Groupe "Staf13" - Sujets de mémoires

Staf 13 : Images et sons dans le multimédia"
Sujets de mémoires


Définition du champ et de son évolution

Les différents sujets proposés relèvent du groupe de recherche Communication pédgogique médiatisée. Pour plus d'information sur ces différents groupes, vous vous référerez à la présentaiton générale de l'Unité d'enseignement et de rechercheche TECFA.

Le concept de communication pédagogique s'est développé avec les premières analyses communicationnelles des médias, principalement la télévision, la presse écrite et la publicité, mais aussi avec leur utilisation en milieu scolaire (notamment, Jacquinot, 1977 ; La Borderie, 1979). Le domaine est donc lié aux développements de la sémiologie structurale dès la fin des années '60 et s'est construit dans le sillage de la linguistique post-saussurienne. On rappellera les deux courants dominants de l'époque :

  1. l'utilisation de l'audiovisuel et des " auxiliaires audiovisuels " dans le cadre de l'enseignement, tous niveaux et toutes filières confondus (notamment Dieuzeide, 1965 ; Lefranc, 1972 ; Decaigny, 1973 ; Olson, 1974 ; Salomon, 1968 et 1979 ; Reid ; Heidt, 1891) ;
  2. l'éducation aux médias visant à " alphabétiser " les élèves afin de les rendre plus critiques face aux mass media et, simultanément, une initiation à la sémiologie des différents genres médiatiques (cinéma et télévision, photographie, publicité, etc.). L'apprentissage des " codes " et aux langage était en effet considéré comme la base de toute initiation aux médias (voir par exemple la collection, " Les cahiers de l'audiovisuel " et des auteurs comme Bergala, Berrard, Zimmer, Gauthier).
La conjonction de ces deux courants a contribué à l'émergence du concept de communication pédagogique médiatisée. En effet, la nécessité de communiquer les contenus d'enseignement à travers un média, à l'aide d'un dispositif technologique possédant ses propres opérations techniques et ses modes de représentation symbolique, a fait apparaître toute " l'épaisseur " du média : ses contraintes et la façon dont il détermine les contenus, les usages et finalement la sens même du message.

Plusieurs facteurs ont contribué à faire évoluer le domaine :

  1. l'évolution de la sémiologie et de son cadre théorique qui tentent d'intégrer aujourd'hui deux dimensions fondamentales : d'une part, les théories de l'énonciation et la perspective pragmatique qui considèrent la communication comme un processus intentionnel complexe auquel participent les sujets, émetteurs et destinataires, mais aussi leurs relations interindividuelles, le contexte, etc. (par exemple, Meunier et Peraya, 1993) ; d'autre part, les théories cognitives qui tentent d'articuler l'analyse des représentations matérielles, objet de la sémiotique, et celle des représentations mentales, objets de la psychologie cognitive (par exemple, Baillé et Maury, 1993 ; De Corte, 1993 ; Duval, 1993 ; Jacquinot, 1995 ; Darras, 1996) ;
  2. la diversification des technologies et concurremment l'évolution du concept de média qui intègre aujourd'hui les nouveaux médias (Internet et ses différentes fonctionnalités, le multimédia, les hypermédias) ce qu'atteste la littérature spécialisée ;
  3. l'immense développement de la formation à distance et de systèmes mixtes dont on sait qu'il est déterminé par la transformation des vecteurs et des moyens de communication : ces formes d'enseignement délocalisées dans le temps et dans l'espace utilisent nécessairement des médias et des formes de communication médiatisées pour diffuser l'information et créer des environnement d'apprentissage. Par ailleurs, la communication médiatisée par ordinateur (CMO) et les dispositifs de téléprésence (visio- et vidéoconférence) apparaissent comme les formes privilégiées de tutorat et de collaboration dans de tels systèmes de formation (Henry et Kaye, 1985 ; Kaye, 1992 ; Peraya, 1994 et 1996, Cours de l'université de Londres).
La littérature spécialisée constitue un bon indicateur de cette évolution. Une revue comme EMI, Educational Media International, l'organe officiel de l'International Council for Media Education, publie aujourd'hui de nombreuses études sur les médias électroniques tandis que les revues consacrées aux technologies éducatives et aux innovations technologiques portent indifféremment sur les médias traditionnels et sur les médias électroniques (voir notamment, Innovations in Education and Training International, Educational Training Techology International).

Il existe d'ailleurs de nombreuses problématiques transversales, communes aux deux types de médias comme aux approches sémiotique et cognitiviste : la visualisation de l'information, les mécanismes de lecture et de compréhension de l'information visuelle, l'utilisation didactique des graphiques et des représentations visuelles, l'analyse des formats de présentation, etc.

Le domaine de la communication pédagogique médiatisée, s'il est le reflet des ses différents ancrages institutionnels (départements de Sciences de l'éducation, de Communication ou d'Informatique), paraît bien organisé autour de problématiques stabilisées, ou en voie de l'être comme le montrent des revues telles que Communication Education, EMI, Médiascope, Recherches en communication et les groupes de recherches comme par exemple le "Groupe de Recherches sur les Interactions Communicatives", COAST,de l'Université Lyon 2 (CNRS) ou encore le " Groupe de recherches sur le concept de dispositif en médiation des savoirs" (Département de communication, Université catholique de Louvain et Paris VIII).

Propositions de sujets

Parmi ces problématiques le groupe " Communication pédagogique médiatisée " a défini ses centres d'intérêt et ses propres thèmes de recherche.

  1. L'analyse de dispositifs multimédias didactiques, socio-éducatifs ou ludo-éducatifs
  2. Il s'agit de décrire les structures langagières qui les constituent. Au même titre qu'il existe un " langage et une écriture cinématographiques ", un " langage et une rhétorique publicitaire ", on devrait pouvoir aujourd'hui produire une connaissance des structure de signification de ces nouveaux médias. Les concepts clés de ce type de travail sont par exemple, " discours " (Bakkhine, 1978) " écriture ", " dispositif d'énonciation ". Concrètement on se doit d'analyser les rapports sons/images, les différentes formes de construction, les mécanismes d'interpellation du destinataire et la place que le dispositif lui assigne, etc. Si pour l'instant l'image et la communication visuelle dominent, à terme l'analyse du son et de la vois pédagogique pourrait être développée.
    Il s'agit donc et de contribuer à la modélisation du domaine autant qu'à l'analyse concrète de documents, de " textes " médiatisés ou " multimédiatisés ".

    De nombreux travaux de fin d'année du cours proposé au second cycle (ancien plan d'études et actuelle LMRI) comme dans le cadre de l'UFO " Média et informatique " (LME) sont de ce type : analyse des rapports/sons images, description des formes narratives dans les CR-Roms, etc. Notre participation au projet européen HUMANITIES s'inscrit dans cette orientation : d'une part nous avons analysé les messages d'éducation et de prévention des campagnes suisses " Stop Sida " comme des formes de communication persuasive et, d'autre part nous avons conçu et produit un document vidéo (une heure) selon les modèles de dispositifs d'énonciation médiatique que nous développons par ailleurs.
    Voir par exemple :

  3. Les notions de convergence et de registres de représentation sémiotique
  4. On le sait, une hypothèse forte est que la multiplicité des représentations sémiotiques constitue une aide à l'apprentissage. La présentation simultanée d'une même information, de façon visuelle et textuelle, peut favoriser, dans certaines conditions, la réalisation de tâches de compréhension ou de mémorisation. Parmi ces conditions, la convergence entre les registres sémiotiques différents pourraient jouer un rôle important (Clark et Chase, 1972 ; Duval, 1993).

    L'analyse des rapports entre les textes et les paratextes - principalement les plages visuelles - est l'une des orientations développées notamment dans les cours STAF 13 et 17 et dans le cadre de recherches sur le matériel didactique pour la formation à distance (PNR42, " Demain la Suisse ").
    Voir par exemple :

  5. La nature de représentations sémiotiques
  6. L'un des problèmes dans l'étude des représentations sémiotiques et des signes, est le rapport qu'ils entretiennent avec l'objet, la réalité ou le concept représentés. La nature de ce rapport qui peut être décrit comme arbitraire, analogique ou indiciel détermine le type de représentation sémiotique : signe, icone ou indice. Or, à chacun de ces types sémiotiques correspond des modes de traitement et de production du sens. La sémiosis et la cognition trouvent ici une nécessaire articulation.
    Dans ce contexte la métaphore quelle soit verbale ou visuelle possède un intérêt fondamental ; elle possède en effet un double statut : a) sémiotique, puisque c'est une figure de rhétorique, et donc un mécanisme producteur de signification et b) cognitif puisque c'est souvent une façon de mémoriser ou de comprendre quelque chose dans les termes de quelque chose d'autre (cf. Lakoff et Johnson, 1980). Mais les métaphores qui sont des formes de traitement de l'information dépendent aussi du registre sémiotique dans lequel elles sont construites et exprimées.

    Une première direction de recherche consiste à mettre en évidence les traitements que chacun de ces registres sémiotiques permet. Une deuxième serait de mieux préciser la perception de la différence entre les représentations réalistes de type photographique et les autres a fin de cerner l'effet de réel, l'illusion du réalisme et sa perception chez les sujets-lecteurs. Une troisième enfin de savoir jusqu'à quel point et pour quelles tâches les représentations analogiques sont un avantage et à partir de quel seuil, une représentation plus abstraite, plus arbitraire devient plus économique. Le développement des réalités virtuelles constitue un nouvel objet pour une telle démarche.

    Enfin, les concepts de contagion sémantique, de discordance pragmatique, d'encyclopédie et de décision sémiotique peuvent rendre compte des distorsions entre les opérations d'encodage et de décodage. De nombreux formateurs en bureautique par exemple ont constaté que certaines icones des logiciels standards étaient mal interprétées par les novices car ils étaient incapables d'inférer à partir d'une représentation analogique, nécessairement partielle, la fonction générale qui lui est liée. Ainsi l'icône de sauvegarde qui représente une disquette est souvent comprise comme celle qui désigne exclusivement la sauvegarde sur une disquette.

    Les travaux pratiques organisés dans le cadre de STAF 13 portent sur certains de ces aspects : création et évaluation d'icône, analyse de leur potentiel d'évocation et de leur degré de monosémie, etc. Dans le cadre de l'UFO " Média et informatique ", LME, l'influence des paramètres graphiques de présentation sur les mécanismes sémiotiques a fait l'objet de recherches exploratoires.
    Voir par exemple :


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Mis à jour le 28.10.1997
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