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2. Les fondements psychologiques de l'opposition "Savoirs" et "Savoir-faire"

2.4. Procédural versus déclaratif et l'analogie avec les langages informatiques


Pendant les années 70 à 80, on s'est intéressé davantage à la substance même des connaissances expertes qu'à leur développement. C'est l'époque du G.P.S. (General Problem Solver) et des travaux sur la modélisation informatique des processus de résolution de problème (Newell et Simon, 1972; Winograd, 1975; Anderson, 1976). La dichotomie entre "savoirs" et "savoir-faire" se résume alors dans l'opposition désormais classique entre "connaissances déclaratives" et "connaissances procédurales". Par analogie avec les langages informatiques, elle résume la différence fonctionnelle qui existe entre le fait d'utiliser un langage pour décrire les relations entre les états d'un problème [l'exécution d'une commande est alors suspendue] ou pour prescrire des transformations entre états.

[Donner ici éventuellement un exemple de description déclarative et procédurale].

Les connaissances procédurales sont prescriptives et spécifiques dans leur usage. En première approximation, elles consistent en associations entre des buts, des situations et des actions [elles sont assimilables à des structures de contrôle]. Par exemple, sont considérées classiquement comme procédurales les connaissances que j'utilise pour conduire une voiture, les algorithmes de calcul en arithmétique ou encore les méthodes de recherche de panne en électricité.

Les connaissances déclaratives, quant à elles, sont descriptives et indépendantes des usages. En première approximation, elles représentent les faits et les principes [par exemple, le nom des capitales associé à leur pays, les lois du système numérique ou de la physique, la théorie de l'évolution de Darwin]. Les trois principales fonctions des connaissances déclaratives sont:

On retrouve parfois, derrière ces deux termes, des expressions comme "connaissances du domaine" et "connaissances antérieures" pour les connaissances déclaratives et "habiletés cognitives", "méthodes de résolution de problème", "règles de décision" et "procédures" pour les connaissances procédurales.

Dans son modèle connu sous le nom de code de ACT*, Anderson pousse l'analogie avec les systèmes artificiels de traitement de l'information jusqu'à proposer un modèle des processus d'acquisition de connaissances complètement formalisé. Les principes de base en sont simples:

Pour Anderson, une expertise aussi complexe que la programmation informatique peut se décrire comme l'application séquentielle de plusieurs centaines de règles indépendantes formées suivant ce principe.

[Citer éventuellement ici ses travaux sur l'indépendance entre ces connaissances et le style d'enseignement (Anderson, 1992) ]

Nous nous retrouvons ainsi avec un modèle de l'acquisition quelque peu contradictoire par rapport à ce que nous avons décrit précédement pour le développement. A l'inverse du modèle piagétien, dans celui-ci ce sont les connaissances déclaratives (les savoirs) qui sont antérieures aux connaissances procédurales (les savoir-faire). De plus, savoirs et savoir-faire ne sont que des représentations de la même connaissance sous différents états. Ils ne diffèrent donc pas par leur nature puisqu'ils restent formalisables par des règles de production.

Pour les chercheurs qui s'inspirent de ce modèle, la recherche sur les processus d'acquisition des connaissances se déplace ainsi de l'étude de leur filiation (comme c'était le cas pour les recherches développementales) à l'étude de leurs formes. Une conséquence importante de ce changement paradigmatique, c'est que l'on s'intéresse maintenant davantage à tout ce qui fonde le concept de représentation et au mode d'organisation de ces représentations en mémoire. C'est de cette manière que l'on définit habituellement l'approche cognitiviste.


Template Expertise - 01 FEB 95
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