LES MASQUES
 
 

BAUTA

       La bauta n'était pas utilisée uniquement pendant la période de carnaval, mais c'était un déguisement que les vénitiens portaient en différentes occasions. 
       La bauta est composée de: 
            un voile noir ou tabarro 
            un tricorne noir 
            un masque blanc 
       Le costume était constitué d'un ample manteau noir qui, partant de la tête, descendait sur les épaules jusqu'à couvrir la moitié de la personne. La tête était couverte du typique chapeau noir à trois pointes (tricorne) et le visage d'un masque blanc à la lèvre supérieure élargie et proéminente sous un petit nez qui modifiait le timbre de la voix, rendant ainsi la personne qui le portait impossible à identifier. 
       La bauta était aussi bien portée par les hommes que par les femmes : elle était obligatoire pour les femmes qui allaient au théâtre mais interdite aux jeunes filles en attente de mariage. 
       Pendant le carnaval, vénitiens et vénitiennes se permettaient toutes les audaces, et la bauta leur garantissait le plus parfait anonymat. On dit que même les prêtres et les nonnes portaient la bauta pour protéger leurs fugues amoureuses. 
       Le tabarro aidait à dissimuler, pendant la période du carnaval, toutes les transgressions à la loi. Il était composé d'un petit manteau, doublé sur les épaules. Il pouvait être de drap ou de soie selon la saison, blanc ou bleu azur, rouge écarlate pour les jours de gala, quelquefois décoré de colifichets, franges et pompons "à la militaire". Pour les femme il était, le plus souvent, noir l'hiver et blanc l'été. 


LARVA ou "VOLTO"

       Masque le plus souvent blanc, typiquement vénitien, il était porté avec le tricorne et le tabarro pour former la bauta. 
       Le nom de "larva" semblerait avoir une origine latine  et signifie "masque" ou "fantôme". On peut imaginer l'effet produit par un vénitien déambulant au clair de lune tout de noir vêtu avec ce masque blanc soutenu par le tricorne noir. 
       La forme du masque permettait de respirer et de boire aisément. Il était donc inutile de l'ôter, préservant ainsi le plus sûr anonymat. 
       Ces masques étaient fabriqués en fine toile cirée, donc très légères et faciles à porter tout en mangeant, dansant et flirtant. 

MORETTA

       Masque ovale de velours noir qui était porté par les femmes pour leurs visites aux nonnes. Venue de France, la mode de ce masque se propagea rapidement tant la "moretta" se prêtait aux traits féminins. 
       Le masque était complété de voile, voilette, et petit chapeau à large bord. 
       La "moretta" était aussi très appréciée des hommes en raison d'une petite astuce : la "moretta" restait appliquée au 
visage grâce à un petit bouton que l'on tenait avec la bouche. Ce qui explique que ce masque était muet. 
 
 

 

MASQUE DE VESTA ET ZENDA'

       C'était un déguisement typique des femmes vénitiennes de basse extraction . Mais ce n'est pas pour autant qu'il n'exerçait pas tout son charme. 
       Le "zendale" était un petit manteau très court ou un très grand mouchoir que l'on portait sur la tête, les cheveux liés dans le dos. Le "zenda" pouvait être blanc ou noir souvent orné d'élégante dentelle ou de gaze transparente qui couvrait et découvrait avec coquetterie les visages féminins. Les femmes mariées le portaient de couleur blanche et il était appelé "nizioleto" ou "fazzuol". 
       Dans le carnaval vénitien tout était permis et de nombreuses femmes nobles avaient pour habitude de porter ce déguisement. 
       D'anciennes chroniques nous rapportent un événement survenu en l'an 1782, quand la future impératrice Marie de Russie en voyage de noces avec son mari Paul 1er se déguisa avec le "zenda", se noya dans la foule de la Place Saint Marc se laissant emporter par les joies du carnaval. 

DOMINO

       Déguisement de carnaval porté par les anciens vénitiens, il est composé d'un ample manteau avec capuche. 
       Le nom de cet habit vient d'une formule ecclésiastique "Bene dicamus Domino" (Nous bénissons le Seigneur) qui était le salut qu'échangeaient, en ce temps là, les prêtres et les moines. 
       On peut penser, par ailleurs, que ce déguisement avait également pour but de tourner en dérision " l' habit sacré des prélats". 
       A Venise, ce déguisement ne connut jamais un usage commun. Les femmes le portaient volontiers car il permettait la meilleure dissimulation du corps. 

LES FAISEURS DE MASQUES

       A Venise, le masque n'était pas porté exclusivement pendant la période du carnaval. Dès lors, un véritable commerce se développa autour de cet artisanat.
       C'est sous le Doge Foscari, que les "maschereri" (faiseurs de masques), eurent leur propre statut, daté
du 10 avril 1436.
       Ils appartenaient à la "frangia" des peintres et étaient aidés par les "targheri" qui imprimaient sur le stuc des visages à la physionomie parfois ridicule et avec abondance de détails.