Page d'accueil | Bolivie | Indiens Quechuas | Cosmogonie | Signification de la maladie | Sorciers guérisseurs | Nous | Bibliographie |
Ce sorcier (yatiri) de la vallée des Callawaya, en Bolivie, procèdant à un sacrifice par le feu, nous reporte à la mentalité des temps les plus reculés, où déjà les sorcièrs exorcisaient d'inquiétants dieux et démons. |
Il existe une relation entre le «
bas » (la vallée, de 2500 à 3600 m) et le « haut
» ( la puna, la haute montagne de plus de 4000 m).
Cette donnée géographique intervient dans la hiérarchie entre les sorciers.
|
|||||||||||||||
L’Altomesayoq ou le Pampamesayoq
est le « medium » entre la dimension humaine et les énergies
supérieures. C’est à travers les signes que forment les feuilles
de coca qu’il peut deviner le futur ou la nature du passé du
consultant.
Devient sorcier Quechua celui qui trouve
son « chemin » à travers un fait accidentel, par une
révélation, par un rêve, ou simplement par la souffrance
spirituelle ou physique. (Les hommes atteints de malformations physiques
sont souvent dédiés à cette tâche) Dans les
faits accidentels, celui le plus marquant est l’homme frappé par
la foudre, et qui ne décède pas.
|
||||||||||||||||
|
||||||||||||||||
La thérapeutique des sorciers est fiable. D’abord, ils observent des traditions millénaires, gage de sérieux indubitable. Ils furent choisis par les empereurs incas pour être leurs médecins personnels et ceux des hauts dignitaires de la cour, ce qui, en soi, était déjà une distinction particulière accordée à leurs hauts mérites et à leur connaissance profonde et étendue de la médecine et de l’astrologie. Ils soignent leurs patients à l’aide
de tout un arsenal thérapeutique qui comporte, outre le principe
de la pénicilline et de la terramycine qu’ils connaissent depuis
des siècles (employées sous forme d’une pommade noire faite
à partir de moisissures et de toiles d’araignées) des milliers
de recettes puisant dans les règnes minéral, végétal
et animal.
Il reste l’aspect magique, le recours aux divinités. Il ne faut pas oublier un fait essentiel, si le cartésianisme a contribué à réduire notre univers à sa dimension pauvrement matérielle, pour l’indien Quechua il n’y a pas de monde imaginable sans dimension spirituelle, sans Dieux. Le sorcier garanti, sauve ou rétablit
l’équilibre entre l’homme. Son âme, sa communauté et
les divinités.
Bien sûr, une partie de ce trésor s’est déjà perdue, et les sorciers ne réalisent presque plus ces opérations chirurgicales, notamment les trépanations, qui avaient contribué à porter leur célébrité aux quatre coins de l’empire inca. Mais il reste encore beaucoup de ce précieux savoir. C’est un capital inestimable pour les pays andins, et le laisser disparaître serait une erreur impardonnable. Bien que la médecine soit la fonction
la plus commune du sorcier, elle ne constitue pas sa seule activité.
Les sorciers servent aussi leur communauté en prophétisant l’avenir, pour cela ils se servent des feuilles de coca ou des entrailles des animaux sacrifiés. Ils peuvent avoir aussi un entretien personnel avec un esprit. Certains sorciers tirent leur science du futur en envoyant leur âme chez le soleil qui sait tout et voit tout. Le prestige des sorciers est encore considérable. On les craint car on les sait capables d’infliger la maladie et la mort. Le savoir du sorcier-guérisseur, pour être efficace, doit faire partie d’un système conceptuel partagé par tous. Le sorcier en tant que médecin, conseiller et guide est souvent le personnage le plus influent dans sa communauté et sa disparition entraîne de près la ruine de son groupe.
|
||||||||||||||||
Célébration d'un rite autochtone faisant appel à la bienveillance des dieux pour les récoltes. Sur les montagnes dominant la vallée de l'Apurimac. Province de Canas. |