
a) éteindre et noter sur un papier
l’heure d’arrivée
b) entrer le code-barres du client
suivant
c) entrer un numéro fictif avec le
clavier ou entrer le vrai numéro qui se trouve sur tes fiches avec les adresses
du client
Nous pensons que le didacticiel
répondrait partiellement aux besoins définis plus haut. Il serait, à notre avis
une bonne introduction à l’utilisation du « barman » ce qui
déchargerait le formateur de certaines tâches répétitives. Les apprenants se
familiariseraient à leur rythme au
fonctionnement du « barman », chacun pourrait avancer à
« petits pas ». Ceci permettrait un apprentissage individualisé. Du
point de vue pédagogique, la confrontation avec le formateur n’aurait pas lieu
ce qui laisserait à l’apprenant une totale liberté dans ses prises
d’initiative.
L’utilisateur du didacticiel ne recevra
pas de jugements de valeurs extérieurs mais un feed-back immédiat, systématique
et dépersonnalisé. L’ordinateur est neutre, nous pensons donc qu’il est
favorable aux décisions et interventions de l’apprenant. De plus, il est
important de dire que de nombreuses personnes travaillant comme aide au ménage
sont de langue étrangère. Dans ce cas, le didacticiel nous paraît d’autant plus
approprié si l’on considère que certains individus ont une mémoire visuelle
plutôt qu’auditive. De plus un système comme celui d’un didacticiel pourrait
rapidement faire un bilan des erreurs les plus courantes, il pourrait ainsi
faire un bilan rapide des difficultés que les apprenants rencontrent.
L’utilisateur saurait donc grâce à ces feed-back dans quels domaines il a le
plus de difficultés ou de facilités.
L’individu a le loisir de lire plusieurs
fois la théorie si il en a besoin. Si le didacticiel en question propose un
graphisme et des couleurs adéquates, l’apprentissage serait donc plus aisé et
plus court pour certains. Les consignes en audio et à l’écran favorisent aussi
l’apprentissage.
Arguments contre
Tout d’abord, nous pensons que
l’absence de schéma complexifie les explications. Sans dessin, le didacticiel
comporte beaucoup plus de choses à lire. L’exemple donné l’illustre
parfaitement, la simple saisie d’une donnée correspond à une page pratiquement
de lecture. Par conséquent, il nous apparaît comme très peu ludique voire
rébarbatif. En effet, le côté pratique, la manipulation proprement dite ne fait
pas partie de notre didacticiel ce qui nous semble être pourtant très
important.
L’utilisation de l’ordinateur, le
dialogue avec la machine n’est pas chose aisée pour tout le monde ce qui
constitue aussi un obstacle puisque pour certains la situation semblera trop
artificielle et complexe. Il faut se demander si l’utilisation du didacticiel
n’est pas plus difficile que le contenu qu’il veut présenter. L’intérêt
didactique devrait primer par rapport à l’intérêt informatique sans toutefois
se borner à la simple « mise en machine » d’informations.
Le micro-monde est un
environnement d’apprentissage ouvert car l’apprenant ne doit pas suivre un
scénario préalablement établi. Il est orienté vers l’acquisition de
connaissances générales, le but étant pour l’apprenant de résoudre un problème
en le décomposant.
A ce sujet Seymour Papert a
écrit : « Enseigner une
notion qui se développe sans enseignement préalable ne peut que perturber la
genèse naturelle de cette notion…les enfants s’enseignent eux-mêmes beaucoup
plus élégamment que ne le pourraient faire les adultes…C’est en jouant avec les structures qu’on les apprend. »[3]
Il s'agit de laisser libre cours
au raisonnement de l’individu sans le contraindre à un programme et à des
instructions qui bien souvent l’empêchent de progresser.
L’intérêt dans ce cas est de
proposer à l’apprenant une manière différente de découvrir les fonctions et
l’utilité du barman. Le micro-monde devrait permettre à l’employé de
pénétrer au cœur même de la matière
qu’il doit intégrer. Ce chapitre répond donc à un besoin de prise d’initiative
de la part de l’individu, on cherche à développer son raisonnement et ses
capacités naturelles de découverte.
C’est par des relations de cause à effet
que l’apprenant construit sa propre idée du fonctionnement de la machine. Par
les différentes touches du clavier, l’apprenant pourrait accéder aux listes du
barman. Ainsi, il aurait à sa disposition le « + », le « - », la
touche « on-off », la flèche qui va vers la gauche et la flèche recourbée,
qui sert à valider pour se balader dans le système du barman, ainsi que tous
les chiffres. D’un côté, il y aura les touches du clavier et de l’autre,
l’ensemble des informations qu’on peut lire dans la manipulation du barman.
En fait, au sommet de l’interface, se
trouveront deux rectangles. Dans le premier l’apprenant aura à sa disposition
les touches du clavier du « barman » sous forme d’icônes, dans le
second, il trouvera les informations diverses que l’on peut lire après avoir
pressé une des touches. Les informations seront présentées uniquement sous
forme de texte à l’image du « barman ». L’apprenant devra donc relier
une icône (rectangle No 1) avec une des informations (rectangle No 2) pour
faire le cheminement d’une saisie par exemple. Lorsque l’icône choisie
correspondra à l’information, l’apprenant pourra donc continuer sa construction
jusqu’au bout. Si les touches pressées ne correspondent pas à l’information
choisie, le lien ne se fera tout simplement pas.
Exemple d'utilisation
Ici se trouveront les
différentes touches du clavier, avec: ·
la touche "on-off" ·
les numéros de 0 à 9 ·
le + , le - , ·
le point pour la saisie des dates (exemple
11.06.2000), ·
la touche "enter" et la flèche
retour en cas d'erreur ·
la flèche recourbée pour la validation… |
Ici, les feed-back du barman. · Lire
prestation ? · Lire
activité ? · Nom · Time ·
Tout ce qu'on peut lire sur le barman, toutes
les différentes variantes en cas d'erreur que l'utilisateur sera amené à lire
sur son barman. |
Si je prends la touche
« on-off », je vais la relier avec « Lire activité », c’est
juste donc le lien se fait. Sur ce lien je peux continuer à construire ma
saisie. Mais par contre si je choisis la flèche qui va vers la gauche et je la
relie avec « Lire activité », le lien ne s’établira pas puisque sur
le barman, si j’appuie sur cette touche je verrai apparaître mon
« nom ». Donc si je relie la flèche avec mon nom, le lien sera pris
en compte.
Arguments pour
Le micro-monde nous apparaît comme plus
ludique et plus pratique que le didacticiel ce qui pourrait favoriser
« l’interaction personne-machine ». Avant même d’avoir eu un vrai
barman dans les mains, le futur utilisateur peut avoir une idée de la
nomenclature du clavier. C’est lui qui doit naviguer dans le système, il n’y a
pas de marche à suivre donc pas de contrainte dans l’apprentissage. Il y a tout
de même des étapes qui l’empêchent de tourner en rond dans le programme. Comme
les liens corrects restent à l’écran, ceci lui permet d’avoir sous les yeux son
propre cheminement. Les erreurs, au contraire, ne restent pas à l’écran de
manière à ce que l’apprenant ne garde pas d’impression visuelle de celles-ci.
L’individu a à sa disposition des objets élémentaires (icônes et informations)
avec lesquelles il pourra par la suite construire des structures toujours plus
complexes.
Le micro-monde permet entre autre de
« faire faire », soit de laisser à l’apprenant trouver son
propre raisonnement, ce qui n’était pas possible dans un didacticiel. Du point
des vue de la motivation, cette forme d’enseignement par ordinateur offre une
personnalisation des parcours et des performances. En effet, chaque apprenant
aura une manière différente de construire ses connaissances sur le contenu.
Arguments contre
L’apprenant risque de ne pas dépasser
certains stades puisqu’il ne connaît pas réellement le but à atteindre. Il
risquera par exemple de se contenter de faire toujours les mêmes liens avec des
icônes identiques. Nous avons l’impression que le micro-monde n’est pas
vraiment adapté à l’utilisation du barman. En effet, pour une simple saisie de
l’activité visite dont nous avons donné un exemple dans le didacticiel,
l’individu devra faire non pas trois ou quatre liens mais plutôt une trentaine
avant de pouvoir tirer des conclusions. Sans consignes ou buts à atteindre il
nous paraît peu probable que l’apprenant arrive à ses fins. Nous avons eu de
grandes difficultés à délimiter la frontière entre le micro-monde et la
simulation. Nous pensons donc que l'apprenant qui ne reçoit que très peu de
consignes ou d'indices peut être vite découragé et déstabilisé. Le côté ludique
peut, aussi, à notre avis prendre le pas sur l'apprentissage en lui-même.
De plus, ayant suivi les travaux
pratiques concernant LOGO et Cabrigéomètre, nous estimons que les micro-mondes
exigent une réflexion cognitive très complexe et une « relation avec
l’ordinateur » bien différente des autres logiciels. En effet, comme le
dit Papert :
« The computer
presence could contribute to mental processes not only instrumentally but in
more essential, conceptual ways, influencing how people think even when they
are far from physical contact with a computer. »[4]
En ce qui concerne la gestion du temps,
nous pensons que ce système de micro-monde constituerait une réelle perte de
temps pour les employés. En effet, une trop grande " liberté dans les
contraintes et les objectifs" nous semble rallonger le temps d'exécution
de la tâche. En effet, l'utilisateur qui ne se rend pas compte de la part
effectuée par rapport à l'ensemble doit avoir des repères pour pouvoir continuer.
Contrairement au didacticiel, l'apprenant guidé par une motivation extrinsèque,
et non pas par la maîtrise des objectifs, serait sûrement vite découragé !
Dès lors, il nous semble important de donner certains indices à l'apprenant
afin qu'il sache s'il est sur la bonne voie ou non. Ainsi, un professeur
devrait donner un cours pour donner les informations nécessaires à la
compréhension de la tâche. Dès lors, il serait plus logique de donner
directement un cours sur le barman.
Le micro-monde nous apparaît comme très
complexe d’autant plus que le public visé n’est pas sensé être expert en la
matière. Un logiciel de ce type demande de la part des utilisateurs des
compétences de programmateur :
« Une chose
est certaine, les activités LOGO ne sont pas un simple jeu d'assemblage de
"cubes" élémentaires de connaissances. Très vite,
l'apprenti-programmeur est confronté à des techniques de programmation
sophistiquées qui n'ont plus rien à voir avec la simple juxtaposition de
primitives ou la réunion sous un seul terme d'un ensemble de commandes. »[5]
Pour cette partie, nous allons prendre le cas de la
simulation. La
simulation est « un ensemble de
techniques permettant d’étudier le comportement futur d’un système à partir
d’un modèle mathématique approprié, programmé de manière à étudier l’évolution
de différentes variables représentatives du phénomène que l’on cherche à
analyser. »[6]
Ce type de
famille pourrait d’après nous répondre au besoin de familiariser l’apprenant à
l’utilisation du barman. L’apprentissage de ce dernier étant plutôt complexe,
l’entreprise doit alors organiser régulièrement des cours de formation à ce
sujet.
La simulation
pourrait éventuellement remplacer quelques cours, elle permettrait à l’apprenant
de se sensibiliser aux diverses fonctions et paramètres de la machine comme
dans la réalité. Notre souci premier est de pousser l’individu à formuler des
hypothèses qui seront confirmées ou non. Pour vérifier ses hypothèses,
l'apprenant apprend donc par l'expérimentation.
L'hypothèse de départ sera sans doute la même pour
tous les nouveaux utilisateurs, à savoir: "Que dois-je faire avec mon
barman?". Par la suite, le déroulement de la "journée" et les
hypothèses de fonctionnement à propos du barman seront individualisées en
fonction du comportement de chaque apprenant. Ceci impliquera donc un
affinement des hypothèses en fonction de la compréhension de chaque apprenant.
Celui-ci disposera de tous les outils nécessaires, soit l'adresse du client, le
barman, la liste des codes barres, etc. Lorsque il aura trouvé la bonne rue, il
sonnera à une porte et verra apparaître un client.
Plus
concrètement, nous allons faire défiler sur l’écran, plusieurs séquences d’un
film reproduisant une journée entière d’un employé de la FSASD. Chaque partie
de la projection représente une tâche bien précise. Nous précisons que pour
chaque séquence une petite horloge indiquera le temps qui s’écoule en temps
réel. Lorsque une séquence est terminée, l’apprenant voit apparaître à l’écran
un barman ainsi qu’une courte indication lui expliquant qu’il doit maintenant
entrer les données des activités qu'il s'apprête à faire ou qu'il vient de
terminer. Il pourra cliquer sur toutes les touches à l’aide de la souris,
chaque bouton proposera le même feed-back que celui que le barman offre dans la
réalité. Suivant la scène proposée, l’apprenant devra alors scanner un code
barres (pour un numéro de client par exemple) exactement comme il le ferait
lors d'une visite. Pour ce faire, les codes barres seront affichés sur l’écran
à côté du barman et l’apprenant pourra saisir le barman à l’aide de la souris
afin de simuler la lecture du code barres.
Nous estimons
judicieux d’insérer des sons dans la simulation afin d’indiquer à l’apprenant
si il est sur la bonne voie ou non. Ainsi, les sons d’erreurs seront plutôt
graves et dissonants alors que les sons de confirmation seront chantants et
plus aigus. En cas d’erreurs répétées sur la même partie du film, une fenêtre d’aide
apparaîtra pour orienter l’apprenant et surtout pour gagner du temps et éviter
le découragement.
Il est clair que
la simulation rend l'apprenant acteur dans son processus d'apprentissage ce qui
constitue un atout non négligeable. Par l'expérimentation, il pourra se
représenter une journée type et il sera capable de tirer des règles qu'il aura
élaborées seul..
Nous pensons que la simulation est la technologie qui
se rapproche le plus de la réalité. Il devra se familiariser avec le barman
tout en se rendant chez des clients, ou en prenant sa pause dans un café
virtuel. Par ce moyen, l'utilisateur prendra conscience de la difficulté
d'employer le barman et se déplacer en même temps. De plus, le son constitue à
notre avis un apport précieux pour l'apprentissage du maniement du barman. En
effet, le son participe à une bonne retranscription de la réalité. En ce qui
concerne le barman, les sons dissonants des erreurs poussent l'apprenant à
revenir sur son raisonnement.
De plus, le déroulement du film reproduit les
différents sons de la rue, du café, ce qui ajoute des difficultés
supplémentaires que le futur employé sera amené à rencontrer dans son travail.
A l'instar des jeux de formule 1, très sophistiqués, lorsque le joueur penche à
droite et à gauche, ou se cache le visage lors d'un accident, nous pensons que
la simulation plonge l'utilisateur dans un autre monde et ce côté monde
parallèle devrait favoriser la motivation des apprenants. La simulation empêche
l'utilisateur de s'ennuyer puisque sans le savoir il croit en ce qu'il voit et
il est par conséquent captivé.
Arguments contre
Une simulation nous apparaît comme très adéquate pour
un pilote d'avion par exemple, puisque des vies sont en jeu. Mais, dans un
travail de type social, il nous paraît comme trop coûteux de créer une
simulation. Il est en effet beaucoup plus simple d'envoyer un futur employé
passer une journée avec un pair. Un simulation impliquerait donc une perte
d'argent mais aussi de temps pour l'entreprise. De plus, pour que la simulation
soit complète il faudrait que les situations ne soient jamais les mêmes,
qu'elles évoluent en fonction des choix de l'utilisateur. Ainsi, le choix des
rues, les réactions des clients ou des personnages croisés dans la rue sont
autant de variables différentes qui devraient être reproduites à l'infini pour
espérer éviter la répétition des situations. A cela s'ajoute encore des
difficultés supplémentaires au niveau de la réalisation du logiciel puisque
chaque touche du barman réel offre plusieurs possibilités. On comprend donc que
pour que la simulation soit crédible, il faudrait prendre en compte une
multitude de paramètres et de situations différentes.
Ce qui est possible pour la simulation d'une course de
moto, nous semble dans notre cas peu approprié et difficile à créer. Nous ne
voyons donc pas d'enjeu (gain de temps, d'argent, amélioration des pratiques)
au niveau de la formation d'une simulation au sein de la FSASD.
En outre le manque de repères théoriques nous apparaît
une fois de plus comme très déstabilisant pour le novice.
Ce terme a été inventé par Ted Nelson dans les années
soixante pour décrire sa vision de l’information représenté et accessible à
partir de liens actifs intégrés dans les documents. Le Web repose entièrement
sur cette technologie. Selon la définition du journal officiel du 16 mars 1999, Vocabulaire de l’informatique et
de l’Internet , un hypertexte
est « un système de renvois
permettant de passer directement d’une partie d’un document à une autre, ou
d’un document à d’autres documents choisis comme pertinents par
l’auteur. »[7]
On peut donc dire que les hypertextes sont rattachés à une
sorte d’encyclopédie « universelle » dans laquelle il est facile de
voyager. Au sein d’une entreprise comme la FSASD, les hypertextes répondraient
à deux objectifs majeurs. D’une part, les nouveaux employés pourraient
s’informer sur l’entreprise elle-même et d’autre part, ils pourraient avoir
facilement accès à tout ce qui touche de prés ou de loin à leur métier. Il
s’agirait donc de laisser les employés naviguer comme ils le veulent, chez eux,
ou au bureau, parmi les différents textes en relation avec les informations
qu’ils recherchent. Ce ne serait donc pas une activité purement pédagogique
mais une ressource à disposition dans laquelle les employés pourraient
satisfaire leur curiosité à propos de l’entreprise et également développer leur
savoir personnel sur leur profession. A ce propos, nous pensons qu'il serait
indispensable de proposer des aides spatio-temporelles afin que l'utilisateur
ne se perde pas dans sa navigation.
« Les aides spatio-temporelles
fournissent des marques de structure de l'espace des ressources qui,
lorsqu'elles sont hiérarchisées (carte globale et sous-cartes), ont une
influence sur la représentation du contenu que se construit le sujet, qui
l'aide dans l'apprentissage incident de la structure de l'hypertexte (ce qui
souvent l'un des buts recherchés) et qui lui facilite la localisation
d'informations. Ces aides cherchent à éviter deux types de problèmes, la
désorientation et la surcharge cognitive. »[8]
Plus concrètement, on pourrait très bien imaginer, en ce qui
concerne la FSASD, mettre comme interface principale une présentation de
l’entreprise avec des liens internes sur l’historique de la fondation, sa date
de création, le nombre de personnes employées, les différentes professions et
formations qu’elle propose, ou encore les valeurs qu’elle véhicule.
Les hypertextes feraient donc office de « dépliants sur
ordinateurs » dans lesquels les employés de la FSASD pourraient venir
chercher les informations qu’ils recherchent à propos de leur métier.
Arguments pour
Les hypertextes sont utiles car on peut
en tant qu’employé avoir une bonne idée globale de l’institution. L’utilisation
d’un hypertexte est très simple ce qui peut constituer un gain de temps
contrairement au micro-monde dont la marche à suivre peut être plus complexe
que le contenu qu’il présente. Du point de vue du coût, l’hypertexte offre
aussi un avantage celui d’être abordable pour une entreprise comme la FSASD.
Arguments contre
Le premier point négatif est celui du
manque de pratique car on a, avec les hypertextes, seulement une vision
théorique de l’entreprise. La pratique n’a pas sa place dans ce type de
technologie. De plus, il n’y a aucune interaction entre l’employé et
l’ordinateur donc il n’y a pas de construction de connaissance mais plutôt un
emmagasinement d’informations. Nous ne voyons pas de raisons qui pourraient inciter
le futur employé à vouloir s’informer par ce biais. Dans cette forme de
technologie, nous pensons que les possibilités qu’offre un enseignement par
ordinateur sont sous-exploitées.
Par ailleurs, de nombreuses études ont
montré que la lecture à l’écran n’est pas évidente pour l’œil, elle contient de
nombreux désavantages. Le papier par exemple, reste le meilleur support à la
lecture. Il ne faut pas oublier en effet que notre œil est habitué à lire du
foncé sur du clair et sur un format A4 . Dès lors, si ces paramètres changent,
la lecture et par conséquent la prise d’informations est perturbée. Il est donc
fatigant de lire à l’écran. Nous ne voyons pas vraiment ce qu’apporte un
hypertexte dans une entreprise comme la FSASD.
« Dans la mesure où les activités
associées à cet usage font une large part à la lecture linéaire, les livres et
supports papier restent un média privilégié. Les contraintes de lecture sur
écrans d'ordinateurs, qui en particulier limitent l'empan visuel et segmentent
trop la lecture, sont en effet bien connues. »[9]
Au
niveau de la structuration des connaissances, l'hypertexte n'est pas linéaire
ce qui peut engendrer une désorientation et un oubli momentané du but initial
de la recherche.
« Tout système
complexe comporte des dangers d'orientation mais la nature même des hypertextes
et hypermédias peut rendre ces problèmes particulièrement aigus. L'intégration
de divers médias (films, sons, animations affichés parfois dans des fenêtres
indépendantes) ainsi que la combinaison d'un système hautement flexible au sein
duquel l'utilisateur doit se tracer ses propres pistes peut rapidement générer
la confusion. En plus d'avoir à faire du sens des différents stimuli présentés, associés à
diverses informations, l'utilisateur doit de plus prendre des décisions et
faire des choix, entre autres sur l'information qui est importante et celle qui
l'est moins et qu'il convient d'ignorer. »[10]
Chapitre 5 : LES
COLLECTICIELS
Un collecticiel ou Groupeware est une
collaboration supportée par un ordinateur dont le but est de travailler
ensemble.
Les collecticiels donc impliquent un apprentissage
collaboratif des utilisateurs sur un projet commun. La collaboration se fait à
distance de manière synchrone ou asynchrone. L'objectif premier d'un collecticiel
est donc d'optimiser la prise de décision et la transmission d'informations
entre plusieurs personnes qui ne se trouvent pas au même endroit. On parle de
collaboration « if peers are more or
less at the same level, can perform the same actions, have common goal and work
together. »[11].
Il faut néanmoins faire une distinction entre collaboration et coopération: “In cooperation, partners split the work, solve sub-tasks individually and then assemble the partial results into the final output. In collaboration, partners do the work 'together'. However, some spontaneous division may occur even when two people do really work together, for instance one partner taking responsibility for the low levels aspects of the task while the other focuses on strategic aspects (Miyake, 1986).”[12]
Exemple d'utilisation
Le collecticiel que nous imaginons
répondrait au besoin de communication des employés. Cela permettrait de
transmettre réciproquement entre les différents utilisateurs, et de manière
anonyme, un certain savoir à propos du métier d’aide et soins à domicile.
Actuellement, comme les budgets des organisations sociales sont de plus en plus
restreints, le personnel est par conséquent de plus en plus surchargé et ceci
limite les contacts entre pairs. Le collecticiel pourra donc répondre à un
besoin de cohésion entre les différents secteurs de la FSASD. L’utilisateur
emploiera un nom fictif qui lui permettra de pouvoir s’exprimer, sans crainte
d’être jugé ou même sanctionné. Nous avons pensé à un Moo réservé exclusivement
aux employés. Ceux-ci disposeront donc d’un code leur permettant d’accéder au
Moo. Ce code permettra en outre aux employés d’utiliser le collecticiel chez
eux. Chaque salle discutera d’un domaine particulier toujours en lien avec les
soins et la santé des personnes âgées. La divisons en salles optimise à notre
avis le sens des discussions et permet aussi une diminution du nombre
d’individu sur le même « chat ». Ainsi, si les thème abordés sont
plus précis, Le sens des discussions devient alors plus facile à suivre.
Comme nous l’avons dit plus haut, un
collecticiel comme le Moo adapté à notre entreprise répondrait à un besoin très
fort dans le domaine du social, celui de pouvoir communiquer et exprimer
certaines tensions accumulées au fil des visites. Ce système aiderait certains
employés à se libérer des angoisses liées à la mort et à la maladie par
exemple, en discutant, en relativisant avec les autres employés. De plus, il
pourrait servir de suivi pour certaines personnes qui s’occupent de cas lourds
ou particulièrement difficiles.
Pour ce qui est des questions, nous avons
pensé qu’un sorte de boîte aux lettres serait très appropriée dans ce
collecticiel. En effet, un gérontologue ou un psychologue, répondra, à raison
de deux heures par semaines aux questions laissées sur la boîte. Ainsi, avec
l’aide d’un spécialiste, les utilisateurs pourront non seulement communiquer
entre eux, se raconter des anecdotes mais aussi perfectionner leur savoir à
propos des personnes âgées.
Arguments pour
Nous pensons que le collecticiel est
efficace au niveau de la collaboration puisque chaque interlocuteur amène sa
propre connaissance sur le sujet. L’approfondissement du savoir se fait dans la
collaboration avec les collègues et l’enseignement devient alors réciproque.
Les échanges sont rapides, directs et ils
garantissent des débats vivants. Ce système offre en outre la possibilité de
relativiser ou de prendre les choses avec humour. Au niveau des interactions,
ce système apporte donc un plus non négligeable, puisque l’utilisateur ne
converse plus seulement avec la machine mais avec une ou plusieurs autres
personnes qui ne se trouvent pas au même endroit. Le fait de devoir écrire,
oblige l’utilisateur à structurer sa pensée. Ainsi, contrairement à un débat
oral, tout le monde ne parle pas en même temps ce qui oriente considérablement
le sens de la discussion. Ceci constitue par conséquent un gain de temps non
négligeable.
Nous pensons en outre que l'anonymat
offre une liberté d'expression qui ne peut qu'enrichir les débats autour du
travail social. Dans cette optique, le collecticiel nous apparaît comme adéquat
pour mener à bien des réunions ou des discussions qui seraient sans doute
interminables sans un support informatique.
Arguments contre
Comme tout autre système informatique, le
collecticiel diminue les contacts humains. il est évident que si la discussion
s'articule autour d'un outil informatique d'autres problèmes entrent en ligne
de compte. L'anonymat et l'absence de rapport physique peut laisser libre court
à d'autres dérives:
« We observed
(Dillenbourg, in press) that learners were not very 'tolerant' with the
computer: firstly, they had difficulties in accepting that the computerised
partner makes silly mistakes, then, when the computer was repeatedly wrong,
they stopped making suggestions altogether. »[13]
Le collecticiel engendre aussi quelques
difficultés d’utilisation ne serait-ce que pour accéder aux différentes salles
par exemple. De plus, malgré ces différentes salles ou domaines, suivant le
nombre d’individus qui s’y trouvent, la discussion devient rapidement difficile
à suivre.
Chapitre 6: LES CAMPUS
VIRTUELS
Un
campus virtuel désigne tout site web ayant pour but de s'adresser à une
communauté d'apprentissage en mettant à sa disposition les ressources
pédagogiques et les fonctionnalités de communication collaboratives
correspondantes. Certains de ces sites vont jusqu'à choisir une métaphore
graphique représentant un campus physique: bibliothèque, salle de travail,
cafétéria, salle de cours.
Il est
difficile de parler de campus virtuel pour une entreprise car, comme son nom
l'indique, le campus virtuel s'adresse plutôt à des universitaires en cours de
formation.
Exemple d'utilisation
Compte
tenu du fait que les aides de la FSASD sont toujours en déplacement, le campus
virtuel répondrait au besoin de ne pas devoir se déplacer quotidiennement
jusqu'au bureau uniquement pour se tenir au courant des différentes
modifications des horaires par exemple. En effet, comme la FSASD fonctionne en
sous-effectif, il n'est pas rare que les employés aient des changements de
clients ou d'horaires de dernière minute. Les employés doivent donc passer tous
les matins pour vérifier qu'il n'y a aucun changement. Il arrive souvent que
ces personnes doivent faire un détour entre chez elles et leur premier client
simplement pour contrôler qu'il n'y a pas de nouvelles directives.
Nous
avons imaginé une sorte de campus virtuel qui répondrait à la formation
nécessaire à la FSASD. Il s'agirait, par exemple de créer un site web, basé sur
une métaphore spatiale. Il y aurait par exemple un grand bâtiment, représentant
l'entreprise où chaque étage correspondrait à un des domaines de la FSASD.
On
trouvera par exemple au premier étage,
tout ce qui concerne l'administration, les horaires, les fiches de salaires,
les coordonnées des employés. cette "salle" administrative fera donc
office d'agenda qui donnera par exemple le lieu et la date de différentes
manifestations.
Au deuxième étage, l'utilisateur pourra
assister à différents cours sur le barman, avec vidéo à l'appui. Cet étage sera
interactif et il y aura par exemple des exercices à faire, que le professeur
corrigera et renverra à l'employé.
Le troisième étage se consacrera plus
particulièrement aux clients, à la mise à jour de leur fichiers. Ainsi, les
employés pourront remplir ces fiches, et les corriger si besoin est. Le campus
virtuel évitera donc les pertes ou les oublis de ces fichiers
"volants".
Pour
ne pas négliger l'aspect pratique des métiers rattachés à la fondation, nous
avons pensé à des salles vidéos qui montrent plus concrètement ce qu'il faut
faire ou ne pas faire avec les personnes âgées. Plus généralement, on peut
imaginer un autre étage axé sur le côté médical et pratique des soins à
domicile.
Le campus
que nous imaginons réunira en quelques sortes les chapitres précédents En fait,
suivant le domaine choisi, l'utilisateur sera amené à faire un exercice, à
chater avec un collègue, à interagir avec un professeur (ou un spécialiste plus
précisément).
Arguments pour
Le
campus virtuel nous semble répondre simultanément à plusieurs besoins de
l'entreprise que nous avons choisie. En effet, celui qui veut s'informer,
communiquer ou remplir des fichiers pourra le faire en accédant au campus.
Grâce au campus virtuel, l'utilisateur a l'embarras du choix ce qui peut
influencer sa motivation extrinsèque.
Selon
Daniel Peraya, « les campus virtuels
semblent s'imposer comme le dispositif prototypique –technologique, pédagogique
et communicationnel- de tout système de formation exclusivement ou
partiellement à distance. »[14]
En
regard de ce que nous avons dit plus haut, le campus virtuel impliquerait un
gain de temps puisque les employés n'auraient plus besoin de passer au bureau
(et donc de faire un détour) pour tenir à jour les dossiers des clients ou
s'informer des changements d'horaires.
Il
faut aussi souligner que le campus virtuel permettrait à la FSASD une
collaboration plus facile et plus rapide entre les quartiers délimités par la
FSASD. Par exemple, certains clients se trouvent "à la limite" entre
deux quartiers et suivant les effectifs, l'équipe qui s'occupe de ces clients
"frontaliers" change. Certaines aides n'ont donc pas les dossiers de
ces personnes puisqu' ils se trouvent dans le bureau d'un autre quartier.
Précisons que ces dossiers ne doivent en aucun cas sortir du bureau! Dans ce
cas précis, on peut dire que le campus virtuel résoudrait bien des problèmes.
Arguments contre
Même
s'il est plus "complet" que les autres logiciels que nous avons vu auparavant,
le campus virtuel ne répondrait tout de même pas aux exigences pratiques à la
formation du métier d'aide à domicile.
De
plus, la variété des "logiciels" que peut regrouper un campus virtuel
complexifie l'accès aux différentes salles. On peut imaginer que certaines
personnes débutantes en informatique passent plus de temps à comprendre la
procédure du logiciel que le contenu qu'il présente.
Un des
points que nous avons omis de soulever et qui vaut pour les trois derniers
chapitres est celui du coût de la connexion à Internet. Nous pensons que les
employés seraient freinés par le fait qu'il doivent payer pour accéder à la
formation qu'ils désirent entreprendre.
Choix du logiciel
Après
avoir analysé les différents logiciels , nous pensons que l'environnement le plus approprié aux besoins de formation
auxquels nous avons choisi de répondre serait le campus virtuel. Etant donné le
nombre d'employés (plus de mille personnes sur Genève) et la palette d'outils
informatiques qu'il propose, le campus virtuel nous paraît répondre à
différents besoins. Il propose à l'employé une somme d’informations sous
diverses formes et nous pensons que cette diversité dans les outils utilisés ne
peut qu’augmenter le nombre d’utilisateurs. Et si les employés utilisent
beaucoup ce logiciel, le problème du coût serait alors réglé !
Description du campus virtuel
En ce qui concerne les horaires, nous pensons donc que
le campus virtuel peut faciliter la tâche des employés, plus particulièrement
pour les responsables administratives pour lesquels ces horaires sont de
véritables casse-têtes. En effet, il serait bien plus facile avec ce type de
logiciel de voir en un coup d’œil qui est malade, quel quartier a besoin d’une
aide supplémentaire, quel client vient d’annuler ses heures, etc…Pour cela nous
imaginons donc au premier étage, une salle consacrée aux horaires, suivant les
équipes et les quartiers. L’utilisateur pourrait consulter sa semaine en tapant
simplement son nom. Il verrait apparaître ses heures et toutes les informations
concernant les personnes chez qui il doit se rendre. Cette salle proposerait en
outre des liens avec les dossiers et serait réservée exclusivement aux
employés.
Pour la mise à jour des dossiers des
clients justement, le campus virtuel nous apparaît aussi comme tout à fait
adéquat. Grâce à un campus virtuel, les dossiers voyageraient sans que les
employés aient besoin de se déplacer. L’utilisateur pourrait donc, d’une part prendre des nouvelles d’un
client qu’il ne revoit plus ou compléter les dossiers tranquillement chez lui.
Actuellement, les employés ne disposent pas de temps pour ces comptes rendus de
leur activité journalière. Les fichiers sont souvent égarés, remplis dans la
hâte ou pas du tout. Pour respecter la confidentialité, l’accès à ces fichiers
serait protégé par un login.
En ce qui concerne le côté pratique, le
campus virtuel nous semble répondre à plusieurs exigences puisqu’il inclut la
simulation. Pour les cours du barman, il nous semble qu’une petite simulation (pas
trop élaborée) et une salle de cours complémentaire est plus utile et formative
qu’une simulation seule. Nous avons pensé qu’un cours du même genre que celui
qu’ils ont reçu serait donné avant la simulation. Avec l’aide du cours,
l’utilisation du barman par la simulation serait alors moins laborieuse. Le
campus virtuel est donc le seul logiciel qui donne la possibilité de recevoir
pratiquement le même genre et sous les mêmes formes d’enseignement que dans la
réalité.
Pour ce qui est du besoin de communiquer
des employés, le bâtiment proposerait un chat où les gens pourront s’exprimer
librement. Là- aussi, nous avons pensé à deux chat différents, un serait ouvert
à tous les utilisateurs et l’autre serait réservé uniquement aux employés. Pour
y accéder, les utilisateurs devront entrer un mot de passe. Dans ce chat, on
pourra donc parler de certains problèmes avec des clients ou de problèmes
internes à la FDASD.
L’aspect pratique sera développé dans le
dernier étage du bâtiment avec des vidéos et des conseils pour tous les métiers
de la fondation. Cet étage sera ouvert à tous. Chaque salle proposera des
vidéos, des cours sur les personnes âgées.
Faisabilité
Nous l’avons dit, le campus virtuel
semble pouvoir contenter plusieurs besoins de formation au sein de la FSASD. En
effet, il semblerait qu'un tel logiciel satisfasse la curiosité et les
motivations intrinsèques d'un plus grand nombre d'employés. En effet, les
différentes fonctionnalités qu'un campus virtuel propose, peuvent
considérablement augmenter l'intérêt des utilisateurs. Si l'on considère le
coût (et surtout l'entretien), on peut se demander si la création d’un tel
logiciel est vraiment utile. En effet, nous l’avons vu, la mise à jour et
l’entretien d’un campus virtuel demande beaucoup de travail. Si on pense
ensuite que les horaires seront constamment changés, le nombre de personnes
s’occupant du campus peut être multiplié par dix. On comprend bien vite que les
casse-têtes dont nous parlions plus haut ne pourront pas être résolus. Il
faudra toujours des standardistes qui prennent les appels des clients et ceux
des employés absents.
Pour ce qui est du public cible, le
problème majeur est que les employés de la FSASD ne sont pas tous propriétaires
d’un PC et sont donc souvent inexpérimentés en matière d’informatique. Dès
lors, si la FSASD met à disposition des ordinateurs pour permettre aux employés
d’aller sur le campus, ils seront obligés de se déplacer jusqu’au bureau. A ce
moment-là, la formation à distance n’aurait pas lieu d’être.
Si, au contraire, les employés ont un PC,
il n’est pas sûr qu’ils aient l’envie de payer une connexion et de passer du
temps non payé en dehors de leur travail. En effet, une entreprise se doit de
rémunérer la formation de ses employés.
Si on pense que les employés qui sont
déjà formés ne se connectent au campus que pour remplir les fichiers ou voir
leurs horaires, un tel logiciel ne serait pas rentabilisé et n’aurait pas lieu
d’être, un collecticiel serait alors plus approprié et moins coûteux.
Pour
ce qui est du côté pratique, l’enseignement assisté par ordinateur ne suffit
pas. Dans un domaine social, en effet, les contacts humains et la formation par
l’expérience sont primordiaux. Comme le dit Daniel Peraya :
«Par ailleurs, les
théories de la communication nous apprennent que communiquer c'est transmettre
un contenu, mais aussi instaurer une relation sociale. Les exemples issus des
médias classiques sont nombreux. Un second exemple très classique est le
contact oculaire dont on connaît l'importance pour l'interaction verbale et sa
régulation. Dans notre contexte culturel, ce contact a été érigé en une
véritable norme sociale. Chacun d'entre nous, enfant, a dû s'entendre dire plus
d'une fois "Regarde-moi quand je te parle !"
Et toutes les
formes de communication médiatisée ont tenté de s'approprier et de
réinterpréter, à travers leurs dispositifs propres, ce
mécanisme essentiel de l'intercommunication humaine. »[15]
Néanmoins, le nombre d’employés
justifierait la création d’un logiciel comme le campus virtuel. De plus, si on
considère le nombre de visiteurs extérieurs à la fondation, qui viendraient
s’ajouter aux employés, le campus serait utile à un public cible plus large.
Même si nous avons choisis le campus
virtuel comme logiciel, nous sommes conscientes qu’il apporte beaucoup mais il
contient aussi tous les arguments négatifs des chapitres précédents.
En conclusion, nous pouvons dire que si
un logiciel est très coûteux, il doit au moins offrir une certaine utilité en
retour. Pour notre fondation, nous pensons qu’au niveau de l’organisation à
l’intérieur d’un quartier et entre les quartiers, un logiciel comme le campus
virtuel est nécessaire.
Chanier T., Hypertexte, hypermédia et apprentissage dans des systèmes d'information
et de communication, Etude de Linguistique Appliquée (ELA). nº 110,
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Tetenbaum, J., Mulkeen, T.A., LOGO and the Teaching of Problem Solving:
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Technology, 1984.
[1] http://w03.auvergne.iufm.fr/verdier/MEMOIRES/dossier/DOSIUFM.htm
[2] http://w03.auvergne.iufm.fr/verdier/MEMOIRES/dossier/DOSIUFM.htm
[3]Demaizière F., Enseignement assisté par ordinateur,
page 56.
[4]Tetenbaum, J., Mulkeen, T.A., LOGO and the Teaching of Problem Solving:
A Call for a
Moratorium. Educational Technology,1611, 16-19, 1984
[5] Mendelsohn, P., LOGO: Qu'est ce qui se développe ?, TECFA - FPSE - Université de Genève, Conférence donnée dans le cadre du colloque LOGO et apprentissages.
[6] http://dicofr.com/def2/h/h020.html
[7] http://dicofr.com/def2/h/h020.html
[8] Chanier, T., Hypertexte, hypermédia et apprentissage dans des systèmes d'information et de communication, Etude de Linguistique Appliquée (ELA). nº 110, avril-juin. pp 137-146, 1998
[9]Chanier, T., Hypertexte, hypermédia et apprentissage dans des systèmes d'information et de communication, Etude de Linguistique Appliquée (ELA). nº 110, avril-juin. pp 137-146, 1998
[10]Preece, J., Hypermédia,multimédia
et facteurs humains. In Interactive
multimedia, practice and promise,1993
[11] Dillenbourg P.,
What do you mean by collaborative leraning?. In P. Dillenbourg (Ed) Collaborative-learning: Cognitive and
Computational Approaches, Elsevie,1999
[12] Dillenbourg, P., op.cit.
[13]Dillenbourg, P.,
Baker, M., Blaye, A.. & O'malley, C. The evolution of research on
collaborative learning. In E. Spada & P. Reiman (Eds) Learning in Humans and Machine: Towards an interdisciplinary learning
science. (Pp. 189-211). Oxford: Elsevier,1996
[14] Peraya D. (à paraître). Qu’est-ce qu’un campus virtuel ? In : Charlier, B. & Peraya, D. (ed.). Apprendre les technologies aux futurs enseignants. Bruxelles : De Boeck. pp 4-5.
[15] Peraya, D., Vers les campus virtuels. Principes et fondements techno-sémio-pragmatiques
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TECFA - Université de Genève,1999