Les
aspects psychologiques
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Préparation
à l’adoption
Lecture
d’ouvrages sur l’adoption (voir bibliographie).
Le contact
avec des couples qui ont adopté et des personnes qui ont été
adoptées.
Il est conseillé aux mères
adoptives de prendre un congé
de 2 ou 3 mois. La présence de la mère adoptive pendant les
premières semaines est très importante
- pour l’enfant qui est dépaysé
et vit une séparation
- pour la mère elle-même
- pour l’établissement du lien mère–enfant
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Comment
annoncer l’arrivée d’un frère ou d’une sœur adoptif/adoptive
?
Il s’agit d’adopter une attitude semblable
à celle adoptée lors de l’attente d’un enfant biologique.
Cependant, s’il s’agit d’un enfant de moins
de 6 ans, il ne faut pas qu’un laps de temps trop long s’écoule
entre l’annonce de l’arrivée et l’arrivée elle-même
car ces enfants réagissent avec un grand enthousiasme ; une attente
trop longue risque d’avoir un effet négatif.
Que faut-il expliquer à l’enfant
?
- que le futur frère / sœur a déjà
sa propre personnalité
- qu’il / elle vient d’un milieu très
différent
- qu’il / elle ne comprendra pas la langue
(dans le cas d’une adoption interraciale)
- ce ne sera pas facile tous les jours
S’il s’agit d’enfants plus âgés ou d’adolescents,
l’annonce de l’intention d’adopter se fait beaucoup plus tôt. Il
est important que les parents répondent à leurs questions
et partagent le cheminement menant à l’adoption avec eux.
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Et
la famille ?
Parfois les futurs parents adoptifs sont
confrontés à des réticences nettes de la part des
futurs grands-parents, des futurs tantes et oncles et de leurs amis.
Pourquoi ces réactions ?
Principalement à causes de conceptions
de la famille divergentes et de préjugés sur l’adoption.
Comment répondre à ces réactions
?
En fournissant le maximum d’information au
sujet de l’adoption, sans se poser en « super-parents » ; au
contraire, il est bon que les parents expliquent que la réussite
de l’adoption nécessite leur aide et leur soutien.
Les premiers contacts de l’enfant avec
la famille :
Il est préférable que la famille
et les amis, dans les premiers temps, espacent leurs visites, pour garantir
une bonne adaptation de l’enfant à son nouveau milieu. En effet,
les enfants adoptés expliquent souvent, par la suite, que ces visites
leur ont été pénibles. Ils devaient embrasser et serrer
la main à des personnes qu’ils ne connaissaient pas et qui venaient
le « voir ».
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Réactions
différentes selon l’âge auquel l’enfant est adopté
Arrivée entre 0 et 1
ans
Les enfants adoptés alors qu’ils étaient
bébés ont des réagissent différemment de cas
en cas. Soit ils n’ont aucun problème dans leurs contacts sociaux,
soit ils en ont beaucoup.
Au début, ils connaissent peu de problèmes
avec leur mère adoptive ; en effet, ils ont subi peu de misère
(en termes de temps) et peuvent encore combler une partie de leurs manques.
Ces enfants sont souvent hyperactifs. Ils
ont des difficultés à se concentrer et à se relaxer.
Concernant le niveau psychologique, on voit
souvent ces enfants se retirer dans leur monde de fantaisie. L’angoisse
de la séparation est également fréquente, mais elle
est un indice favorable, dans le sens où elle montre que l’enfant
adopté s’est à nouveau attaché à quelqu’un.
Entre 1 et 2 ans
Ils ont souvent une attitude de rejet dans
leurs contacts. En effet, comme ils ont déjà été
rejetés, ils utilisent un mécanisme de défense consistant
à établir une distance entre eux et les autres. Ils se protègent
ainsi d’un nouvel abandon.
Un retard de langage est fréquemment
présent, mais on ne sait pas s’il est dû à l’abandon
ou au processus d’adaptation à la nouvelle famille. Le coucher est
également problématique à cet âge.
En plus de l’hyperactivité, on constate
souvent une hypersensibilité et des régressions à
un stade antérieur de leur développement, ainsi que de l’agressivité.
A ce stade il est important qu’un bon contact
s’établisse entre l’enfant et ses parents adoptifs. Si tel n’est
pas le cas, il est conseiller de demander une aide spécialisée.
Entre 2 et 3 ans
Les problèmes se situent avant tout
au niveau du développement physique et émotionnel.
Leurs contacts sociaux sont caractérisés
par un besoin exagéré d’attirer l’attention.
Entre
3 et 4 ans
Avec
les enfants de cet âge la relation mère-enfant est difficile,
car l’enfant veut son indépendance. Il se ferme donc aux contacts,
mais il reste attaché à sa mère adoptive et le manifeste
en la provoquant. Il veut avoir la preuve que même s’il est «
méchant », elle ne l’abandonnera pas.
Pour compenser les besoins non comblés
il arrive que ces enfants manifestent des troubles de comportement alimentaire
tels que la boulimie.
Entre 4 et 5 ans
Ces enfants jouent très peu et ont
peu confiance en eux. Il arrive également qu’ils établissent
des contacts rapides et superficiels avec les autres, mais pas de relations
durables.
Entre 5 et 6 ans
Les problèmes qui peuvent se poser
se réfèrent au passé de ces enfants.
Pour les enfants souffrant de carences affectives,
la provocation, la brutalité et l’école buissonnière
sont souvent présentes.
Lorsque les carences sont d’ordre éducatif,
on constate des retards de langage.
Après 6 ans
L’adaptation dans la famille adoptive n’est
pas aisée. Dans les cas les plus extrêmes, l’enfant se replie
sur lui-même et se renferme, ou alors il se montre agressif, il ment
et il vole.
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Education
d’un enfant adopté
Les parents adoptifs rencontrent plus de
problèmes éducatifs
que les autres parents. Ceux-ci doivent avoir des aptitudes supplémentaires.
Pourquoi ?
- à leur arrivée dans leur
famille adoptive, les enfants sont en état de déprivation
physique et affective
- l’adaptation est d’autant plus difficile
que l’enfant arrive à un âge avancé. En effet, il risque
d’avoir subi des carences de maternage et des séparations
- l’enfant vient généralement
d’un milieu pauvre et les parents adoptifs ont des préjugés
ou de stéréotypes qu’ils transmettent involontairement
- ces enfants ont besoin d’une grande souplesse éducative,
particulièrement à l’adolescence, lorsqu’ils recherchent
leur identité leurs racines.
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Réaction
de l’enfant lorsqu’on lui explique la vérité sur ses origines
Comme ses parents ne correspondent pas à
toutes ses attentes, l’enfant se compose une image idyllique de ses parents,
il s’invente une famille idéale ; Freud appelle cette élaboration
le « roman familial ».
Lorsque à la fin de l’adolescence
il acceptera ses parents tels qu’ils sont, avec leurs qualités mais
aussi leurs limites, il pourra faire le deuil de ses rêves et ce
« roman familial » disparaîtra. C’est cette acceptation
qui lui permettra de faire le pas vers ses parents d’origine. Cela ne signifie
en aucun cas que les parents doivent se poser comme les parents parfaits.
Agissant ainsi, ils renforceraient l’opposition que l’enfant établit
entre eux et ses parents d’origine. Il percevrait alors ses parents d’origine
comme mauvais et sans intérêt, ou au contraire les parents
adoptifs seraient les « mauvais » et les parents d’origine
les « bons ».
Et si un enfant n’a pas été
informé de son adoption ?
- Dans le cas de l’adoption d’un bébé
originaire du même pays que ses parents adoptifs, nier l’adoption
crée une grande rupture de confiance au moment de la divulgation.
L’adopté réalise qu’il s’est construit sa personnalité
sur une « fausse réalité ». Ce mensonge peut
rester pour lui une faute impardonnable.
- En ce qui concerne une adoption interraciale,
il est impossible de cacher la vérité quant à l’adoption
en tant que telle, mais les mensonges partiels peuvent persister : les
parents disent par exemple qu’ils ignorent tout des origines de l’enfant.
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Causes
des échecs des adoptions
Le plus souvent les
échecs résultent de deux facteurs :
- les blessures profondes de l’enfant adopté
suite à l’abandon par sa famille d’origine
- le manque de préparation des parents
adoptifs et leur incapacité à réagir de façon
adéquate aux problèmes éducatifs.
Pourquoi
cette incapacité ?
- ils ont des attentes trop élevées
par rapport à leur enfant adopté et ne peuvent accepter ses
lacunes
- ils ont des comportements éducatifs
inadaptés qui sont soit trop rigides, soit trop permissif
- ils n’ont pas appris à prendre du
recul face aux comportements agressifs, provocateurs et marginaux de leur
enfant adopté
- l’enfant exploite les conflits des parents
- l’entourage ne collabore pas ou peu avec
les parents
- à cause de facteurs pénibles
inattendus qui changent la situation familiale : gros problèmes
financiers, décès de l’un des conjoints, la séparation
des parents.
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Aides
Il existe plusieurs types d’aide qui peuvent
même être combinés :
- l’aide préventive
- l’aide structurée en groupe
- les thérapies individuelles, de
couple, familiales et institutionnelles
- l’aide spirituelle
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"Réussir
une adoption" par Marlyse Tschui |