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ECRITURE

 
 
Une nécessité
La forme
 
Le processus
L'inspiration

 
 
UNE NECESSITE
En fait, pendant toutes ces années j'ai essayé d'écrire une chanson pas comme les autres. Je me suis peut-être parfois égaré, mais mon désir était de composer une chanson bien particulière. J'aimerais écrire une belle chanson d'amour. C'est le but que je poursuis.

J'ai une meilleure perception de tout ce qui est lié à la création, à l'écriture des chansons. Je sais maintenant que certains éléments de ma vie intime sont indissociables de cette création, que je ne pourrais jamais séparer les deux. J'ai enfin compris qu'il n'y avait qu'un Nick Cave - et non pas deux comme je l'ai parfois cru, celui qui écrit et celui qui vit le quotidien. Accepter cette idée m'a fait beaucoup progresser, je me sens maintenant plus en accord avec moi-même.

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LA FORME
Il n'est pas possible d'aller toujours au fond des choses, du fait de la longueur d'une chanson. Dans un livre, un auteur peut développer un thème sur un nombre de page illimité. Mais, en fait, j'aime assez ces restrictions : c'est un défi d'essayer de condenser suffisamment une histoire pour qu'elle fasse une chanson. Faire exploser ce format est bien plus aisé que de travailler avec certaines limites. Au niveau d'écriture d'un Leonard Cohen, d'un Neil Young, ou d'un Dylan, la chanson peut même devenir une véritable forme littéraire.
Je fouille les mêmes thèmes depuis des années. Ce sont des obsessions et des sujets qui m'intéressent sur lesquels j'ai envie d'écrire. Le plus difficile pour moi, c'est de trouver l'idée de départ.
Une fois que j'ai trouvé la phrase qui résume le thème de la chanson, le reste vient facilement. Quand les mots ne viennent pas, je m'installe devant le clavier et je pianote un peu. Mais la mélodie que je compose n'a aucun sens pour moi tant qu'il n'y a pas de paroles. Il m'arrive d'écrire un bon riff ou une belle phrase mélodique, mais les paroles sont pour moi les pierres fondatrices de mes chansons. Quand je trouve de bonnes paroles, la mélodie me vient très facilement. Les mots influencent la musique.

En créant des personnages, l'auteur peut abandonner sa responsabilité. Il peut dire : "c'est le personnage qui l'a fait, pas moi". Mais, écrire une chanson narrative est également un exercice de style très agréable : une fois les personnages créés, ils se mettent à évoluer tout seuls. La chanson devient alors une nouvelle.

Je pense que beaucoup de gens passent à côté de mon humour, et je trouve cela très décevant. Les mots les plus utilisés à propos de mon travail sont : "sombre", "négatif", "dépressif", "cynique". Ils ne s'appliquent pas, surtout le qualificatif sombre, car il voudrait dire qu'il n'y a pas de lumière dans mes chansons. J'écris sur les sujets difficiles, mais j'essaie toujours, par le biais de l'humour, d'éviter l'emphase. Je crois que mon sens de la dérision m'a sauvé plusieurs fois la vie.
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LE PROCESSUS
Mon côté créatif est aussi mon côté le plus destructeur. Je crois que le sentiment de satisfaction n'est pas très productif. Il ne laisse pas de place au défi, à la créativité. Je suis très heureux d'être triste parfois ! 

Tu n'es pas généralement pas conscient des choses que tu caches, et le processus d'écriture ou de peinture t'amène à les découvrir.

Il y a des choses que je veux garder secrètes à propos de ma vie et qui transpirent derrière les mots, dans tout ce que j'écris... C'est ce qui fait un bon auteur, dans un sens. Je crois qu'un auteur existe, ou qu'il est intéressant lorsqu'on sent des
choses sous-jacentes, celles qu'il n'a pas dites.
 Lorsque j'ai une période d'écriture, je suis très concentré et écris tout le temps. Je me lève, j'écris, avant de me coucher, j'écris. Je n'ai aucune relation avec les gens durant de longues périodes, je perds mes amis, ma petite amie me plaque, tout cela parce que c'est très ennuyeux d'être avec quelqu'un sans lui parler pendant que lui reste en permanence sur sa machine...

Le fait d'écrire est pénible en lui-même, car c'est une manière de s'auto-analyser. Néanmoins, j'ai la chance de ne pas avoir la peur de la page blanche : si je me donne trois mois pour écrire un nouveau disque, je sais que j'y arriverai. L'écriture est donc un travail plus qu'un plaisir pour moi.

Je me rends compte que lorsque je relis mes paroles, parfois des années après, chaque album tourne autour d'un thème central, ce qui n'était absolument pas prémédité sur le moment. Lorsque
j'écris, j'ai une impression de chaos complet, de confusion. Ma méthode d'écriture est presque toujours la même : j'accumule
les lignes, puis j'essaie de les rassembler. Je ne démarre pas avec une idée spécifique. Mais c'est vrai, avec le recul, que
chaque album correspond à un sujet précis, ce qui rend le processus créatif d'autant plus mystérieux à mes yeux. Je pense
qu'écrire rend les choses, le monde, plus clairs pour moi.

Je ne sais pas si ma quête spirituelle se fait à travers la musique. Peut-être que l'écriture est une lutte personnelle, peut-être que mes chansons en sont les fruits. Il est donc possible que je perde cet état d'esprit si je trouve une sécurité spirituelle et que mes chansons
perdent alors leur raison d'être. Etant donné que mon désir le plus profond est d'être heureux, ça n'aurait pas d'importance. 
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L'INSPIRATION
Les gens que je connais sont une source d'inspiration. Cela fait partie de mon travail de faire une recherche sur eux. J'essaie de saisir leurs particularités.
J'écris tout ce qui me passe par la tête et je l'utilise. Il semble parfois que je dresse un portrait peu flatteur de ceux qui m'entourent. On peut penser que je critique ou que je suis en colère contre certaines personnes. C'est parce que, en général, j'écris mes chansons à chaud. Mais je crois que les gens qui me connaissent le comprennent. 
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Lien vers
"The love song", lecture publique de N.Cave.
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