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Ce sorcier (yatiri) de la vallée des Callawaya, en Bolivie, procèdant à un sacrifice par le feu, nous reporte à la mentalité des temps les plus reculés, 
où déjà les sorcièrs exorcisaient d'inquiétants dieux et démons.
Il existe une relation entre le « bas » (la vallée, de 2500 à 3600 m) et le « haut » ( la puna, la haute montagne de plus de 4000 m).
Cette donnée géographique intervient dans la hiérarchie entre les sorciers.
 
 
HIERARCHIE ESPACE CONDITION
Altomesayoq:
célibataire, vit seul, modèle moral, maître sorcier
haute montagne (ermite) Homme de sagesse
Pampamesayoq:
vie normale
vallée 
(communautés, villages)
Homme de savoir
Aspirant:
celui qui doit faire une démarche pour grandir et devenir sorcier
vallée 
(communautés, villages)
Homme de courage
Runa vallée 
(communautés, villages)
Homme sans prétention
L’Altomesayoq ou le Pampamesayoq est le « medium » entre la dimension humaine et les énergies supérieures. C’est à travers les signes que forment les feuilles de coca qu’il peut deviner le futur ou la nature du passé du consultant.

Devient sorcier Quechua celui qui trouve son « chemin » à travers un fait accidentel, par une révélation, par un rêve, ou simplement par la souffrance spirituelle ou physique. (Les hommes atteints de malformations physiques sont souvent dédiés à cette tâche) Dans les faits accidentels, celui le plus marquant est l’homme frappé par la foudre, et qui ne décède pas.
Les théories indiennes ayant trait à ce phénomène prétendent que l’homme ou la femme frappé par la foudre, meurt d’une certaine manière, puis revit à une autre dimension, la dimension sacrée, doué du pouvoir de « voir », de guérir et de résoudre les énigmes.


Dans leur politique d'occupation, les incas promulguaient de strictes prescriptions. Selon un décret, le couvre-chef devait indiquer le lieu d'origine de chacun. Cet usage s'est perpétué 
dans la multiplicité des costumes portés dans les Andes. 
Couple de la vallée de l'Apurimac.
Pour le sorcier Quechua, le corps humain est aussi un livre inconnu, qui conserve des secrets et des connaissances. (Cela serait une mémoire de l’humanité).
Le centre du corps n’est pas considéré comme la tête, les perceptions devant être localisées dans la totalité du corps. Pour le sorcier Quechua cela veut dire que tous les problèmes d’ordre existentiels, affectifs et de survie, doivent être examinés avec la totalité du corps.
Dans la pratique du sorcier, le Bien et le Mal sont mis sur le même plan. Chacun peut donner ce qu’il possède, mais le sorcier demeure libre d’invoquer les génies maléfiques (Supays) ou les Apus et les Rwals, selon sa propre détermination, que cela soit pour un désir (succès auprès des femmes, richesse, élévation spirituelle, connaissance du futur) ou pour lancer un mouvais sort.

La thérapeutique des sorciers est fiable.
D’abord, ils observent des traditions millénaires, gage de sérieux indubitable. Ils furent choisis par les empereurs incas pour être leurs médecins personnels et ceux des hauts dignitaires de la cour, ce qui, en soi, était déjà une distinction particulière accordée à leurs hauts mérites et à leur connaissance profonde et étendue de la médecine et de l’astrologie.

Ils soignent leurs patients à l’aide de tout un arsenal thérapeutique qui comporte, outre le principe de la pénicilline et de la terramycine qu’ils connaissent depuis des siècles (employées sous forme d’une pommade noire faite à partir de moisissures et de toiles d’araignées) des milliers de recettes puisant dans les règnes minéral, végétal et animal.
Et surtout ils accordent la plus haute importance à l’aspect psychologique de la maladie et du traitement, et font usage d’une habile persuasion.

Il reste l’aspect magique, le recours aux divinités. Il ne faut pas oublier un fait essentiel, si le cartésianisme a contribué à réduire notre univers à sa dimension pauvrement matérielle, pour l’indien Quechua il n’y a pas de monde imaginable sans dimension spirituelle, sans Dieux.

Le sorcier garanti, sauve ou rétablit l’équilibre entre l’homme. Son âme, sa communauté et les divinités.
Le traitement psychologique de la maladie doit évidement en tenir comte.

Bien sûr, une partie de ce trésor s’est déjà perdue, et les sorciers ne réalisent presque plus ces opérations chirurgicales, notamment les trépanations, qui avaient contribué à porter leur célébrité aux quatre coins de l’empire inca. Mais il reste encore beaucoup de ce précieux savoir. C’est un capital inestimable pour les pays andins, et le laisser disparaître serait une erreur impardonnable.

Bien que la médecine soit la fonction la plus commune du sorcier, elle ne constitue pas sa seule activité.
Le sorcier peut détourner de son groupe tout danger qui le menace. Lorsqu’un groupe d’indiens se sent mal à l’aise, angoissé, le sorcier, pour rassurer les siens, va communiquer avec les divinités. Pour cela il se sert d’amulettes, de divers ingrédients (tels que les fœtus ou la graisse de lamas, l’alcool,…) qu’il brûle en guise d’offrandes.

Les sorciers servent aussi leur communauté en prophétisant l’avenir, pour cela ils se servent des feuilles de coca ou des entrailles des animaux sacrifiés.

Ils peuvent avoir aussi un entretien personnel avec un esprit. Certains sorciers tirent leur science du futur en envoyant leur âme chez le soleil qui sait tout et voit tout.

Le prestige des sorciers est encore considérable. On les craint car on les sait capables d’infliger la maladie et la mort.

Le savoir du sorcier-guérisseur, pour être efficace, doit faire partie d’un système conceptuel partagé par tous.

Le sorcier en tant que médecin, conseiller et guide est souvent le personnage le plus influent dans sa communauté et sa disparition entraîne de près la ruine de son groupe. 

 


Célébration d'un rite autochtone faisant appel à la
bienveillance des dieux pour les récoltes. Sur les montagnes
dominant la vallée de l'Apurimac. Province de Canas.